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La Mégère apprivoisée, de Shakespeare. Adaptation et Mise en scène de Mélanie Leray au Théâtre de La Criée (Marseille), du 28 au 31 Janvier 2015. Par Philippe Oualid

C'est presque une farce que La Mégère apprivoisée, avec son prologue bouffon qui nous présente un pauvre ivrogne contraint d'assister au spectacle d'une jeune femme acariâtre et rebelle, Catharina, amenée à se corriger sous l'influence d'un époux extravagant, Petruchio, rude et clair dans ses desseins.


© Enguerrand
Quoique très compliquée dans son intrigue secondaire, caractérisée par des travestissements de valets , de parents, et une folle cascade de surprises, la pièce repose sur une action principale simple et solide, donnant à voir l'évolution d'une mégère violente et de caractère difficile qui va devenir une épouse angélique, domptée jusqu'à prêcher l'obéissance à l'endroit de son mari. . . C'est là certainement la pièce la plus vivante et la plus amusante que Shakespeare ait écrite, une pièce de jeunesse gaillarde et parfois grossière, qui trouve sans aucun doute sa source dans les fabliaux du Moyen-âge.
Mélanie Leray la met en scène dans une traduction très remaniée de Delphine Lemonnier-Texier qui fait valoir la vivacité de la langue, sa force polémique ou comique, et dans une scénographie de boîte de nuit des années 70, devant un grand écran sur lequel sont projetés de temps à autre les visages des acteurs en gros plan.
En guise de prologue, nous devons écouter le discours d'Elisabeth 1ère à son armée où elle s'excuse d'être une Femme. . . Mais le sérieux n'est pas de mise ici, et d'emblée les soupirants de Bianca (Clara Ponsot), la soeur de la Mégère, Luciano (Yval Rozman), Gremio (Jean-François Wolff), Hortensio (David Jeanne-Comello), et même Petruchio, vont gesticuler comme des marionnettes ou des hystériques, vociférer comme des clowns, danser frénétiquement, où pénétrer soudainement dans la salle, en escaladant les premiers fauteuils d'orchestre occupés par des spectateurs ! A plusieurs reprises, une chanteuse de blues (Ludmilla Dabo) s'empare d'un micro pour détendre l'atmosphère ou solliciter la rêverie. . . En revanche, face à eux, les deux principaux comédiens: Laetitia Doseh (Catharina) et Vincent Winterhalter (Petruchio) déploient tout leur talent à exprimer les rapports de domination ou de soumission qui les régissent dans les scènes équivoques où la comédie côtoie le drame. Mais dans l'ensemble, Mélanie Leray nous propose un spectacle de dérision fort divertissant, mouvementé et joyeux, qui ne s'attarde pas lourdement sur la question de la liberté ou de l'oppression de la Femme, et nous livre somme toute une étude de caractères intelligente, nuancée, exploitée avec beaucoup d'habileté.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 29 Janvier 2015 à 20:00 | Lu 694 fois

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