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Lucien Jacques, le sourcier de Giono, au musée Regards de Provence, Marseille. Exposition du 30 octobre 2019 au 16 février 2020

On a souvent lu et vu Lucien Jacques (1891-1961) à travers son amitié singulière avec Jean Giono. Cette exposition – qui se déroule en parallèle de l’exposition « Giono » du Mucem – ne peut échapper totalement à ce regard, elle entend pourtant montrer une autonomie de l’œuvre de Lucien Jacques.
Il s’agit ici de proposer des thèmes permettant de rendre justice à la force et au talent de Lucien Jacques.


Lucien Jacques, série « … accompagnés de la flûte », 1959. Épreuve de gravure sur bois de fil, 19 × 12,5 cm. Pour le livre éponyme de Giono, impression Rico & Auphan, Manosque. Collection Association des amis de Lucien Jacques © Mucem / François Deladerrière
Lucien Jacques, série « … accompagnés de la flûte », 1959. Épreuve de gravure sur bois de fil, 19 × 12,5 cm. Pour le livre éponyme de Giono, impression Rico & Auphan, Manosque. Collection Association des amis de Lucien Jacques © Mucem / François Deladerrière
« J’ai trouvé ce matin suspendue à ma porte la flûte du dieu Pan »

La question des mythologies est une constante dans l’oeuvre de Lucien Jacques, ce qui au demeurant n’a pu manquer de le rapprocher de Giono.
Un certain goût pour l’antique se manifeste dans l’immédiat après-guerre au travers de sa fascination pour Isadora Duncan, danseuse, apôtre de la vie « naturelle » des anciens Grecs. En 1919, Lucien Jacques, sorti des années de guerre (période que l’on retrouvera à plusieurs reprises dans son oeuvre, notamment dans les publications autour du Cahier de moleskine paru chez Gallimard et récemment réédité), se passionne pour l’art d’Isadora Duncan (qui décédera dans un accident en 1927). Il réalise une série de dessins, il publie sur elle un article. L’engagement politique de la danseuse qui partira s’installer quelque temps à Moscou éveille sa sympathie.

« Nous avons été très unis de marcher du même pas, dans des lieux qui nous plaisent. »
En complément de l’exposition du Mucem, les portraits, correspondances, journaux illustrent l’amitié singulière de Lucien Jacques et de Giono. L’inlassable activité de Lucien Jacques comme éditeur (à travers les différentes séries des Cahiers de l’artisan) y est pour beaucoup. Après l’abandon du projet de revue qu’il avait imaginée avec Jean Giono, Quatre mains, sa deuxième grande tentative éditoriale est celle des Cahiers du Cantadour, revue trimestrielle qui paraît à huit reprises et qui accompagne l’expérience de cette communauté et de ses onze rencontres de 1935 à 1939. Dans les faits, c’est bien l’opiniâtreté du seul

Lucien Jacques qui maintiendra le Contadour. « Lucien tenait compte de tous et savait tout car le Contadour, c’était lui ! Les liens d’amitié étaient entretenus par lui qui écrivait, contactait, animait le groupe. »

« À peine si une pellicule d’eau colorée sépare l’objet de son reflet. »
Lucien Jacques découvre l’aquarelle pendant la guerre de 1914-1918 et il va sans cesse perfectionner la technique, à contre-courant de ses contemporains, en recherchant toujours plus la lumière. Peintre de plein air, « à découvert » comme il se qualifie, il recherche la spontanéité du geste.

« Lucien Jacques, peut-être le dernier aquarelliste mais sans aucun doute le meilleur, sinon le premier », disait Jacques Prévert.
Lucien Jacques pratique l’aquarelle en direct, sans dessin préalable.
Comme l’expose Giono dans un entretien télévisé de 1959, l’aquarelle, « c’est presque toujours une peinture de brio (…) et d’intelligence – il faut comprendre le paysage (…) avec beaucoup de sentiments pour pouvoir l’exprimer comme il faut – et Lucien, Lucien a exprimé ça d’une façon admirable ».
C’est une Provence inattendue qui est retracée dans cette oeuvre, qui n’est pas sans rappeler celle évoquée par une lettre à Lucien Jacques, le 7 février 1928 : « Imagine-toi, après un col aimable où la route passe entre deux vagues de terre rouge portant des oliviers, le déploiement subit du Plateau. (…) Le bois est court, on le domine de la tête et, ainsi de toute part, l’étendue du plateau est visible. C’est très exactement une toison de bête fauve qui
couvre la terre. La couleur est d’un vert gris, coupé de bleus ; le ton général est bleu. J’ai pensé à toi. Je t’ai vu avec ton carton
et ta boîte. Je t’ai vu et je t’y verrai car il faudra que je te fasse connaître ce pays… »

Pour citer un extrait d’une des préfaces que Giono rédigea sur l’oeuvre de son ami : « Il y a une harmonie silencieuse couchée dans les formes, les soulevant ici en collines et là les recourbant en plaines, et elle se continue dans mon coeur, dans mon âme, lui imposant son rythme, soulevant et recourbant toute la passion de ma vie à la mesure de cette passion de la terre. Quand je regarde le visage du monde, une sorte d’émail remplit toute
l’ouverture de mes yeux. »

L’exposition est coproduite par le musée Regards de Provence et le Mucem, avec le concours de l’Association des amis de Lucien Jacques et le soutien de Durance Lubéron Verdon Agglomération (DLVA).
Le catalogue est coédité avec Actes Sud, avec trois lettres inédites de Jean Giono à Lucien Jacques.
Un billet couplé pour visiter les expositions Giono et Lucien Jacques est proposé au prix de 11 euros (tarif plein seulement).

Informations pratiques

Musée Regards de Provence :
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h.
Fermeture des guichets à 17h30.
Fermeture annuelle : 1er janvier, 1er mai, 15 août, 25 décembre.

Billets couplés avec le Mucem
Un billet couplé pour visiter les expositions « Giono » et « Lucien Jacques, le sourcier de Giono » est proposé au prix de 11 € (tarif plein seulement)

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 28 Octobre 2019 à 18:16 | Lu 519 fois

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