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Plus léger que l'air, de Federico Jeanmaire, Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon, du 1er au 18 février 2017

Quasi-monologue, écrit par l'argentin Federico Jeanmaire et interprété par Élizabeth Maccoco et Quentin Gibelin, ce huis clos entre une vieille dame bourgeoise de 93 ans et un jeune délinquant qu'elle séquestre, mêle humour caustique et perversion raffinée



Synopsis
« Asseyez-vous sur le siège des toilettes. » Une très vieille dame de la bonne société argentine, Faila, s’adresse à une personne enfermée dans sa salle de bain. C’est un gamin de 14 ans, Santi, qui a essayé de la voler en lui pointant un couteau dans le dos. Elle lui a dit que son argent était dans l’armoire de la salle de bain et n’a plus eu qu’à fermer à clef. Elle précise d’emblée qu’il peut hurler, taper, personne ne l’entendra, ils sont au 6e étage d’un immeuble et l’appartement du dessous est vide. Quant à la porte, c’est de la fabrication à l’ancienne, du bois plein, épais, rien à faire.
Ce monologue est aussi une sorte de dialogue car à travers le discours, elle laisse entendre ce que lui répond son interlocuteur. Ce qu’elle veut, dit-elle, c’est tout simplement qu’il l’écoute car elle va lui raconter l’histoire de sa mère, une jolie femme de la bonne société qui au début du siècle voulait apprendre à voler en avion. Pour ce faire, elle a dû accepter de coucher avec un homme en échange de leçons de pilotage. Mais il a abusé d’elle sans vraiment remplir sa promesse alors elle l’a attiré sur le terrain d’aviation et comme il ne voulait pas la laisser faire, l’a blessé mortellement avant de s’envoler toute seule... et de s’écraser à l’atterrissage.
Orpheline (son père est mort de chagrin, peu après), Faila a été élevée par une tante qui ne l’aimait pas et deux horribles cousines ; elle a vécu seule jusqu’à 93 ans tirant sur 94 sans jamais rien raconter mais elle tient son auditoire. Bon gré, mal gré. Car son récit est interrompu sans cesse par le gamin qui se rebiffe, hurle, donne des coups dans la porte, l’insulte. Il se calme parfois, tente de la séduire par de gentilles paroles.
Une relation étrange s’établit. Elle ressent presque de l’affection pour lui mais elle est méfiante. Très méfiantee. Et puis, elle vaque à ses occupations quotidiennes et surtout elle nourrit son prisonnier. Elle ne manque pas non plus de critiquer sa famille qui l’a laissé sans éducation allant jusqu’à lui dire que sa mère ne peut pas l’aimer. Cela va durer quatre jours mais lorsqu’elle apprend que Santi a couché avec sa sœur, qu’il l’aime et veut aller la retrouver alors qu’elle a été placée dans une famille d’accueil, Faila ne peut pas laisser passer ça, c’est contraire à tous ses principes. Elle essaye par tous les moyens de l’en dissuader mais il ne veut rien entendre.

Alors qu’elle se demande comment elle va le libérer, pensant amener en renfort le jeune curé de la paroisse, elle tombe en allumant le four pour lui faire griller quelques “milanaises” et au prix de terribles efforts va ramper jusqu’au four car elle a laissé le gaz ouvert. Lui qui ne l’entend plus, hurle de plus en plus fort et quand elle arrive enfin à fermer le gaz, elle se reprend et décide de réouvrir le robinet, considérant que rien ne pourra le sauver, qu’il est perdu mais qu’ainsi, elle offre à la sœur la possibilité de s’en sortir.
Cette tragédie, pleine de rebondissements, tient beaucoup au ton, au style de la vieille dame. Drapée dans son orgueil et sa dignité, dans son passé de maîtresse d’école, son discours est ponctué de réflexions comiques. Il y a beaucoup de drôlerie, mais aussi du suspense. Jusqu’à la fin on espère que l’un comme l’autre vont se sortir de cette situation.
Martine Silber

Jean Lacornerie, note d’intention

Lorsque sur les conseils de Martine Silber, qui est une fine observatrice de la littérature en langue espagnole, j’ai lu Plus Léger que l’air, j’ai tout de suite pensé que ce texte était une très belle matière pour le théâtre, qu’il pourrait constituer un “véhicule”, comme disent les Américains, pour une grande comédienne : un suspense mené jusqu’au bout, un éventail de registres allant de la tendresse à la férocité, un personnage surprenant aux réactions imprévisibles.
La situation qui peut paraître simple, le dialogue à travers une porte d’une femme de 94 ans avec un adolescent de 14 ans dont on n’entend pas les réponses, est sans cesse renouvelée par des micro-événements qui enrichissent la relation (tout ce qui peut bien passer sous et à travers une porte sans avoir à l’ouvrir). Il ne restait qu’à ramener le texte à une durée qui corresponde à un monologue d’environ une heure. J’ai proposé à Martine Silber d’y travailler avec moi.
La construction du roman repose sur plusieurs équilibres : d’abord, l’étrange monologue/dialogue entre le jeune homme et la vieille dame (compte tenu du fait qu’on n’entend pas ce qu’il dit mais que c’est à travers ce qu’elle dit qu’on le devine) et le récit qu’elle lui fait de l’aventure de sa mère qui rêvait d’apprendre à piloter, entre une histoire ancienne racontée et une rencontre improbable à laquelle on assiste en direct, entre une femme de la haute bourgeoisie et un jeune délinquant des quartiers pauvres, vieillesse et jeunesse, humour et tragédie.
Nous avons centré notre adaptation sur la relation et l’évolution de cette relation entre la vieille dame et le jeune homme, avec des épisodes extrêmement drôles, en ramassant, en concentrant le fil du récit de l’aventure de la mère.
La création de cette adaptation théâtrale aura lieu en février 2017 au Théâtre de la Croix-Rousse avec Élizabeth Macocco.
Nous nous connaissons bien et je l’ai déjà entraînée dans mes aventures d’adaptation de textes non théâtraux comme La Théorie de la démarche de Balzac ou la Vie du Général Moreau de Kalbund. Je connais sa capacité d’invention. Sa fréquentation du théâtre de Copi avec Alfredo Arias ou Laurent Fréchuret la rapproche encore du rôle. C’est pour elle que ce projet aura lieu.
Mais elle ne sera pas toute seule, Quentin Gibelin lui répondra derrière la porte car la présence physique du jeune homme me paraît être un élément essentiel de la tension dramatique étonnante que porte ce texte.
Jean Lacornerie

Pratique

Plus léger que l'air
d’après Plus léger que l’air de Federico Jeanmaire
mise en scène Jean Lacornerie
interprétation Élizabeth Macocco
croix-rousse.com
du 1 au 18 février 2017

Dates et horaires
01 › 18 février 2017
mercredi 01 › 20h
jeudi 02 › 20h
vendredi 03 › 20h
samedi 04 › 19h30
mardi 07 › 20h
mercredi 08 › 20h
jeudi 09 › 20h
vendredi 10 › 20h
samedi 11 › 19h30
dimanche 12 › 15h
mardi 14 › 19h (soirée spéciale)
mercredi 15 › 20h
jeudi 16 › 20h
samedi 17 › 20h
samedi 18 › 19h30
durée 1h à partir de 14 ans

Théâtre de la Croix-Rousse
Place Joannès-Ambre
69004 Lyon
infos@croix-rousse.com
tél 04 72 07 49 50


Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 17 Janvier 2017 à 12:41 | Lu 460 fois

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