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Lyon, Opéra : De la maison des morts, Leoš Janáček, du 21 janvier au 2 février 2019

Point culminant de l'art opératique de Leoš Janáček, De la maison des morts est adapté d'un roman de Dostoïevski.
Après Londres et Bruxelles, Lyon accueille à son tour cette coproduction internationale, signée par un grand metteur en scène de notre époque: Krzysztof Warlikowski.


De la maison des morts, Leoš Janáček © DR
De la maison des morts, Leoš Janáček © DR

Sans héros
Adapté de Souvenirs de la maison des morts (1862) de Dostoïevski, le dernier opéra de Leoš Janáček marque aussi le point culminant de son art opératique. Russophile, le patriote tchèque a traduit lui-même l’ouvrage de l’auteur de L’Idiot et a maintenu sur scène son caractère semi-documentaire en composant un livret sans héros défini ni cheminement dramatique auquel se rattacher. Les protagonistes sont les prisonniers d’un bagne sibérien, et chaque acte raconte, en même temps que le quotidien carcéral, des histoires se rattachant a une figure de forçat : Skouratov a tué un Allemand auquel sa promise a été fiancée de force ; Chichkov a assassiné sa femme, amoureuse d’un autre homme…

Baguette tradi du contemporain
Cette mosaïque de témoignages, révélant des destins contrariés dans la grisaille des baraquements, rejoint les principes compositionnels de Janáček, adepte de l’enchaînement libre des accords et qui recherchait dans sa musique la transposition d’une vérité sonore objective. Les motifs mutent et se succèdent en permanence, inspirés du langage parlé, dont le compositeur morave a collecté toute sa vie les formes et structures, les inflexions et les intonations. Ses orchestrations, sèches et d’une économie caractéristique, sont ici renforcées de couleurs étonnantes, avec des associations de pupitres privilégiant les extrêmes. Dans la fosse de l’Opéra de Lyon, le chef argentin Alejo Pérez donnera vie a ce fourmillement atypique.
L’ancien assistant de Péter Eötvös, qui a dirigé l’Ensemble intercontemporain et a fait ses débuts en France en 2005, à Lyon, avec le Pollicino de Hans Werner Henze, est un fin connaisseur du répertoire du XXe siècle.

Les défis de Warlikowski
Cette oeuvre-phare de la première moitié du XXe siècle est aujourd’hui visuellement marquée par le travail de Patrice Chéreau.
En 2007 aux Wiener Festwochen, sous la direction de Pierre Boulez, il en donna une mise en scène ou se conjuguaient
un réalisme théâtral prononcé avec une utilisation fantastique des décors, à même de transcender les différentes modalités concentrationnaires des geôles tsaristes de Dostoïevski au camp de travail soviétique des années 1920, qui deviendra le goulag.
A travers les prisonniers, c’est la prison qui prenait possession de l’oeuvre et se posait en héroïne.
Le travail de Krzysztof Warlikowski repose sur les mêmes piliers. Sa proximité avec le théâtre est criante. Les chanteurs
sont aussi chez lui des comédiens, dont le poids de l’incarnation est sans cesse questionné et peaufiné. Son travail avec
la soprano Barbara Hannigan sur Lulu ou La Voix humaine se situe bien au-delà du commun dramatique des productions d’opéra. Enfin, sa capacité a faire se rencontrer sur scène des espace-temps contradictoires apporte à son travail une profondeur qui au pire fascine, au mieux ouvre des brèches sémantiques inouïes.
Comment le metteur en scène va-t-il se libérer de l’héritage universel de Chéreau, que tant d’autres ont suivi, pour imposer sa singularité ?

Informations

Z mrtvého domu
Opéra en trois actes et deux tableaux, 1930
Livret du compositeur, d’après Souvenirs de la maison des morts de Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski
En tchèque

Direction musicale : Alejo Pérez
Mise en scène : Krzysztof Warlikowski
Décors et costumes : Małgorzata Szczęśniak
Lumières : Felice Ross
Chorégraphie : Claude Bardouil
Vidéo : Denis Guéguin
Dramaturgie : Christian Longchamp

Distribution
Alexandre Petrovitch Gorjantchikov : Sir Willard White
Aljeja, un jeune Tartare : Pascal Charbonneau
Filka Morosov, prisonnier sous le nom de Luka Kuzmich : Stefan Margita
Le Grand Forçat : Nicky Spence
Le Commandant : Alexander Vassiliev
Le Très Vieux Forçat : Graham Clark
Skouratov : Ladislav Elgr
Tchekunov : Ivan Ludlow
Le Forçat ivrogne : Jeffrey Lloyd‑Roberts
Un Forçat (jouant les rôles de Don Juan et du brahmane) : Ales Jenis
Le Jeune Forçat : Grégoire Mour
Une prostituée : Natascha Petrinsky
Kedril : John Graham-Hall
Chapkine : Dmitry Golovnin
Chichkov et Le Pope : Karoly Szemeredy
Tcherevine : Alexandr Gelah

Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon

Les dates

Janvier 2019
Lundi 21 20h
Mercredi 23 20h
Vendredi 25 20h
Dimanche 27 16h
Mardi 29 20h
Jeudi 31 20h
Février 2019
Samedi 2 20h

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 20 Décembre 2018 à 14:25 | Lu 476 fois

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