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Louis Boilly, exposition au Palais des Beaux-Arts de Lille du 4 novembre 2011 au 6 février 2012

Louis Boilly est l’un des plus beaux peintres français des XVIIIe et XIXe siècles dont la renommée a su jouer des vicissitudes de l’Ancien Régime à la Révolution française, de l’Empire à la Restauration, tant il fut au coeur des événements historiques qui ont secoué la France et l’Europe.


Louis Boilly, exposition au Palais des Beaux-Arts de Lille du 4 novembre 2011 au 6 février 2012
Il a 28 ans en 1789, et meurt trois ans avant la révolution de 1848, à l’âge de 84 ans.
Tout au long de sa carrière, Boilly n’aura de cesse de faire des changements de société ses thèmes privilégiés. Qui pense vie quotidienne ou chroniques des moeurs parisiennes voit les tableaux, les dessins et les gravures de Boilly : du Triomphe de Marat (Palais des Beaux-Arts, Lille ; Musée Lambinet, Versailles) aux Galeries du Palais Royal (Musée Carnavalet, Paris ; The Art Institute, Chicago); des Scènes de boulevard (National Gallery, Washington) aux Politiciens au jardin des Tuileries (Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg). Fortes d’une célébrité jamais démentie, ses oeuvres sont appréciées dès son vivant. Sa peinture fine, inspirée des maîtres hollandais du XVIIe siècle, mais révélatrice par ailleurs de son admiration pour l’art de David, plaît aux collectionneurs de l’époque en quête d’une peinture à la facture lisse, nette, d’une technique savante et illusionniste. Aujourd’hui, les plus grands musées internationaux cherchent à acquérir des oeuvres de Boilly aux prix d’adjudication souvent prodigieux.

Honorée du label d’intérêt national, l’exposition du Palais des Beaux-Arts de Lille sera la première grande rétrospective internationale consacrée à Boilly, destinée à célébrer le 250eme anniversaire de sa naissance à La Bassée, aux portes de Lille. Les ouvrages d’Henry Harrisse (1898), de Paul Marmottan (1913) et de Mabille de Poncheville (1931) donnèrent le coup d’envoi à la recherche sur Boilly. La première exposition, organisée par les amis du Musée Carnavalet (1930), puis celles des Musées Marmottan (1984), de Lille (1989) et de Fort Worth aux Etats-Unis (1996) mirent en lumière un nombre choisi d’oeuvres.

Réunissant 190 peintures, dessins, lithographies, miniatures et pièces de mobilier issus des plus prestigieux musées internationaux, l’exposition de Lille propose un regard inédit et complet sur la production de Boilly. En sept sections chronologiques et thématiques retraçant l’itinéraire du peintre, l’événement rassemblera ses grands chefs d’oeuvre conservés à Paris et dans la région Nord-Pas de Calais mais aussi en Angleterre, aux Etats-Unis, en Russie, en Allemagne et dans de nombreuses collections particulières.

Les accents romantiques de sa sensibilité, proche de l’esprit britannique, son regard humaniste et incisif, reflet de ses origines septentrionales et de l’esprit néoclassique de David, son intérêt technique pour la lithographie et l’optique sont les ferments du vaste monde pictural de Boilly. L’exposition évoquera naturellement la virtuosité du portraitiste, l’aspect le mieux connu de sa production, mais elle démontrera surtout l’envergure du talent d’un peintre étonnant, chroniqueur malicieux constamment attentif aux faits de son époque et à leur incidence sur ses contemporains. Facétieux, Boilly a également aimé pratiquer l’art du trompe-l’oeil, renouvelant le genre avec un don exceptionnel. Le plaisir de la caricature n’est jamais loin; il s’adonne avec truculence à la transformation grinçante des visages et des corps, annonciatrice de Daumier et du développement moderne de la peinture au XIXe siècle.

Biographie de Louis Boilly (La Bassee, 1761 – Paris, 1845)

Peintre, dessinateur, lithographe, Louis Boilly naît en 1761 à La Bassée, aux portes de Lille. Fils d'un modeste sculpteur sur bois, il séjourne très jeune à Douai (1774-1778), puis à Arras où il aurait été formé par le peintre de décors Lecrosnier et peut être aussi par le peintre Doncre qui l’aurait initié à l’art du trompe-l'oeil. Dès 1785, Boilly est à Paris. Deux ans plus tard, il épouse Marie-Madeleine Desligne, une arrageoise, fille de marchand, qui lui donnera cinq enfants. Trois mourront en bas âge. En 1788, il rencontre Antoine Calvet de Lapalun (1736-1820), fils d’un riche homme de loi et collectionneur avignonnais. Il sera son premier mécène et le charge d’un ensemble de huit oeuvres (quatre au musée de Saint-Omer) précisant lui-même les thèmes. Exécutées entre 1789 et 1791, ces petites scènes, au ton mimoralisateur, mi-galant, se caractérisent par une facture porcelainée aux accords colorés qui a permis d'évoquer Fragonard.

Sous l’influence du peintre et marchand d’art Lebrun, Boilly expose au Salon de la jeunesse, à Paris de 1788 à 1791. L’ouverture en 1793 du Salon du Louvre à tous les artistes lui permet de se faire connaître d’un plus large public. Il y expose régulièrement jusqu’en 1824, puis une dernière fois en 1833. Du Boilly de l’Ancien Régime, l’on apprécie ses tableaux de genre aux formats intimistes, consacrés aux scènes familières dans la tradition septentrionale. Du Boilly portraitiste, l’on goûte ses petits portraits qui ont fait sa renommée. S’il en expose peu au Salon (à deux reprises seulement, en 1795 et en 1800), il en aurait produit des milliers aux mêmes dimensions (22 x 16 cm). Sur un fond neutre, souvent gris, proche de l’esthétique néoclassique d’un David, Boilly cadre au plus près de l’individu. Bourgeois bien mis, édiles parisiens, femmes coquettes forment une vaste galerie de portraits auxquels le nom de Boilly reste attaché.

La Révolution semble le laisser dans l’incertitude, voire dans l’embarras. Les premiers sujets de ses tableaux et de ses gravures sont critiqués et dénoncés. Les accusations de son compatriote Wicar, portées au nom de la décence, ont longtemps fait croire à un ralliement forcé de Boilly à la République. Son célèbre Triomphe de Marat (1794, musée de Lille) répondait en réalité au concours de l’an II. Cessée en 1792, la collaboration avec son mécène Lapalun laisse place à une production plus aboutie, en prise directe avec les évènements citadins liés aux années du Consulat et du Premier Empire. Boilly s'attache alors à saisir, en notations rapides et justes, l'ambiance du moment choisi. Habitant au centre de Paris - il déménagera huit fois – le peintre évolue au coeur de la vie parisienne avec aisance et succès. Scènes d’intérieurs ou de boulevards, cafés, théâtres, jardins publics : il donne à voir une nouvelle urbanité aux effets de foule savamment ménagés.

La virtuosité de son exécution, la fantaisie, voire l'humour de son inspiration, s'expriment librement dans les scènes de la vie parisienne. Le souci d'une description minutieuse, que l'emploi de la grisaille imitée de la gravure rend illusionniste (Les Galeries du Palais-Royal, 1809, Paris, musée Carnavalet) et le conduit au trompe-l'oeil (Guéridon aux pièces de monnaie, v. 1808-1814, musée de Lille), témoigne d’une familiarité profonde avec les oeuvres hollandaises du XVIIe siècle (Ter Borch, Dou, Van Mieris), que les collectionneurs recherchaient, Boilly le premier. En revanche, sa facture pure et lisse pour définir formes et reliefs, l’habileté et la vie de ses mises en scène rappellent l’adhésion du peintre à l’art de David qu’il admirait (Jeune fille à la fenêtre, vers 1799, Londres, National Gallery).

Chronique des milieux artistiques, sa série des Ateliers - thème courant au XIXe siècle (Houdon dans son atelier, 1804, Paris, musée des Arts décoratifs) - est un exemple de la diversité de son talent de portraitiste, combinant à la fois portrait collectif, portrait individuel et étude d'expression, notamment pour son Atelier d'Isabey (1798, Louvre). Boilly aborde également un certain romantisme en brossant plusieurs portraits en pied, sur fond de paysage (Mlle Athénais, 1807, Paris, Musée du Petit Palais) dont la précision raffinée, rappelant celle de son contemporain Ingres, ne nuit pas à la poésie du sujet.

Recourant souvent au lavis et à l’aquarelle dans ses dessins (L'Enfant puni, musée de Lille), Boilly est aussi un prodige de la lithographie. Sa rencontre, en 1807, avec le docteur allemand François-Joseph Gall, père de la phrénologie - cette discipline voyant dans la morphologie du crâne la manifestation de certains traits de caractère - influence probablement Boilly dans sa réalisation des Grimaces (1823), cette fameuse série qui, en 92 caricatures grinçantes, pointait les travers de ses contemporains, annonçant l’art mordant d’un Daumier à venir.

Pratique

Exposition Boilly visible du 4 novembre 2011 au 6 février 2012

Palais des beaux-arts de Lille
Place de la République - 59000 LILLE
www.pba-lille.fr
33 (0)3 20 06 78 00

Horaires : ouvert le lundi de 14 h à 18 h et du mercredi au dimanche de 10 h à 18 h.
Fermé le lundi matin et le mardi toute la journée.
Ouverture de l’exposition en nocturne jusqu’à 21h les vendredi 25 novembre, 23 décembre et 27 janvier.

Tarifs
Exposition seule : 7,50 € / 6 €
Exposition + collections permanentes : 11 € / 7,50 €
Catalogue d’exposition
Editions Nicolas Chaudun, 288 pages, 39 €
Le catalogue bénéficie du mécénat de Dubus SA.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 21 Septembre 2011 à 14:26 | Lu 1551 fois

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