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Jazz à Saint-Rémy. La pureté complexe des frères Thomas et David Enhco, un délicieux plaisir : « On s’en fout des notes qu’on joue, on joue pour les anges »

Magnifique coucher de soleil depuis la terrasse de l’Alpilium ; apéritif avec le Pierre-François Morin Quartet, un bon moment de cette fin d’été. Pour cette 11e édition et 10e anniversaire de Jazz à Saint-Rémy. Un festival en deux temps ; lancé en juillet par Jazz sous les étoiles, pour faire rêver et faire envie. Et réalisé en septembre avec Jazz à Saint-Rémy.



Pour ce concert des pointures comme on dit, avec les deux frères, Thomas et David Enhco ; nous les avions déjà rencontrés à Parfum de Jazz, lors d’une soirée à Saint-Paul Trois Châteaux, l’été dernier. Plaisir d'une nouvelle rencontre.

Deux frangins complices
Ce sont deux jeunes et grands du jazz, venus d’une famille très artiste ; « nous sommes presque tous musiciens, comédiens ou peintres », j’ai nommé la famille Casadesus. Leur arrière grand-mère Gisèle, disparue en 2017 a donné par sa grâce et son charme des traits et un sourire à ces deux artistes d’un autre genre.

Attaque au piano tout en légèreté, par une frappe de clavier très classique. Aussitôt c’est l’atmosphère alors qu’il est très dur « d’ouvrir » une salle très silencieuse. David lance alors de longues phrases musicales rythmées en ruisseau qui coule. Les deux frères font tour à tour la présentation des standards alternant remarques d’humour et plaisir de complicité ; ils alternent aussi de longues phrases au piano brillantes et passionnées et d’autres à la trompette. C’est indubitablement une musique construite, ironique qui semble souvent se moquer d’elle-même. Les deux frères jouent mais aussi ils s’amusent ; c’était What’s new ?

Tous deux font preuve du même humour, alternant les compositions, car tous deux composent ces œuvres qu’ils jouent. Ainsi de cette lettre d’amour imaginaire qui se fait peu à peu angoissée…
Pourtant ils sont différents ; David, 32 ans, cheveux sombres et mal barbu, qui ne manque pas de puissance, à visage décidé ; et Thomas, visage encore juvénile, à chevelure bouclée.
Et puis ils parlent de leur parrain en jazz pour le remercier : Didier Lockwood, à qui ils doivent expérience et conseils. Lockwood grand amateur de classique qui leur a peut-être fait rencontrer Monteverdi et Si dolce è il tormento, un des grands airs de la musique baroque, si triste et si doux. « On s’en fout des notes qu’on joue, on joue pour les anges ».
Et puis voilà All the things you’re, un des standards avec lequel ils ont débuté, brillant et très syncopé ensuite, et à la manière d’une fugue. On note de belles impros en alternance piano et trompette et en souplesse. Et puis ce conseil en fin de première partie « n’oubliez pas de rallumer vos portables ! »

Un quartet ensuite
Lors de la seconde partie, on joue en quartet, plus musclé : s’ajoutent aux deux frères Enhco, Jeremy Bruyère à la basse et le batteur, Nicolas Charlier. On change de genre. Et de rythme : la composition de Thomas se fait orientale, elle parle d’un pays morne et plat ; elle mêle des sons étranges fabriqués à même les cordes du piano et les interprètes s’amusent à jouer. Ça se fait puissant et rythmé, puissant et dramatique, sons rares et clochettes. Et Thomas raconte ; on est en Syrie dans le désert du Wadi’Rum ; il joue debout utilisant le piano de toutes les façons, harpe et timbales. Avec les Childhoods Memories de David Enhco, tout se fait perlé et doux, l’enfance est claire et heureuse, telle, peut-être, qu’a été la leur.. Ça fait du bien le bonheur ! On devrait en parler, le chanter plus souvent. La basse dans la ligne mélodique du piano s’aide des petits battements de Nicolas Charlier.
Ils offrent tous les quatre une musique à suivre, à deviner, presque passionnante.
Et on continue avec en alternance des séquences à la David Enhco, notes heureuses et rythme fortement marqué. Avec You’re just a ghost, composé à 20 ans par Thomas et l’aide de Didier Lockwood, et titré par Caroline Casadesus, sa mère, c’est une vraie mélodie qui prend jour, s’appuie au piano par des élans classiques et sur les fougues rythmées du jazz avec trompette, basse et rythmique.

Ce concert de Jazz à Saint Rémy, a offert au public, s’appuyant sur le jazz, une forme un peu diverse de musique, excellente et fraîche, une musique qui se renouvelle et s’enrichit des autres plaisirs de l’oreille et des rythmes, comme rajeunie.
Pour notre plus grand plaisir.
Jacqueline Aimar

Mis en ligne le Mercredi 19 Septembre 2018 à 09:05 | Lu 736 fois

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