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La faute au Midi. Soldats héroïques et diffamés, exposition aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence, du 24 mars au 5 juillet 2014

Exposition présentée au centre aixois des Archives départementales des Bouches-du-Rhône, organisée en partenariat avec l’Office du tourisme d’Aix-en-Provence, « Les rencontres du 9e art » et la Bibliothèque départementale du 24 mars au 5 juillet 2014


Chariots de ravitaillement
Chariots de ravitaillement
A l’occasion de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, les Archives départementales des Bouches-du-Rhône organisent une exposition intitulée « La faute au Midi. Soldats héroïques et diffamés ». En partenariat avec le festival de bande dessinée d’Aix-en-Provence « Les rencontres du 9ème art » et avec la Bibliothèque départementale, cette exposition présentera des documents d’archives, des objets et pièces d’équipement, mais également des planches originales de la bande dessinée La Faute aux Midi. L’album est publié en avril 2014 aux éditions Bamboo, signé par le dessinateur Daniel Alexandre et dont le scénario a été écrit par l’historien Jean-Yves Le Naour, qui assure également le commissariat scientifique de l’exposition.

Les soldats méridionaux sont diffamés officiellement

L’histoire que retrace cette exposition est douloureuse et largement méconnue. Elle revient sur le tragique destin des soldats provençaux du XVe corps, ainsi nommés car recrutés dans la XVe région militaire qui recoupe la Provence, la Corse, les Alpes Maritimes et l’Ardèche. Alors que la mobilisation s’est effectuée dans une atmosphère de résolution et de détermination, comme partout en France, les soldats du XVe corps sont engagés très tôt sur le front, lors d’une des premières grandes batailles opposant les Français aux Allemands. La mission qui leur est assignée (en lien avec les soldats Languedociens et Lorrains) est tout simplement de marcher sur Metz à travers la Lorraine annexée. Du 14 au 19 août, les Français avancent sans voir l’ennemi qui se dérobe. Mais dans cette région fortifiée par les Allemands depuis 1871, l’ennemi attire tout simplement les Français sur le terrain qu’il a fixé comme champ de bataille, avec une artillerie dont les tirs sont réglés à l’avance.

Le 20 août, malgré les avertissements d’un aviateur qui a repéré l’armée allemande en embuscade, les troupes continuent d’avancer et se font massacrer par un déluge d’obus et de mitraille, sans même voir un seul soldat ennemi. Les Français sont donc contraints de reculer : la bataille de Lorraine est perdue.

Si les Méridionaux abandonnent 10 000 morts sur le terrain, ils sont pourtant bientôt accusés d’être les responsables de la défaite. Peu importe que les Lorrains commandés par Foch aient battu en retraite les premiers. La rumeur se répand, orchestrée par le généralissime Joseph Joffre et le ministre de la Guerre Adolphe Messimy, que les soldats de « l’aimable Provence » auraient lâché pied devant l’ennemi. Joffre cherche tout simplement à se couvrir et, pour ne pas avoir à se justifier d’un plan de campagne mal conçu, trouve un bouc émissaire bienvenu. Malheureusement, le ministre de la Guerre est un sanguin qui veut faire un exemple et dénoncer publiquement la supposée lâcheté des soldats du Midi. Il fait donc écrire par un sénateur un article insultant paru dans Le Matin, le 24 août 1914, intitulé « La vérité sur l’affaire du 21 août. Le recul en Lorraine. » La tempête gagne alors toute la France : les soldats méridionaux sont désormais diffamés officiellement et cette légende noire, malgré les protestations passionnées des parlementaires du Midi, durera toute la guerre et bien au-delà.

Cette exposition, qui revient sur cette blessure longtemps à vif, est importante à plus d’un titre : en partant de la mobilisation, elle revient sur la violence des premières batailles, quand les soldats français découvrent la guerre industrielle et la puissance du feu. Les rêves d’une guerre héroïque, faite de charges endiablées, baïonnettes au canon, sur un modèle napoléonien, s’écroulent alors définitivement.

L’accusation de lâcheté des Méridionaux révèle ensuite une faille dans l’Union sacrée qui met au jour un racisme intérieur qui ne date pas de 1914.
En effet, comme l’historien Marc Bloch le précisait, « une fausse nouvelle naît toujours de représentations qui préexistent », ce qui signifie que le choix du Provençal comme bouc-émissaire n’est pas un hasard. A l’heure de la construction de l’identité nationale, au XIXe siècle, le Méridional est apparu comme le contretype du bon Français, un individu souvent grossier, parfois imbécile, toujours ridicule, vantard et outré. Bref, un Tartarin ! Revenant sur le mécanisme de la rumeur, cette exposition abordera enfin le thème des fusillés qui ont également hanté la mémoire de la Grande Guerre, comme une mauvaise conscience, en suivant la tragédie de deux soldats du XVe corps, Auguste Odde et Joseph Tomasini, fusillés pour mutilation volontaires en septembre 1914 et officiellement réhabilités en 1918 par un tribunal militaire qui a reconnu qu’ils étaient en réalité innocents.

Sans la légende noire de la lâcheté des Méridionaux, auraient-ils été condamnés à mort, à la va-vite, par des juges convaincus de leur culpabilité ? Plus largement, enfin, cette exposition retracera le quotidien des soldats provençaux dans les premiers mois de la Première Guerre mondiale qui allait dévorer tant d’enfants de France en général et du Midi en particulier.

L’exposition sera articulée en plusieurs sections qui reprendront tout à la fois les planches de la bande dessinée et les documents divers (affiches, objets, photographies, films) retenus pour illustrer l’histoire des soldats du XVe corps et de leur légende noire.

Informations pratiques

Archives départementales des Bouches-du-Rhône - Centre d'Aix-en-Provence
25 allée de Philadelphie.
13100 Aix-en-Provence

Renseignements : 04 13 31 57 00 / archives13.aix@cg13.fr
Site Internet : www.archives13.fr
24 mars – 5 juillet 2014
Exposition ouverte du lundi au samedi de 9h00 à 18h00. Fermée le mardi matin.
Entrée gratuite
Visites guidées de l’exposition tous les samedis à 15h00
Tous les jours pour les groupes et les scolaires sur réservation

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 4 Mars 2014 à 13:38 | Lu 344 fois

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