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Le Voci Di Dentro (Les Voix intérieures) d'Eduardo de Filippo, Théâtre du Gymnase (Marseille), du 20 au 23 mars 2013, par Philippe Oualid

Spectacle en napolitain surtitré en français. Mise en scène de Toni Servillo


Le Voci di dentro d'Eduardo de Filippo met en scène, dans un de ces immeubles des quartiers populaires du Naples d'après-guerre où tous les habitants se fréquentent familièrement, un personnage diabolique, Alberto Soporito, qui se laisse persuader, à la suite d'un rêve convaincant, que ses voisins, les Cimmaruta, ont assassiné son ami Aniello Amitrano dont le cadavre serait caché dans la cuisine. Il prend alors l'initiative d'avertir les gendarmes enclins à croire à ce meurtre puisqu'Aniello a disparu depuis quelque temps, laissant son épouse sans nouvelles. Les Cimmaruta sont conduits au poste puis relâchés, et Alberto, accusé de faux témoignage, s'apprête à s'enfuir lorsque, coup de théâtre, le prétendu mort réapparait bien vivant.

Il s'agit ici, comme on le voit d'une comédie de moeurs, d'une farce qui vire au drame, où les comportements humains sont traqués dans ce qu'ils peuvent avoir parfois de barbare et d'effrayant. Ecrite dans une langue imagée mêlant italien et dialecte napolitain, cette pièce triviale donne lieu à une suite impressionnante de numéros d'acteurs dont le brio excessif ne se dément jamais et devient par moments presque insupportable dans la mesure où l'être et le paraître sont toujours confondus. Exposés sur un tréteau dressé à l'avant-scène devant un écran gris, remarquablement costumés par Ortensia de Francesco, les principaux comédiens Toni et Peppe Servillo (Alberto et son frère Carlo), Gigio Morra (Pascuale Cimmaruta), Betti Pedrazzi (Rosa) et Chiarra Baffi (Maria), du Piccolo Teatro di Milano et du Teatro Uniti di Napoli, excellent dans ces rôles typiques qui rappellent ceux des films néo-réalistes italiens de Vittorio de Sica.

Vedette de la pièce et metteur en scène, Toni Servillo cherche à représenter la fiction de sa folie comme une métaphore de la dramaturgie et engage le jeu des rôles dans le spectacle à la manière de Pirandello. Aussi, au final, la réussite de la représentation fantasmatique ne tient plus au système dramaturgique mais à la présence réelle des personnages qui ont été en mesure de l'interpréter. Tous en scène, silencieux, figés, comme en quête d'auteur, ils expriment , derrière leur porte-parole qui s'adresse au public en lui posant la question: « Comment faisons-nous pour nous regarder en face? », le drame de toute comédie aliénée à ses personnages. Cette dernière option des voix intérieures entraîne l'adhésion enthousiaste de la salle et de très vifs applaudissements.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 21 Mars 2013 à 22:34 | Lu 544 fois

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