arts-spectacles.com
Sortir ici et a
Sortir ici et ailleurs, magazine des arts et des spectacles

Membre du Syndicat de la Presse Culturelle et Scientifique (SPCS) et de la Fédération Nationale de la Presse Spécialisée (FNPS)



Paris, galerie Les filles du calvaire : Bianca Argimón, « Fake it until you lose it ». Du 9 octobre au 1er novembre 2025

Apparences lisses, douceurs trompeuses, les œuvres de Bianca Argimón se situent dans ce point de bascule où la beauté vacille et révèle, sans éclats de voix, la folie de notre époque. Elle déploie un vocabulaire aussi libre que précis - dessin, peinture, sculpture, installation - pour orchestrer un théâtre miniature où le grotesque flirte sans cesse avec la grâce.


Bianca Argimón, Sans titre, 2025, Huile sur toile, 140 x 180 cm
Bianca Argimón, Sans titre, 2025, Huile sur toile, 140 x 180 cm
Bianca Argimón explore une temporalité confuse, quelque part entre fresque antique et peinture à la tempera. Il y a quelque chose d’intemporel dans ses saynètes, une douceur grinçante qui rappelle Bosch ou Brueghel. Depuis plus de dix ans, elle manipule avec une ironie acérée nos petits drames contemporains, les tissant dans des compositions désabusées, à la fois drôles et inquiétantes.

Dans cet univers, les symboles s’entrechoquent : machines froides au sourire figé, figures anthropomorphes absurdes, animaux décalés observant le monde avec une indifférence presque philosophique, un Pinocchio aveugle guidé par le seul poids de son nez... L’humour, omniprésent, n’efface jamais l’inquiétude sous-jacente. Il en est, au contraire, le révélateur discret.

L’œuvre de Bianca Argimón pourrait passer pour celle d’une lanceuse d’alerte. Elle est bien plus que cela : un miroir doux-amer tendu à notre réalité grotesque. Elle nous entraîne dans un monde où le fou côtoie le réel, révélant avec acuité cette frontière incertaine entre lucidité et folie collective. C’est ce qu’elle nous donne à voir : une insolence silencieuse, une invitation à la révolte discrète, une colère nécessaire face à notre complaisance coupable.

Que faire alors ? Rire encore une dernière fois avant que tout ne devienne mensonge et illusion. Il suffit de regarder les figures qui dominent notre époque pour comprendre ce que notre silence autorise. Leur présence est la preuve flagrante de notre renoncement collectif. Révoltons-nous, pour ne pas fredonner en choeur la chute de notre monde.
Antoine Py & Camille Frasca

Bianca Argimón, Home sweet burning home, 2025, Crayon Luminance sur papier Arches, Quadriptyque 160 x 480 cm
Bianca Argimón, Home sweet burning home, 2025, Crayon Luminance sur papier Arches, Quadriptyque 160 x 480 cm

Info+

Bianca Argimón
Fake it until you lose it
9 octobre - 1er novembre 2025

Galerie Les filles du calvaire
21 rue Chapon
75003 Paris


Mardi : 14h - 18h30
Mercredi / Samedi : 11h - 18h30

Pierre Aimar
Mis en ligne le Dimanche 7 Septembre 2025 à 14:02 | Lu 44 fois

Nouveau commentaire :


Dans la même rubrique :
1 2 3 4 5 » ... 432

Festivals | Expositions | Opéra | Musique classique | théâtre | Danse | Humour | Jazz | Livres | Cinéma | Vu pour vous, critiques | Musiques du monde, chanson | Tourisme & restaurants | Evénements | Téléchargements