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Sacha Sosno et les écoles de Nice : Un dialogue privilégié. Musée Regards de Provence du 12 Septembre au 11 Janvier 2O15. Par Philippe Oualid

Le Musée Regards de Provence rend hommage à un artiste plasticien récemment disparu, Sacha Sosno (né à Marseille en 1937), qui fut témoin privilégié de l'aventure artistique des Nouveaux Réalistes des Ecoles de Nice, dans les années soixante : Arman, César, Martial Raysse, Yves Klein, Christo, Ben, Niki de Saint Phalle, pour ne citer que ses plus célèbres représentants exposés ici parmi les œuvres de sa collection.


Sacha Sosno et les écoles de Nice : Un dialogue privilégié. Musée Regards de Provence du 12 Septembre au 11 Janvier 2O15. Par Philippe Oualid
Le parcours de Sacha Sosno est pour le moins singulier. Adolescent doué, il peint d'abord des tableaux à la manière de Matisse. Puis sa formation en Sciences Po en fait un journaliste spécialisé dans le photo-reportage. Dès 1961, au contact d'Yves Klein, il se lance dans une intense période d'activité conceptuelle et formule la théorie de l'école de Nice : conscient de la sclérose de la peinture figurative et de la peinture abstraite, il proclame que l'art aujourd'hui relève du n'importe quoi et défend une aventure centrée sur l'objet, en préconisant une hygiène de la vision. Il propose donc de cacher pour mieux montrer, afin que le spectateur, par sa perception, devienne acteur d'une œuvre au noir, pour reprendre un mot de Marguerite Yourcenar. Ce sont ainsi les caches qui retiennent toute l'attention dans ses toiles oblitérées, ici exposées. La simple géométrie d'un rectangle noir supprime de l'imagerie d'anciens reportages photographiques, les
aspects des horreurs de ce monde : scènes de carnage, de terreur, de douleur ou de fanatisme. L'oblitération veut constituer une annulation qui permet l'oubli, tout en suscitant une frustration.

Mais ce sont ses recherches sur la sculpture qui vont révéler son véritable talent à partir de l'an 2000, quand l'oblitération réduit à l'état de synecdoque des fragments de corps de quelques archétypes culturels de l'art occidental : Faunes, Ephèbes, Apollons, Centurions, Empereurs Romains, Vénus de Milo ou de Canova paraphrasant des modèles de Praxitèle. Des plaques de métal cachent les visages comme dans les compositions suprématistes de Malevitch, ou bien, comme chez Dali, dans certaines œuvres des années trente, des suppressions rectangulaires sont opérées sur le torse des statues pour inscrire la marque de la négativité ou occulter les valeurs esthétiques galvaudées de l'art classique. Ces dernières œuvres ont suscité de magnifiques projets architecturaux comme par exemple la bibliothèque régionale de Nice, inspirée par une sculpture de 1998:Tête carrée.

L'exposition conçue et réalisée par Bernard Bonnaz et Macha Sosno, épouse de l'artiste, fait l'objet d'un catalogue rédigé par Claude Fournet, directeur honoraire des Musées de Nice, et édité par la Fondation Regards de Provence.
Philippe Oualid

Musée Regards de Provence
Avenue Vaudoyer,
Marseille 2e
Du 12 Septembre au 11 Janvier 2O15


Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 13 Septembre 2014 à 20:24 | Lu 270 fois

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