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Marseille, Théâtre Toursky : Pablo Neruda, au soir d’une lecture

Ce qui caractérise l’intelligence de la lecture, c’est d’abord la voix qui s’y prête et le talent qu’elle a de s’introduire, s’infiltrer, s’instiller dans les méandres d’un texte pour lui rendre toutes ses colorations avec une clairvoyance et un attachement sensibles.


Richard Martin et Marcel Alchech © DR
Richard Martin et Marcel Alchech © DR
La voix c’est aussi ce qui relie les mots en leur donnant leur pouvoir, leur puissance, leur magie.
Richard Martin, au service des poètes depuis des décennies avec cette maîtrise de la voix, ce souffle et ces inflexions si particuliers, effeuille pour nous, ce soir, quelques-unes des pages admirables de Pablo Neruda.
Une table, quelques lumières, les notes délicates et emportées d’une guitare, et nous voilà embarqués vers les confins poétiques.

Nous sommes au cœur d’une lecture importante, tant elle dénonce et condamne les purges dévastatrices d’un pouvoir qui a nié et outragé l’humain durant une période funeste, proche de l’Histoire contemporaine, une période qui, si nous n’y prenons garde, pourrait bien faire ressurgir le noir mufle hideux de la bête immonde.

La poésie de Neruda, c’est une clameur d’espérance, une supplique pour les humiliés.
Les mots brisent le silence, frappent à nos portes engourdies pour nous rappeler à l’éveil des consciences.
Les mots jaillissent enfiévrés de nuit d’une Espagne meurtrie, mutilée ; ils sortent de l’âme éprise de liberté des pauvres, des nus, des déshérités de la vie.
Les mots ont la ferveur des audaces qui accompagnent nos esprits titubant dans la dramaturgie d’une cérémonie de deuil.
Le crépuscule descend et grave sur les pages de la vie la douleur de l’humain que l’on opprime.

Richard Martin nous adresse la révolte de Neruda, en lui restituant l’ampleur de son cri témoin, ses alarmes visionnaires, sa parole vive qui ressuscite les voix de ceux qui n’en ont plus, de ceux dont l’espoir a été bâillonné.
Il sait rassembler les mots avec l’infinie nuance de tons qui leur convient, la justesse de l’émotion ; et la clarté de sa voix prolonge la vérité du poète.
En cheminant dans cette lecture, un autre aspect de la poésie de Pablo Neruda, nous donne à entendre des odes à des femmes aimées, une poésie charnelle, éprise de volupté, un érotisme élégant, tendre et câlin comme un frisson de caresses espiègles et folles, une ardeur lyrique, où l’on devine, à travers un style affiné, la grâce des mignardises ronsardiennes.
Quand la lumière s’éteint, quand la voix retourne au silence, une phrase du poète nous revient en mémoire : Si rien ne nous sauve de la mort, au moins l’amour nous sauve la vie.
Jean-Pierre Cramoisan

Jean-Pierre Cramoisan
Mis en ligne le Lundi 4 Février 2019 à 20:23 | Lu 153 fois

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