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Le retour attendu de Turandot à l’Opéra de Toulon

Depuis l’arrivée de Claude Henri Bonnet, la cité toulonnaise est redevenue un phare lyrique de la région sud. Productions et distributions ici récoltent adhésion et enthousiasme de tous les publics. Absent de la scène toulonnaise depuis 2007, le chef d’œuvre de Puccini est présenté ici dans le final complété de Luciano Berio


Turandot © Frederic Stephan
Turandot © Frederic Stephan
Une mise en scène symbolique et efficace
Utilisant de belles images du vidéaste de Luca Scarzella reflétant le monde magique de Turandot et les cauchemars de Calaf, la mise en scène de Federico Grazzini évite toutes les sempiternelles chinoiseries pour rendre au drame de Carlo Gozzi toute sa dimension symbolique et universelle. Pour le réalisateur, Turandot n’est pas une fable réaliste mais plutôt un conte de fées avec différentes situations dramatiques lui apportant toute sa complexité.
Les décors d’inspiration architecture moderne d’Andrea Belli confère une dimension inquiétante au royaume des ténèbres qui évoluera vers la lumière au troisième acte le tout dans des lumières remarquables de Patrick Méeüs.
De tradition orientale avec une inspiration circassienne, les costumes de Valeria Donata Bettella des différents protagonistes de l’œuvre contribuent à la réussite de cette réalisation scénique. Le caractère dramaturgique caractérisant chaque personnage de l’œuvre est parfaitement rendu dans cette production.

Distribution et direction exemplaires
Sous la direction précise et percutante de Jurgen Hempel, chœur de l’opéra, renforcé par la maîtrise du conservatoire, et orchestre s’investissent avec enthousiasme. Il réussit l’équilibre nécessaire entre la fosse et le plateau.
Sur scène, le rôle titre confié à la soprano Gabriela Georgieva est sans reproche. Elle affiche une belle solidité vocale sur tous les registres. On regrettera seulement un chant dénué de nuances.
À ses côtés la Liu de la jeune soprano guatémaltèque Adriana Gonzalès est une véritable révélation. Cet élève de l’atelier lyrique de l’Opéra de Paris est une Liu fragile et touchante. Elle offre à son personnage une sensibilité délicate en osmose parfaite avec la chaleur de sa tessiture. On adore sa maîtrise des sons filés. Voilà une jeune artiste lyrique à suivre.
Vedette incontestée du spectacle, le ténor franco-tunisien Amadi Lagha a déjà épousé le rôle de Calaf au Festival Puccini de Torre del Lago et au Festival Savonlinna. Véritable ténor lirico spinto, il incarne un prince jouant sa vie au poker de la passion. Il offre une belle clarté d’émission et une projection puissante. La voix est sûre et limpide. Son jeu est engagé. On tient là un des meilleurs Calaf du moment.
Le Timur de Luiz- Ottavio Faria est sans reproche même s’il apparaît un peu effacé. Le mandarin du baryton Sébastien Lemoine tire son épingle du jeu. Le trio des ministres, véritables clowns sanguinaires ici jouant avec les têtes des anciens prétendants de Turandot affiche une belle cohérence. Frédéric Goncalvès est un Ping convaincant scéniquement et vocalement. Antoine Chuet (Pang) et Vincent Ordonneau (Pong) se hissent au niveau d’un Ping à la fois drôle et inquiétant.
Tous ont obtenu une ovation méritée à l’issue du spectacle pour une Turandot qui entrera dans la mémoire des toulonnais. L’opéra affichait complet pour ces représentations. Bravo.
Serge Alexandre

Prochain opéra à ne pas manquer : L’élixir d’amour de Donizetti du 22 au 26 mars 2019.
www.operadetoulon.fr

Serge Alexandre
Mis en ligne le Mardi 26 Février 2019 à 13:32 | Lu 506 fois

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