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La Rêveuse éveillée, de Maria Laborit. L’Harmattan.


Maria Laborit, la comédienne de théâtre, télévision et cinéma qui écrit ce livre, adresse un appel à son père Henri Laborit. 
Médecin, chirurgien, et biologiste, il a introduit en psychiatrie les neuroleptiques et le GHB qui révolutionne l’anesthésie.
On est chez les scientifiques, les eutonologues dit-il. (Eutonologie = étude du maintien d'un tonus normal)

Et Maria qui veut faire du théâtre !
Contre les désirs de son père !
« Quand je lui ai annoncé, très jeune mon souhait, il m’a asséné : « C’est un métier de perroquet, ce n’est pas un métier créateur, tu répètes les mots des autres et si tu fais du théâtre, c’est parce que tu n’es pas capable de faire autre chose. » 

Mais elle a en elle un « désir de scène comparable à la passion fiévreuse : ainsi est cette tragédienne, cette femme ardente, qui accepte totalement lorsqu’elle l’a décidé. 
En écriture non plus, elle ne se dérobe pas.
Elle écrit avec le désespoir de l’Energie. »


Le livre de Marie Laborie est à son image : difficile à déchiffrer, tant par sa langue heurtée que par une composition en décalé, sans chronologie, où les personnages s’entrechoquent parfois sans logique.
L’analyse, les sentiments sont dominants et violents. 
« Elle ne peut plus rêver, mon impossible amour, mon père, m’a laissée, je dois apprendre à désirer le métier d‘actrice que j’ai choisi contre le désir impérialiste d’un père qui voulait que son enfant préféré choisisse la même vie de la recherche scientifique que lui. »
Ainsi fait-elle partie des « théâtreux ». Plongée au cœur de ce milieu, « Roland Bertin, toujours aussi bien », elle rencontre Catherine Hiegel, «  là, toute entière, corps, voix, geste dans ce qu’elle joue. Etonnante femelle, pas belle, mais très sensuelle, quelle comédienne bravo ! »
Le désir du théâtre la pétrit tout autant  : « Ah , m’évanouir dans une mélodie du mot amoureux comme un thème schubertien. Délicatesse la plus sure parce qu’elle n’est jamais recherchée. »
« J’ai téléphoné à Benoite Groult à Yerres. Elle avait l’air sincèrement contente. »

Maria Laborit évoque au fil du temps son travail de théâtre et ses rôles divers.
« Je vais me doubler en Italien en novembre : Fabio a vu le film, il est content, sa voix a changé … »

Tourments avec le père mais aussi avec la mère…
La mère, plus en ombre qui n’est pas oubliée…
« Je suis assise à mon bureau et j’ai devant les yeux les deux petites photos de toi ma mère et de mon père, lui, casquette de Navale de côté, regard de dompteur, toi, incroyablement lisse de l’intérieur et de l’extérieur, terre à modeler, avec cette lumière qui éclaire la limpidité du regard. Mon père, lui, est concentré comme un enfant rageur. »

Le lecteur l’a compris, ce livre n’est pas un roman.
Il évoque, il raconte, il avance et repart, il est difficile à suivre et l’on découvre assez vite qu’il ne faut pas suivre. Mais butiner ce texte, dans la trace hasardeuse de Maria Laborit.
Une thérapie face à la mort du père… ?
Jacqueline Aimar


La rêveuse éveillée
Maria Laborit
L’Harmattan
Collection Théâtre des 5 continents
Broché - format : 13,5 x 21,5 cm • 160 pages
ISBN : 978-2-343-17331-3
EAN13 : 9782343173313
EAN PDF : 9782140126833
17 €

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 12 Novembre 2020 à 15:22 | Lu 413 fois

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