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Le Dindon, de Georges Feydeau, Théâtre de La Criée, Marseille, du 5 au 9 Juin 2012

Le Dindon est sans conteste l'un des meilleurs vaudevilles de Feydeau. Créé au Théâtre du Palais Royal le 8 Février 1896, la pièce reçut un accueil enthousiaste et resta programmée toute l'année. On y rit de ce rire fou et irrésistible, effet ordinaire de la verve farcesque et des inventions abracadabrantes exploitées par l'auteur dans ses précédentes pièces.


On assiste ici aux mésaventures de Madame Lucienne Vatelin, victime des assiduités de Messieurs Rédillon et Pontagnac, qui préfère les informer qu'elle ne trompera son époux auquel elle a juré fidélité qu'à la condition qu'il en fasse de même. C'est donc à l'hôtel Ultimus, dans la chambre 39, que Feydeau va réunir, pour le spectacle risible de l'adultère faisant du mâle le dindon de la farce, une douzaine de personnages qui ne doivent à aucun prix se rencontrer, au milieu de portes qui claquent, de sonneries qui se déclenchent et de coups de théâtre qui se multiplient jusqu'à la fin.
Le mécanisme du vaudeville est ici porté à la perfection. De la vraisemblance la plus élémentaire qui va en fait à rebours du sens commun, découlent, avec une logique implacable, les conséquences les plus folles à partir d'événements imprévus(rencontre du mari et de l'amant) et de quiproquos.
A l'opposé du brillant spectacle académique de Bernard Murat, au théâtre Edouard VII, la mise en scène de Philippe Adrien, récompensée par un Molière en 2011, utilise tous les clichés du vaudeville pour mettre en évidence, de manière stupéfiante, des effets fantastiques au sein des figures burlesques du Théâtre de l'Absurde. Le très beau décor de Jean Haas, avec son plateau tournant qui entraîne, à intervalles réguliers, les portes dans une valse cauchemardesque, à la limite kafkaïenne, y contribue amplement.
Des comédiens de ressource, à la fois précis, extravagants ou hystériques, qui se sont faits la tête de l'emploi (on pense à Pierre-Alain Chapuis en Vatelin-Dindon, à Juliette Poissonnier en Armandine-Môme Crevette, à Guillaume Marquet en Rédillon, ou encore à Luce Mouchel, à Bernadette le Saché, à Eddie Chignara) interprètent le texte de Feydeau avec un génie qui rend souvent hommage, à travers les divers effets de voix, les cris, les vociférations intempestives, à l'esprit marseillais de La Criée, ce qui devient à proprement parler bouleversant au moment de l'ovation finale qui récompense cette magnifique production du Théâtre de La Tempête.
Philippe Oualid

Le Dindon, de Georges Feydeau
Mise en scène de Philippe Adrien
Théâtre de La Criée, Marseille, du 5 au 9 Juin 2012

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 6 Juin 2012 à 19:21 | Lu 635 fois

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