Edmonde Franchi © Pierre Aimar
On retrouve dans ce Cœur @ prendre, une même sorte d’émotion, plus intime, plus personnelle avec Marguerite, héroïne sympathique et tellement réelle, qui souffre dans ses escarpins et étouffe dans sa gaine.
Elle attend dans un bar, pardon dans un café, c’est moins mal vu, près du juke box, l’homme qu’elle a justement contacté sur « Miitic », un site de « contacts », qui permet aux hommes et aux femmes de se rencontrer. Elle attend et espère et se raconte, vite familière, entre en intimité avec le spectateur auquel elle s’adresse. Elle quitte même sa gaine devant lui, cachée par le juke box qui trouve là un autre rôle que la diffusion de musique-souvenir et de musique à danser. Elle parle, et attend ; il en passe plusieurs de ces hommes qu’elle espère, de ces hommes dont elle a besoin.
Et puis elle raconte. Sa vie ordinaire… et extraordinaire : le désamour avec sa mère, souvenir commun à pas mal de spectateurs , dit-elle ; « elle ne me frappait pas, elle me corrigeait comme une faute », la tendresse avec son chien Patouf, « un bloc de chien comme un bloc de foie gras avec des yeux comme deux petits étangs », le seul qui console et qui aime, et qu’elle rend si émouvant ; sa copine Georgette, 75 ans, un moindre mal dans la solitude, sympathico-détestable mais copine, celle qui l’a initiée aux rencontres Internet , « pas pour le sexe, pour la généalogie »; et les divers hommes qui ont précédé celui qu’elle attend avec nous, là dans ce café, le juke-Box bar.
En voilà un qui entre. Il ressort en la voyant ; « Mais ce n’était peut-être pas lui.. » ; et un autre, et un qui passe . Comme ils ne s’arrêtent pas elle évoque alors ceux qui se sont arrêtés un moment dans sa vie : Bruno qui aimait la marche, et les chaussures qu’il lui avait achetées et « qui coupent rien qu’à les regarder » , Robert, Henri le radin, Lucien amoureux d’histoire tout en Toutankhamon…
Et enfin Marcello, italien, marié, le fidèle des mardis et vendredis, qui finit par donner tant d’importance à ces deux jours que le reste de la semaine en meurt ; « l’amour avec Marcello, c’était comme quand j’ai fait changer mes lunettes, doux comme un tiramisu ».
Et fatalement aussi le jour où il part « je pense à son dos qui part, se lève, descend l’escalier, son dos qui efface toute sa présence ».
Elle est poignante Edmonde Franchi, là dans l’obscurité, lorsque la pièce s’achève : « il faut pas se laisser abattre, le meilleur est à venir… »
Et le spectateur reste là, bouleversé, seul comme elle, dans ce noir avec la seule lumière du juke-box.
Bouleversante l’évocation, comme la femme dans la solitude, comme ce cri de toutes ces femmes de solitude qui clament leur attente. Bouleversante Edmonde Franchi, qui a fait pleurer bien des regards. Avec ce cri désespéré de désespoir, ce cri du besoin d’amour qui reste pour certains d’entre nous si mal assouvi.
Et quelle langue ! Variée et poétique, imagée et riche d’expérience, d’humour et de drôlerie, du sens de l’observation, une vraie langue de la vie, comme la vie, qui nous à fait si bien oublier qu’elle était seule en scène pour dire tous ces gens tout à coup animés devant nous.
Jacqueline Aimar
Elle attend dans un bar, pardon dans un café, c’est moins mal vu, près du juke box, l’homme qu’elle a justement contacté sur « Miitic », un site de « contacts », qui permet aux hommes et aux femmes de se rencontrer. Elle attend et espère et se raconte, vite familière, entre en intimité avec le spectateur auquel elle s’adresse. Elle quitte même sa gaine devant lui, cachée par le juke box qui trouve là un autre rôle que la diffusion de musique-souvenir et de musique à danser. Elle parle, et attend ; il en passe plusieurs de ces hommes qu’elle espère, de ces hommes dont elle a besoin.
Et puis elle raconte. Sa vie ordinaire… et extraordinaire : le désamour avec sa mère, souvenir commun à pas mal de spectateurs , dit-elle ; « elle ne me frappait pas, elle me corrigeait comme une faute », la tendresse avec son chien Patouf, « un bloc de chien comme un bloc de foie gras avec des yeux comme deux petits étangs », le seul qui console et qui aime, et qu’elle rend si émouvant ; sa copine Georgette, 75 ans, un moindre mal dans la solitude, sympathico-détestable mais copine, celle qui l’a initiée aux rencontres Internet , « pas pour le sexe, pour la généalogie »; et les divers hommes qui ont précédé celui qu’elle attend avec nous, là dans ce café, le juke-Box bar.
En voilà un qui entre. Il ressort en la voyant ; « Mais ce n’était peut-être pas lui.. » ; et un autre, et un qui passe . Comme ils ne s’arrêtent pas elle évoque alors ceux qui se sont arrêtés un moment dans sa vie : Bruno qui aimait la marche, et les chaussures qu’il lui avait achetées et « qui coupent rien qu’à les regarder » , Robert, Henri le radin, Lucien amoureux d’histoire tout en Toutankhamon…
Et enfin Marcello, italien, marié, le fidèle des mardis et vendredis, qui finit par donner tant d’importance à ces deux jours que le reste de la semaine en meurt ; « l’amour avec Marcello, c’était comme quand j’ai fait changer mes lunettes, doux comme un tiramisu ».
Et fatalement aussi le jour où il part « je pense à son dos qui part, se lève, descend l’escalier, son dos qui efface toute sa présence ».
Elle est poignante Edmonde Franchi, là dans l’obscurité, lorsque la pièce s’achève : « il faut pas se laisser abattre, le meilleur est à venir… »
Et le spectateur reste là, bouleversé, seul comme elle, dans ce noir avec la seule lumière du juke-box.
Bouleversante l’évocation, comme la femme dans la solitude, comme ce cri de toutes ces femmes de solitude qui clament leur attente. Bouleversante Edmonde Franchi, qui a fait pleurer bien des regards. Avec ce cri désespéré de désespoir, ce cri du besoin d’amour qui reste pour certains d’entre nous si mal assouvi.
Et quelle langue ! Variée et poétique, imagée et riche d’expérience, d’humour et de drôlerie, du sens de l’observation, une vraie langue de la vie, comme la vie, qui nous à fait si bien oublier qu’elle était seule en scène pour dire tous ces gens tout à coup animés devant nous.
Jacqueline Aimar