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L'Hôtel de Paris Saint-Tropez et « Les Conversations d'Agnès » reçoivent Dominique Schneidre le jeudi 11 septembre 2025 à 19h30


L'Hôtel de Paris Saint-Tropez et « Les Conversations d'Agnès » reçoivent Dominique Schneidre le jeudi 11 septembre 2025 à 19h30

Dominique Schneidre : Le temps retrouvé...

C’est un chemin de terre qui mène à un petit coin de paradis, battu par les vents, gentiment dominant, ouvert sur la baie des Canoubiers qui se découpe entre les troncs robustes et tortueux de pins centenaires desquels se dégagent une sérénité absolue, une impression de temps suspendu. Franchir les portes de ce lieu insoupçonné - comme nombreux à Saint-Tropez malgré l’épidémie de maisons modernes et de piscines à débordement - c’est entrer dans un Saint-Tropez secret et discret qui nous fait dire que rien n’a changé… Rien n’a changé de la beauté absolue de cette presqu'île dans laquelle arrivaient en 1946 Charles et Lilian Schneider, les parents de Dominique Schneidre, alors en quête d’un endroit paisible. Le premier, maitre de forges et dirigeant des usines Schneider et Cie au Creusot fut l’un des plus grands industriels français : Le Pont Alexandre III, dit « le Pont de papa » c’est lui, l’acier de la Tour Eiffel ce fut son grand-père Eugène, de même que Le Port de Columbo ou encore, en 1837, la première locomotive française… La seconde, actrice et petite-fille de Jules Guesde, leader socialiste et fondateur du Parti ouvrier français, fut une personnalité originale, dotée de beaucoup de fantaisie et passionnée par tout ce qui était social.
Dominique Schneidre © DR
Dominique Schneidre © DR

C’est elle qui baptisa la propriété du doux nom de « La Paressouso », la paresseuse en provençal, dont Dominique dit en riant : « C’est tout le contraire, je n’ai jamais vu une maison dans laquelle on travaillait autant ». À commencer par elle, qui se lève à 5h30 tous les matins et explique : « je veux commencer à travailler sans qu’il n’y ait de réalité qui ne soit venue me déranger ». La réalité, c’est-à-dire « les gens ». Il est vrai que Dominique, qui fut, dans une première vie, psychanalyste et est aujourd'hui écrivain, sait ce qu’est le silence. Et sa nécessité. À son actif, une dizaine de livres dont le premier « Atteinte à la mémoire des morts » (Robert Laffont) qui lui offrit une entrée retentissante en littérature en 1987 mais aussi « Ce qu’en dit James » (Seuil) qu’elle adore, « Trois verres de vodka » (JC Lattès) qui évoque sa grande amitié avec le réalisateur Zulawski ou encore « Fortune de mère » (Fayard) très en rapport avec son histoire familiale, marquée par le deuil brutal d’un père alors qu’elle avait 18 ans, emporté par une embolie après une jambe cassée sur son bateau « L'Aile Blanche » à Saint-Tropez. Deuil douloureux d’un père adoré et changement d’orientation d’un destin qui était tout tracé puisqu’« à dix ans, se souvient-elle, j’étais capable de faire visiter l’usine toute seule ». Et, possiblement de reprendre le flambeau.

Il n’en sera rien, après un mariage à 20 ans, puis un enfant dans la foulée, Anne-André Reille, elle décide, en 1968, de faire sa propre révolution. Elle a alors 26 ans. Un enfant sous le bras et le désir d'une vie intellectuelle plus que mondaine. Elle entame dans un même élan une analyse et des études de psychologie (Diatkine fut son maitre, Green l’un de ses professeurs) qui la conduisent à un DEA puis à une ouverture de cabinet : « Sans l’analyse, dit-elle, je n’aurais pas écrit ».
Mais sans arrêter les thérapies avec ses patients non plus. Soigner ou sublimer, il fallait choisir.

Aujourd’hui, l’écriture la rend heureuse - elle fourmille d’idées - la lecture aussi ainsi que le temps passé à Saint-Tropez, village aimé, village fouillé, village étudié, partagé avec des familles amies comme celle de Paul Signac dont la petite-fille Françoise Cachin, puis l’arrière-petite-fille Charlotte furent et sont des amies proches. La première, historienne de l’art et remarquable directrice du Musée d’Orsay, a organisé une exposition en 1995 sur l'histoire familiale de cette dynastie : « Les Schneider, Le Creusot : une famille, une entreprise, une ville : 1836-1960 » qui donna naissance à un très beau catalogue que nous ouvre Dominique à l’ombre de ses pins, dans son salon d’été avant de nous présenter d’un œil rieur et perçant son dernier livre qui est aussi le fruit de cette très belle amitié trans-générationnelle entre les gardiennes fidèles d’un temple précieux : Saint-Tropez. Le Saint-Tropez éternel et intemporel. Ce livre « Les déjeuners de la Hune » (Le Geste d’Or) en hommage à la maison de Signac est une invitation à se mettre à la table de ces bohèmes aussi joyeux que sérieux, aussi artistes qu’engagés, aussi libres que rigoureux qui sont le point de départ de la formidable histoire artistique de ce village comme nous l’aimons, fait d’ouverture et d’avancées, d’amour et d’amitié, de création et de transmission. Un terreau romanesque que Dominique a recréé avec talent nous (re)plongeant dans la langue de l’époque et dans sa légèreté.
Agnès Bouquet

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 9 Septembre 2025 à 15:40 | Lu 51 fois

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