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Chorégies d'Orange 2017, des Chorégies un peu éteintes

A Orange, les célèbres Chorégies proposent chaque été deux opéras, des concerts, et offrent surtout à la ville un peu enfermée dans son passé antique, une formidable ouverture sur la musique, un formidable contact avec des visiteurs, souvent de simples curieux qui viennent « voir comment ça fait d’être à l’opéra » en grimpant les gradins de ce haut lieu des grands spectacles. Nous en avons rencontré.


Des Chorégies 2017 un peu éteintes

Ce qu’on est en droit d’attendre d’un opéra en plein air, dans ce si beau lieu, à la fois grandiose et romain, ce sont des airs qui s’envolent aux nues et offrent l’exaltation que tous les théâtres fermés répriment souvent beaucoup trop.
Puissance que les Chorégies ne nous ont pas apportée en cette saison 2017, où, dans les gradins les voix montaient mal, où les chœurs faisaient dispersés - vent trop puissant pour Aïda par exemple - ; des solistes un peu discrets, pour Aïda comme pour Rigoletto.
Rappelons que le lieu est immense, le mur impressionnant malgré le toiton qu’on lui a rajouté, et les 8 500 spectateurs en demi-cercle sur les gradins de pierre absorbent par leur corps et leurs vêtements une partie de la puissance du son. Mais on sait bien tout ça à la mise en scène, n’est-ce pas ?

Aïda de Giuseppe Verdi
5 août 2017, journée de vent du sud déchaîné, à la limite de l’orage et du pluvieux.
On s’en fiche de la météo direz-vous ? Eh bien non, pas quand tout se passe dehors, après 22h et dans un immense cirque de pierre vieux de 2000 ans.
En décor ? débris de pierres et colonnes, trois blocs de marbre noir gravés, l’un avec la Porte de Menphis, l’autre portant le fameux chien si adoré en Egypte, à longue queue et oreilles dressées et, en miniature, une pyramide. C’est bien le moins.

Après les décors, les costumes : ils font s’affronter les époques, l’Egypte ancienne où se déroule l’histoire et l’année 1871. Pourquoi cela me direz-vous ? Parce qu’on a voulu mêler le drame égyptien dans son décor et ses costumes, à la vie et au temps des premiers spectateurs de l’opéra Aïda.
Ainsi Amnéris et ses boucles brunes, comme Aïda dans ses voiles rencontrent-elles sur scène les femmes en épaisses robes et bonnets du XIXe siècle, bourgeoises guindées et contraintes. La seule règle semble être de vouloir faire différent d’avant… Dommage quand ce qui compte c’est de célébrer Verdi et la musique parce que si, parmi les spectateurs certains sont des habitués qui ont peut-être envie de changement, il en est de nouveaux sans cesse qui ne demandent qu’à découvrir. Sans être gênés par la fantaisie d’un moment…
On peut dire de cette nuit du 5 août que dans le décor grandiose des chorégies d’Orange, Anita Raschvelishvili a été une belle Amnéris, convaincante, et la presque débutante et remplaçante Elena O’Connor, une esclave superbe à la voix ferme et bien placée et aux attitudes élégantes.
Sauf que, excès de discrétion ou faiblesse de la voix, il a fallu tendre l’oreille pour atteindre des musiques et des voix souvent dévorées par le vent.

Il est évident que le public a parfois l’impression de tourner en rond dans un cercle d’opéras très connus et très joués et que la production contemporaine pourtant existante demeure insatisfaisante, textes peu convaincants et forme elle-même inadaptée à notre temps. On doit ainsi se contenter de l’existant… Alors nous l’attendons beau et puissant, qui ne ressemble pas à cette vie automatisée, électronifiée et toute réglée qui est celle d’aujourd’hui, coincée entre téléphones et sms, ordinateur et instagram et surtout l’horreur des selfies qui fait de tous des automates à bras levés et sourires coincés.
Alors allons à Orange, allez à Orange, où se jouent encore, et en plein air, de superbes musiques propres à faire oublier l’ordinaire, le banal et le répétitif.

Hommage à un oublié ?
En 1871 on a peut-être oublié Mariette (l’Egyptologue distingué devenu Mariette-Pacha) et véritable auteur de l’opéra, entendons l’histoire d’Aïda.
Oublié par les autres explorateurs, sans monture pour rentrer au Caire, sur le Sérapeum de Menphis, il écrivit dans la nuit le « scénario » d’Aïda qui fut complété par Camille du Locle. Et qu’il a fallu terminer en opéra dans des délais très courts. Que seul Giuseppe Verdi fut en mesure de tenir avec l’aide de… 150.000 francs. Et jamais on n’a parlé de Mariette qui peut-être…

Un programme ouvert en 2018 : La Flûte enchantée, le Barbier de Séville et Mefistofele

La Flûte enchantée, d’après Mozart « Cette féerie qui nous emporte dans la poésie pure de l’enfance ou du génie », (Maurice Béjart) ensuite et surtout, un rituel précis, rigoureux, inspiré.
Vous l’aurez compris, il s’agit là du ballet de Béjart alternant comique et tragique qui met fidèlement en scène la musique du compositeur. Avec Gil Roman le successeur de Béjart et la musique en bande sonore enregistrée sous la direction de Karl Böhm avec l’Orchestre philharmonique de Berlin.
Il s’agira là d’une petite fête à l’échelle des rêves et de l’imaginaire.

La Fantasia Disney propose, en ciné-concert, ces musiques qui doivent parvenir aux oreilles de tous les enfants en même temps que les images connues de ces films de 1949 à 2000, pour ouvrir les portes des rêves et de l’imaginaire: extraits des symphonies 5 et 6 de Beethoven, de Casse-Noisette (Tchaïkovski), de Gershwin, Rhapsody in blue, d’Elgar, Pomp and circonstances, de Dukas, Respighi et Saint-Saëns. En bref tout ce qu’une oreille d’ado doit avoir entendu, le parcours initiatique à l’ancienne, sans lequel on reste un adulte en déséquilibre dans ce monde, si cruel dit-on.

Les grands récitals, ou soirs d’opéras accueilleront, presque en apéritif à 18 heures, dans l’intimité de la cour Saint-Louis, Karine Deshayes et Edgardo Rocha puis Eva-Maria Westbrock, avant le roumain Georges Petran.
Et les révélations classiques de l’ADAMI: Jerôme Boutillier, Ambroisine Bré, Fabien Hyon et Maria Perbost.
Sans omettre une Nuit Russe qui réunira les meilleurs interprètes de culture russe placés sous la baguette du chef Mikhaïl Tatarnikov avec les chœurs de l’Opéra de Monte Carlo.

Et l’opéra alors ?
Et il faut bien de l’opéra me direz-vous aux fameuses Chorégies d’Orange puisque c’est le premier moyen d’expression en ce lieu de pierre et de passé.
Et bien ce sera une grande œuvre parmi les plus gaies et les plus vives; ce Barbier de Séville de Rossini, parmi les plus toniques, et dont chacun connaît quelques thèmes au moins ( ah, ce maudit petit refrain des téléphones ! ), dans une mise en scène d’Adriano Sinivia . Florian Sempey, un familier des lieux, y interprète Figaro et Olga Peretyakho, la jolie Rosina; on compte sur Don Basilio et sa basse profonde pour susurrer avec concupiscence le fameux air de la Calomnie.

Et que dire de ce Mefistofele, opéra avec prologue et épilogue, en quatre actes, d’Arrigo Boito (1842-1918) sur un livret de Boito et d’après Gœthe .
« C’est un opéra immense, grandiose et fascinant et ses chœurs puissants doivent mener au ciel les spectateurs et leur apporter non pas la jeunesse comme à Faust, mais le bonheur ».
Une œuvre qui apparaît donc comme l’œuvre idéale adaptée au cadre grandiose du théâtre romain d’Orange, au pied du grand mur du nord, devant la statue de l’empereur, et doit permettre d’exalter au plus haut la puissance et la passion des interprètes.

Rendez vous donc, les 31 juillet et 4 août 2018 avec le Barbier de Séville, et les 5 et 9 juillet avec le diable : Méfistofele !
Et tout l’été pour vivre avec la musique à Orange.
Jacqueline Aimar

Mais encore ...
Retransmission télévisée ou spectacle live ?

A la lecture du compte-rendu que vous venez de parcourir et au visionnage de la retransmission de Culturebox ci-dessous, une question inquiétante se pose : le spectacle live est-il à la hauteur de la retransmission télévisée ?
Réponse embarrassante ...
Au visionnage de la captation de Culturebox, les voix des chanteurs sont parfaitement audibles et l'orchestre un peu effacé. Un bon point pour la télé.
In vivo, cela est très différent à cause de l'insupportable vent qui adore jouer, lui aussi, dans le théâtre antique. Au détriment de l'auditeur assis sur les durs gradins.

Question : vaut-il mieux écouter l'opéra confortablement assis dans son salon devant sa télé panoramique ou bien communier avec 8 500 personnes quelle que soient les conditions ?

Aïda diffusé par Culturebox


Découvrir Mefistofele


Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 31 Août 2017 à 13:32 | Lu 680 fois

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