Les Régates Raoul Dufy Paris, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris © RMN / Agence Bulloz / Adagp, Paris 2012
Le 29 janvier 1906, un groupe de collectionneurs et d’artistes crée au Havre le Cercle de l’art moderne. Parmi eux : Georges Braque, Raoul Dufy, Emile Othon Friesz et quelques-uns des plus importants amateurs d’art havrais de ce début de siècle : Olivier Senn, Charles-Auguste Marande, Pieter van der Velde, Georges Dussueil, Oscar Schmitz, Edouard Lüthy…L’association se fixe comme objectif de promouvoir l’art moderne au Havre.
De 1906 à 1910, le Cercle organise des expositions, des cycles de conférences, des soirées poésie et des concerts. Frantz Jourdain, Guillaume Apollinaire, Claude Debussy apportent leur parrainage à l’association, qui affiche d’emblée sa filiation avec le jeune Salon d’Automne.
A l’instigation du Cercle, les oeuvres des plus grands artistes du moment sont présentées au Havre, notamment lors des quatre expositions annuelles : les « vieux » impressionnistes tels Monet, Renoir…, les néo-impressionnistes mais surtout les jeunes fauves, entraînés par leurs amis Braque, Dufy, Friesz, qui trouvent tous dans cette ville assez proche de Paris, un accueil favorable et un débouché possible à leur production récente, celle-là même qui provoque le scandale de la « cage aux fauves ».
Qui sont ces hommes ? Qu’est-ce qui les lie ? En quoi le contexte historique, économique et culturel havrais semble-t-il favoriser l’émergence de ce phénomène ?
Dès le milieu du XIXe siècle, Le Havre, ville de création récente (1517) et ville industrielle, voit son port se développer rapidement et devenir une place de toute première importance pour l’importation de produits exotiques. Les acteurs économiques et les édiles locaux n’ont de cesse de vouloir donner une « âme » à la cité. La création du musée (1845) sur les quais de l’avant-port, la tenue régulière d’expositions organisées par la Société des amis des arts et l’invitation à des artistes de renom (Manet en 1868 est récompensé pour son Torero mort, refusé cinq ans plus tôt au Salon de Paris) participent de ce projet. Les négociants qui y trouvent leur intérêt s’impliquent activement dans cette vie culturelle et le succès de leurs affaires influence très directement le sort des artistes. Eugène Boudin résumera l’équation en une formule lapidaire : « Pas de coton, pas de tableaux ».
A la fin du XIXe siècle, une nouvelle génération de collectionneurs apparaît. Tous issus de la Société des amis des arts, mais plus ouverts à la jeune création, fréquentant à Paris les expositions du Salon d’Automne et des Indépendants, les galeries de Druet, Bernheim, Vollard…, les ateliers d’artiste, les salles des ventes, ils s’investissent aux côtés de Dufy, Friesz et Braque dans cette aventure singulière. Les collections de deux d’entre eux, Olivier Senn et Charles-Auguste Marande, sont désormais conservées au musée d’Art moderne André Malraux au Havre, grâce à leur propre générosité ou à celle de leurs descendants. Dispersées, celles des autres - Van der Velde, Dussueil, Schmitz, Lüthy…- sont bien connues.
Chacune révèle la personnalité de son auteur. Si elles présentent certaines similitudes, dues à des communautés de goût (pour Boudin, Pissarro, Marquet…), elles trahissent également des singularités et des audaces propres à chacun. Senn ouvre par exemple sa collection avec deux oeuvres majeures de Delacroix et Courbet des années 1850 et la poursuit avec des pièces impressionnistes et post-impressionnistes, alors que Dussueil et Van der Velde portent d’emblée leur attention sur la création toute récente, achetant Matisse au même moment que les Stein, et avant les Morozov ou Chtchoukine. Degas et Cross sont largement représentés dans la collection Senn, alors que Van Dongen se voit préférer par Van der Velde ou Dussueil. Les connivences comme l’émulation sont évidentes et il n’est pas rare de voir les oeuvres circuler et changer parfois de propriétaires.
L’exposition présente environ 90 oeuvres et invite à pénétrer l’univers intime des collectionneurs, qui au-delà de leur intérêt privé, se sont retrouvés au sein du Cercle pour défendre une certaine conception de leur engagement au service de l’art moderne, des artistes, mais aussi celui de la cité. Elle évoque en écho le cheminement personnel des artistes « du Cercle », unis dans la défense du fauvisme dans un premier temps et que leurs recherches propres conduiront peu après à se séparer. Dès lors, le Cercle de l’art moderne apparaît comme la manifestation d’un phénomène unique en province, éphémère, sorte de moment de grâce porté par des acteurs convaincus de la nécessité de défendre la modernité, et qui attachera à la ville et au territoire qui l’a vu naître son image d’avant-garde.
De 1906 à 1910, le Cercle organise des expositions, des cycles de conférences, des soirées poésie et des concerts. Frantz Jourdain, Guillaume Apollinaire, Claude Debussy apportent leur parrainage à l’association, qui affiche d’emblée sa filiation avec le jeune Salon d’Automne.
A l’instigation du Cercle, les oeuvres des plus grands artistes du moment sont présentées au Havre, notamment lors des quatre expositions annuelles : les « vieux » impressionnistes tels Monet, Renoir…, les néo-impressionnistes mais surtout les jeunes fauves, entraînés par leurs amis Braque, Dufy, Friesz, qui trouvent tous dans cette ville assez proche de Paris, un accueil favorable et un débouché possible à leur production récente, celle-là même qui provoque le scandale de la « cage aux fauves ».
Qui sont ces hommes ? Qu’est-ce qui les lie ? En quoi le contexte historique, économique et culturel havrais semble-t-il favoriser l’émergence de ce phénomène ?
Dès le milieu du XIXe siècle, Le Havre, ville de création récente (1517) et ville industrielle, voit son port se développer rapidement et devenir une place de toute première importance pour l’importation de produits exotiques. Les acteurs économiques et les édiles locaux n’ont de cesse de vouloir donner une « âme » à la cité. La création du musée (1845) sur les quais de l’avant-port, la tenue régulière d’expositions organisées par la Société des amis des arts et l’invitation à des artistes de renom (Manet en 1868 est récompensé pour son Torero mort, refusé cinq ans plus tôt au Salon de Paris) participent de ce projet. Les négociants qui y trouvent leur intérêt s’impliquent activement dans cette vie culturelle et le succès de leurs affaires influence très directement le sort des artistes. Eugène Boudin résumera l’équation en une formule lapidaire : « Pas de coton, pas de tableaux ».
A la fin du XIXe siècle, une nouvelle génération de collectionneurs apparaît. Tous issus de la Société des amis des arts, mais plus ouverts à la jeune création, fréquentant à Paris les expositions du Salon d’Automne et des Indépendants, les galeries de Druet, Bernheim, Vollard…, les ateliers d’artiste, les salles des ventes, ils s’investissent aux côtés de Dufy, Friesz et Braque dans cette aventure singulière. Les collections de deux d’entre eux, Olivier Senn et Charles-Auguste Marande, sont désormais conservées au musée d’Art moderne André Malraux au Havre, grâce à leur propre générosité ou à celle de leurs descendants. Dispersées, celles des autres - Van der Velde, Dussueil, Schmitz, Lüthy…- sont bien connues.
Chacune révèle la personnalité de son auteur. Si elles présentent certaines similitudes, dues à des communautés de goût (pour Boudin, Pissarro, Marquet…), elles trahissent également des singularités et des audaces propres à chacun. Senn ouvre par exemple sa collection avec deux oeuvres majeures de Delacroix et Courbet des années 1850 et la poursuit avec des pièces impressionnistes et post-impressionnistes, alors que Dussueil et Van der Velde portent d’emblée leur attention sur la création toute récente, achetant Matisse au même moment que les Stein, et avant les Morozov ou Chtchoukine. Degas et Cross sont largement représentés dans la collection Senn, alors que Van Dongen se voit préférer par Van der Velde ou Dussueil. Les connivences comme l’émulation sont évidentes et il n’est pas rare de voir les oeuvres circuler et changer parfois de propriétaires.
L’exposition présente environ 90 oeuvres et invite à pénétrer l’univers intime des collectionneurs, qui au-delà de leur intérêt privé, se sont retrouvés au sein du Cercle pour défendre une certaine conception de leur engagement au service de l’art moderne, des artistes, mais aussi celui de la cité. Elle évoque en écho le cheminement personnel des artistes « du Cercle », unis dans la défense du fauvisme dans un premier temps et que leurs recherches propres conduiront peu après à se séparer. Dès lors, le Cercle de l’art moderne apparaît comme la manifestation d’un phénomène unique en province, éphémère, sorte de moment de grâce porté par des acteurs convaincus de la nécessité de défendre la modernité, et qui attachera à la ville et au territoire qui l’a vu naître son image d’avant-garde.
Pratique
Le Cercle de l’art moderne. Collectionneurs d’avant-garde au Havre
19 septembre 2012 - 6 janvier 2013
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard, 75006 Paris
www.museeduluxembourg.fr
accès : M° St Sulpice ou Mabillon, Rer B Luxembourg, bus 58 ; 84 ; 89 arrêt Musée du Luxembourg / Sénat
ouverture : tous les jours de 10h à 19h30, nocturne le vendredi et le lundi jusqu’à 22h.
fermeture exceptionnelle le 25 décembre 2012
fermeture à 18h le 24 décembre et le 31 décembre 2012
tarifs : 11 €, TR 7.50 €
forfait Famille & Tribu : 29,50 € (4 personnes dont 2,3 ou 4 âgées de 16 à 25 ans = une entrée offerte) gratuit pour les moins de 16 ans
19 septembre 2012 - 6 janvier 2013
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard, 75006 Paris
www.museeduluxembourg.fr
accès : M° St Sulpice ou Mabillon, Rer B Luxembourg, bus 58 ; 84 ; 89 arrêt Musée du Luxembourg / Sénat
ouverture : tous les jours de 10h à 19h30, nocturne le vendredi et le lundi jusqu’à 22h.
fermeture exceptionnelle le 25 décembre 2012
fermeture à 18h le 24 décembre et le 31 décembre 2012
tarifs : 11 €, TR 7.50 €
forfait Famille & Tribu : 29,50 € (4 personnes dont 2,3 ou 4 âgées de 16 à 25 ans = une entrée offerte) gratuit pour les moins de 16 ans