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Festival OFF d’Avignon 2019. Sois un homme mon fils. La volonté de dénoncer l’insoutenable. Au théâtre Le chien qui fume

« Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. » Bouchta a fait sienne la citation de Beaumarchais et nous fait rire là où ça fait mal. C’est sa façon de combattre les maux, les tabous, l’intolérance, le machisme, l’homophobie, les mariages forcés… la cruauté banalisée.


A force d’acharnement

Présentée au théâtre Le chien qui fume pendant ce festival Off d’Avignon, Sois un homme mon fils de et avec Bouchta, mise en scène par Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, a déjà retenu notre attention. Le comédien néophyte tient superbement la scène et malgré quelques faiblesses de rodage, la pièce tient ses promesses.
Notre propos aujourd’hui sera de saluer la volonté du théâtre Toursky, de son équipe, de son administratrice et directrice de communication Françoise Delvalée et de Richard Martin. Volonté est un terme bien trop faible, c’est d’acharnement qu’il s’agit : acharnement à mettre en scène à partir d’un livre poignant, celui de la vie de Bouchta. Acharnement à sortir de l’ombre et de la quasi-misère physique et morale un garçon un peu perdu mais qui a tellement à dire. Acharnement à trouver l’argent indispensable à la construction du projet. Car Françoise Delvalée ne baisse jamais les bras quand la cause est juste. Elle la défend jusqu’au bout, entrainant par sa conviction profonde l’équipe entière du théâtre. Et elle réussit. La preuve en est que la pièce, après six mois de résidence, est actuellement au OFF d’Avignon et sera à l’affiche du Théâtre Toursky du 12 novembre au 31 décembre 2019.

La scène pour renaître
Bouchta se sert de l’humour pour s’élever avec force contre l’injustice et cette cruauté ordinaire qui l’a avili, ce calvaire quotidien vécu trop longtemps, cette douleur incessante, physique, morale, contre le martyre de l’homophobie coutumière vécue, contre cette mère bourreau car victime elle-même. Ce n’est pas de rédemption qu’il s’agit car Bouchta n’a rien à se faire pardonner, c’est de renaissance. Grâce à la scène, il exorcise les démons dont d’autres l’ont affublés, Bouchta se lève pour dénoncer l’insoutenable.

Une violente diatribe contre le mariage forcé
Il en rit. On en rit. Le mariage forcé dont parle Bouchta est celui de la violence ordinaire, du mariage forcé de milliers d’enfants, d’esclaves du sexe, d’atrocités vécues dans l’ombre, de suicides, de générations bousillées.
Alors oui, Le Toursky a eu raison de s’acharner, raison de dénoncer, raison d’y croire coûte que coûte car ce théâtre porte en lui le germe de l’humanité. Ici la Fraternité se décline tous les jours, sous plusieurs formes, et prend parfois celle de la révolte.
En Avignon, la Fraternité a pris la forme d’un pamphlet virulent, le rire et le visage d’un homme seul pour une pièce destinée à faire réfléchir et à être vue par tous.
Danielle Dufour-Verna

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 16 Juillet 2019 à 23:35 | Lu 239 fois

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