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L'amoureuse, de Xuefeng Chen, Galerie Françoise Besson, Lyon, du 20 juin au 15 août 2013


Le propos de Xue-Feng Chen

« Mon travail se nourrit de deux cultures : ma culture maternelle, celle du Yunnan et la culture occidentale, celle de mon environnement quotidien actuel. J'ai vécu toute mon enfance dans un village du Yunnan où vivent des populations qui perpétuent des coutumes basées sur des cultes primitifs, des coutumes qui remontent à l'origine de l'homme. Dans mon village le culte fait partie de la vie. Ma mère brûlait souvent de l'herbe parfumée, disposait des fruits sauvages, collait des « Jiama » colorés à côté du four dans lequel elle disait qu'un « yeye » habitait. (les « Jiama » — art folklorique du Yunnan — sont des images gravées sur bois, imprimées sur papier de « terre » en couleurs vives). Lorsqu'on était vraiment très malade, ma mère fabriquait un cercueil en terre dans lequel elle mettait un petit personnage et qu'elle allait déposer dans la montagne pour qu'il emmène la maladie avec lui. Pour nous protéger, ma mère nous confectionnait des vêtements et des chaussons à broder. Je me souviens d'un tiroir qui était rempli de papiers coupés de toutes les formes qui lui servaient de supports pour faire ses broderies. Quand je suis arrivée en Europe, il ne fallait plus me parler de broderie. Je rejetais cet aspect-là de ma culture d'origine. Je dessinais, je peignais, m'intéressais à la vidéo, et puis avec le temps, je me la suis réappropriée. Une réflexion sur moi-même m'a poussée à retrouver un lien avec ma culture natale. En 2005 j'ai commencé à créer mes installations en utilisant des techniques mixtes : la broderie, la sculpture, le dessin, le papier coupé… Je réutilise les techniques « traditionnelles » tout en continuant à développer mon langage personnel et mes recherches sur des liens qui peuvent se nouer entre les principes d'installation dans l'art contemporain et la pratique des cultes avec lesquels j'ai grandi. Les couleurs vives deviennent très présentes dans mon travail, broder est devenu comme écrire dans un journal intime. Je retranscris tous mes souvenirs d'enfance, mais aussi mon présent, les moments qui m'ont marquée. Cette manière de travailler répond à un besoin pour moi de vivre les couleurs et la culture du Yunnan, mais c'est aussi un moyen d'expression me permettant de continuer à vivre et partager cette culture comme ma mère me la transmise.» Xue-Feng Chen

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 15 Mai 2013 à 19:54 | Lu 695 fois
Pierre Aimar

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