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À deux pas d’Aix-en-Provence et de Saint-Maximin, depuis 2007, ce petit village varois vibre pendant des mois de préparation avec une poignée de bénévoles passionnés au rythme de l’opéra. Pendant une année durant, les habitants de Pourrières se transforment en réalisateurs des décors, des costumes d’une nouvelle production qui investira le cadre magique du Couvent des Minimes : des heures de travail offertes à la même passion de l’Art Lyrique.
Pour cette année 2013, une commande était passée au compositeur actuel Jean-Michel Bossini, le défi étant de réunir le Don Quichotte et Sancho d’Hervé composé en 1848 à un autre livret du même Hervé laissé sans musique : Don Quichotte, berger ou la nouvelle Arcadie qui sommeillait dans les étagères de la Bibliothèque Nationale. Une belle initiative de faire revivre probablement une œuvre oubliée de ce compositeur bouillonnant et singulier, véritable personnage de roman qui inventa ce genre pour les fous de l’asile Bicêtre.
Les matins, Hervé ou plutôt Louis Auguste Florimond Ronger (1825-1892) était organiste à Saint Eustache et Bicêtre avant de devenir le soir venu, un compositeur déluré dans les théâtres du boulevard du crime avant de devenir chef d’orchestre à l’Odéon puis au Palais Royal avant même de créer son propre théâtre les Folies concertantes ou dramatiques le temple de la parodie.
Il laisse une œuvre importante composée d’une centaine d’opérettes dont la célèbre Mam’zelle Nitouche (1882), des revues et plus de deux cent chansons. Pour son Don Quichotte, Hervé nous transporte avant la fin du voyage de Don Quichotte. La scénographie oublie les sempiternels moulins à vents. Tout ici se passe devant la Sainte-Victoire en fond de scène et l’emblématique fontaine du village, clin d’œil évocateur de la victoire des légions romaines conduites par le général Marius Caîus devant l’invasion des Teutons et resituant ainsi l’action à Pourrières.
L’orchestration de Jean-Michel Bossini fait la part belle à un septuor instrumental de haute volée composé de deux violons, un violoncelle, une contrebasse, une clarinette basse, un cor et un piano offrant de belles couleurs musicales et quelques hardiesses harmoniques. Sa musique tonale, inventive mélodiquement épouse totalement l’esprit du compositeur originel.
La mise en scène de Bernard Grimonet assisté du précieux travail de Luc Coadou oublie tout temps mort et offre une cohérence nécessaire au livret. Les deux tableaux de l’ouvrage s’enchaînent avec bonheur.
Ce Don Quichotte trouve un cadre idéal avec l’espace offert du couvent dont l’acoustique s’avère remarquable…On s’amuse, on prend un plaisir fou à découvrir cette partition à en oublier les caprices des cieux.
Un brin supplémentaire de fantaisie n’aurait pas nui à cette belle aventure lui offrant un soupçon de folie qui sied temps à l’esprit d’Hervé. Sur scène, il règne une ambiance saine de véritable troupe lyrique ! Louons les qualités artistiques d’une équipe de chanteurs très homogène. François Echassoux est un Don Quichotte probant et charismatique faisant oublier quelques faiblesses vocales dues à une projection faiblarde.
À ses côtés, le contre-ténor Bernard Bazin est un Sancho loufoque à souhait.
La mezzo-soprano au timbre superbe, Patricia Schnell est une Tereza parfaite tant vocalement que scéniquement. Son duo avec le Carasco de la basse Georgienne Nika Guliashvili à la voix ample et profonde est l’un des superbes moments musicaux de cette soirée.
Citons enfin l’excellent Nunez de Denis Mignien et la ravissante Juanita d’Anouschka Lara et un joli quatuor vocal composé de jeunes chanteurs tous au diapason : Émilie Cavallo, Laura Stamboulis, Eymeric Mosca et Michaël Paparone.
Une belle soirée d’été au pied de la Sainte-Victoire débutée par une dégustation de tapas et de mets locaux particulièrement réussis réalisés par les bénévoles de l’association donnant aussi à découvrir de très bons vins du terroir. De quoi ravir nos papilles et nos oreilles ! Voilà un Festival qu’il ne faut pas rater ! Rendez-vous pris pour juillet 2014….
Serge Alexandre
Pour en savoir plus : www.loperaauvillage.fr
Un dvd de ce Don Quichotte sera en vente à la rentrée… contact@loperaauvillage.fr
Pour cette année 2013, une commande était passée au compositeur actuel Jean-Michel Bossini, le défi étant de réunir le Don Quichotte et Sancho d’Hervé composé en 1848 à un autre livret du même Hervé laissé sans musique : Don Quichotte, berger ou la nouvelle Arcadie qui sommeillait dans les étagères de la Bibliothèque Nationale. Une belle initiative de faire revivre probablement une œuvre oubliée de ce compositeur bouillonnant et singulier, véritable personnage de roman qui inventa ce genre pour les fous de l’asile Bicêtre.
Les matins, Hervé ou plutôt Louis Auguste Florimond Ronger (1825-1892) était organiste à Saint Eustache et Bicêtre avant de devenir le soir venu, un compositeur déluré dans les théâtres du boulevard du crime avant de devenir chef d’orchestre à l’Odéon puis au Palais Royal avant même de créer son propre théâtre les Folies concertantes ou dramatiques le temple de la parodie.
Il laisse une œuvre importante composée d’une centaine d’opérettes dont la célèbre Mam’zelle Nitouche (1882), des revues et plus de deux cent chansons. Pour son Don Quichotte, Hervé nous transporte avant la fin du voyage de Don Quichotte. La scénographie oublie les sempiternels moulins à vents. Tout ici se passe devant la Sainte-Victoire en fond de scène et l’emblématique fontaine du village, clin d’œil évocateur de la victoire des légions romaines conduites par le général Marius Caîus devant l’invasion des Teutons et resituant ainsi l’action à Pourrières.
L’orchestration de Jean-Michel Bossini fait la part belle à un septuor instrumental de haute volée composé de deux violons, un violoncelle, une contrebasse, une clarinette basse, un cor et un piano offrant de belles couleurs musicales et quelques hardiesses harmoniques. Sa musique tonale, inventive mélodiquement épouse totalement l’esprit du compositeur originel.
La mise en scène de Bernard Grimonet assisté du précieux travail de Luc Coadou oublie tout temps mort et offre une cohérence nécessaire au livret. Les deux tableaux de l’ouvrage s’enchaînent avec bonheur.
Ce Don Quichotte trouve un cadre idéal avec l’espace offert du couvent dont l’acoustique s’avère remarquable…On s’amuse, on prend un plaisir fou à découvrir cette partition à en oublier les caprices des cieux.
Un brin supplémentaire de fantaisie n’aurait pas nui à cette belle aventure lui offrant un soupçon de folie qui sied temps à l’esprit d’Hervé. Sur scène, il règne une ambiance saine de véritable troupe lyrique ! Louons les qualités artistiques d’une équipe de chanteurs très homogène. François Echassoux est un Don Quichotte probant et charismatique faisant oublier quelques faiblesses vocales dues à une projection faiblarde.
À ses côtés, le contre-ténor Bernard Bazin est un Sancho loufoque à souhait.
La mezzo-soprano au timbre superbe, Patricia Schnell est une Tereza parfaite tant vocalement que scéniquement. Son duo avec le Carasco de la basse Georgienne Nika Guliashvili à la voix ample et profonde est l’un des superbes moments musicaux de cette soirée.
Citons enfin l’excellent Nunez de Denis Mignien et la ravissante Juanita d’Anouschka Lara et un joli quatuor vocal composé de jeunes chanteurs tous au diapason : Émilie Cavallo, Laura Stamboulis, Eymeric Mosca et Michaël Paparone.
Une belle soirée d’été au pied de la Sainte-Victoire débutée par une dégustation de tapas et de mets locaux particulièrement réussis réalisés par les bénévoles de l’association donnant aussi à découvrir de très bons vins du terroir. De quoi ravir nos papilles et nos oreilles ! Voilà un Festival qu’il ne faut pas rater ! Rendez-vous pris pour juillet 2014….
Serge Alexandre
Pour en savoir plus : www.loperaauvillage.fr
Un dvd de ce Don Quichotte sera en vente à la rentrée… contact@loperaauvillage.fr