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Siwa de Michel Kelemenis, KLAP (Maison pour la Danse), Marseille le 25 février 2013, par Philippe Oualid

La dernière création de Michel Kelemenis s'intitule Siwa, en souvenir de sa découverte de l'oasis égyptienne de Sioua, près de la frontière lybienne, en 1993, alors qu'il était sous le choc affectif de la disparition d'un ami.


Les images de ce lac salé dont les eaux calmes reflètent sous un soleil accablant les nuages ou le passage des oiseaux, lui sont revenues en mémoire en écoutant l'unique quatuor à cordes de Debussy, à l'occasion de la création musicale « En miroir » d'Yves Chauris. Elles lui ont inspiré une danse d'hommes vivant en communauté dans une atmosphère religieuse plutôt délétère dans la mesure où la méditation sur l'Eternité dans la permanence du désir divin se double de querelles disgracieuses dans le cadre de relations belliqueuses. Il s'agit là d'une pièce surprenante, audacieuse, troublante, dansée avec talent et conviction par quatre séduisants interprètes : Luc Bénard, Louis Combeaud, Samuel Delvaux et Benjamin Dur, qui se prêtent sans conteste aux exigences de leur chorégraphe.

Siwa débute sur des gestes d'enchanteurs ou d'hypnotiseurs que chaque danseur exécute sur le regard rêveur de son compagnon d'infortune entraîné dans les mirages d'un voyage mystique, puis la pièce fait alterner moments de complicité amoureuse sur le quatuor à cordes de Debussy, et moments d'hostilité belliqueuse sur le quatuor à cordes d'Yves Chauris. La complicité s'exprime dans les figures de la valse, du rock and roll, une démarche chaloupée, des mouvements tournants du bassin, des pliés, bras tendus, paumes des mains ouvertes, des poses de dormeurs, yeux clos, debout. L'hostilité au contraire, se répand en roulades sur le sol, en chutes périlleuses, en gestes d'une extrême brutalité, accompagnés de coups de pied sur le corps d'un malheureux souffre-douleurs que l'on cherche à écraser.

La variabilité des comportements, inspirée par le caractère musical des œuvres qui les accompagnent, suscite une tension et une émotion singulières que Michel Kelemenis se plait à commenter à l'issue de chaque représentation. Car le KLAP n'est pas seulement une maison pour la danse, mais un lieu de dialogues et de débats très animés sur ce que veut représenter aujourd'hui la danse.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 2 Mars 2013 à 04:12 | Lu 317 fois

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