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«Modigliani et l’école de Paris», Fondation Pierre Gianadda, Martigny, du 21 juin au 24 novembre 2013

L'exposition rassemblera environ 70 oeuvres issues des collections du Centre Pompidou et complétées par une dizaine de prêts provenant de collections particulières et de musées étrangers.


Le Lapin Agile © Pierre Aimar 2012
Le Lapin Agile © Pierre Aimar 2012
Parmi ces chefs d’oeuvres, dont plusieurs ne sortent jamais ou très rarement de l’institution, sont présentés à la fois les emblématiques portraits et nus de Modigliani, ainsi que des œuvres des figures principales de l’école de Paris qui furent ses amis et parfois ses inspirateurs.

Cette exposition est centrée sur le développement de l’oeuvre d’Amadeo Modigliani (1884 - 1920) de son arrivée à Paris en 1906 jusqu'à sa mort en 1920.
Retraçant la trajectoire de cet artiste majeur, la commissaire de l’exposition, Catherine Grenier, directrice-adjointe du Musée d’art moderne, Centre Pompidou, met son évolution esthétique singulière en vis-à-vis des œuvres des artistes qui lui sont le plus proches. Elle développe une thèse originale, présentant l’œuvre de Modigliani comme la synthèse des deux cultures et des deux univers formels à l’articulation desquels il évolue : d’une part, la tradition du portrait, maintenue vivace par les artistes cosmopolites de l’école de Paris, d’autre part la révolution esthétique du cubisme.

L'exposition s’attache aussi tout particulièrement à l’amitié de Modigliani et de Constantin Brancusi. Le jeune Modigliani est en effet très vite captivé par le personnage singulier et radical du sculpteur roumain, dont la volonté de vérité et de dépouillement inspirera sa recherche de « la plénitude ». Une salle entière de l’exposition, est consacrée aux sculptures de ces deux artistes et de leurs amis modernistes, Jacques Lipchitz, Ossip Zadkine et Henri Laurens.

L’exposition fait bien sûr la part belle aux artistes de l’école de Paris, peintres et sculpteurs venus pour la plupart d’Europe centrale, qui ont contribué à faire de Paris le principal foyer de création artistique du moment et une capitale internationale de l’avant-garde. Les oeuvres de ces artistes arrivés en France au début du XXe siècle, tels que Chaïm Soutine, Jules Pascin, Marc Chagall ou Moïse Kisling, véhiculent des esthétiques différentes, marquées par l’expressionnisme et un primitivisme inspiré de leur culture populaire locale. L’une de leurs marques communes est le lien de leur pratique artistique avec la description de leur milieu amical et culturel. La pratique du portrait – des amis artistes et des membres de la famille - bien que proscrite par les avant-gardes, y garde ainsi une place importante. Modigliani se fera une spécialité de ce genre du portrait, et s’appliquera à représenter ses amis artistes et son entourage proche.

Restant figurative tout au long de sa carrière, l’oeuvre de Modigliani est cependant traversée par le cubisme. La localisation de son premier atelier, situé près du repaire des cubistes, le Bateau Lavoir, favorise cette initiation précoce aux formes les plus avancées du modernisme. La rencontre de Picasso et de ses amis ne provoque pas son adhésion au mouvement, mais va l’inciter à se soustraire à l’influence de Toulouse Lautrec qui marque ses premières œuvres parisiennes, et à engager un processus de schématisation et de stylisation. Il partage aussi leur intérêt pour les « arts primitifs », art africain mais aussi art Khmer qu’il découvre au musée ethnographique du Palais du Trocadéro.

Modigliani montre son indépendance et son absence d’esprit de chapelle par la diversité de ses amis, rencontrés dans ses ateliers de Montmartre puis de Montparnasse. Suzanne Valadon et son fils, Maurice Utrillo, André Utter, Jules Pascin, Gino Severini, Constantin Brancusi, Amadeo de Souza Cardoso, Max Jacob, Jacques Lipchitz, Ossip Zadkine, Moïse Kisling, Chaïm Soutine, Georges Kahrs, Marc Chagall, Diego Rivera, André Derain, Ortiz de Zarate, et Pablo Picasso qu’il fréquente surtout après la guerre, forment le milieu dans lequel il évolue. Modigliani traverse le moment où les avant-gardes se solidarisent, puis le temps des déchirements et des défections, sans dévier de sa route qui s’apparente à un processus progressif de purification. De plus en plus désincarnés, ses portraits à la schématisation célèbre, avec leurs yeux sans pupilles colorés d’un bleu irréel, deviennent comme des masques se découpant dans un décor de peinture pure, comme les marionnettes d’un théâtre métaphysique.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 29 Mars 2013 à 20:32 | Lu 625 fois

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