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Théâtre, La Ville, de Martin Crimp, Théâtre du Grütli, Genève, du 18 au 30 jan 2011

Dans La Ville, pièce de Martin Crimp, il y a deux femmes, un enfant et un homme. Avec des identités très précises. Mais le grand dramaturge anglais sait à merveille brouiller les pistes. Ainsi ce qui commence comme une banale comédie bourgeoise glisse imperceptiblement vers une irréalité menaçante. Qui est Claire, la femme de Chris, et comment son imagination peut-elle déborder dans la réalité ?


Est-on finalement dans la vie ou dans la tête de quelqu’un? Crimp, l’un des auteurs vivants les plus joués aujourd’hui, n’oublie jamais que la notion de personnage est clairement en crise. La Ville dégage ainsi une petite musique anxiogène, bien en phase avec notre monde virtuel. Et Guillaume Béguin fait bon usage de ce théâtre du trouble.

Clair est traductrice, Chris est informaticien. Leur couple n’est peut-être pas dans sa meilleure forme. Chris vient d’être licencié, Clair vient de rencontrer Mohamed, un auteur qui la fascine. Chris se perd dans la vacuité de sa propre existence, Clair s’égare dans les limbes de son imagination. Imperceptiblement et de façon incertaine, l’imagination de Clair, à moins que ce ne soit celle de Mohamed, semble déborder sur la vie de Chris et de leurs enfants.

Chez Martin Crimp, comme chez Harold Pinter avant lui, le langage, et plus particulièrement le dialogue, est matière à créer du trouble. Dans ses répliques, non seulement chaque locuteur émet un doute sur la parole de l’autre, mais la parole infiltre l’imaginaire de celui qui la reçoit. Elle fonctionne comme une marée néfaste qui ébranle au fur et à mesure la réalité des événements et des personnages. Cette remise en doute touche également la limite des espaces : où commence le monde extérieur, incontrôlable, et où s’achèvent les lieux fantasmés ?

Après avoir mis en scène Autoportrait et Suicide d’Édouard Levé (janvier-février 2010), Guillaume Béguin poursuit sa recherche sur l’incapacité des êtres à se définir par le langage, à arrêter leur identité et à dessiner, par le verbe, les limites de leur personnalité.

La Ville, de Martin Crimp (traduit de l’anglais par Philippe Djian)
Mise en scène Guillaume Béguin
18 au 30 jan 2011 / Black Box
ma, je, sa–19h / me, ve–20h30 / di–18h / relâche le lundi
Tarif unique : 13CHF / tarif de soutien : 26CHF

GRÜ / Théâtre du Grütli
16, Général-Dufour / 1204 Genève
+41 (0)22 328 98 68
www.grutli.ch

pierre aimar
Mis en ligne le Jeudi 23 Décembre 2010 à 16:49 | Lu 476 fois

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