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Interview d'Alain Brunet, président du festival Parfum de Jazz à Buis-les-Baronnies et en Drôme

La 14e édition du festival Parfum de jazz approche. Alain Brunet, fondateur du festival mais aussi trompettiste de talent (il est cité dans la dernière édition du dictionnaire du jazz), dévoile les coulisses de Parfum de Jazz.


Alain Brunet © DR
Alain Brunet © DR
Parfum De Jazz : L’actualité du festival, c’est son déroulement non seulement à Buis-les-Baronnies, mais aussi à Saint-Restitut, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Bouchet… Pourquoi cette évolution ?

Alain Brunet : Un certain nombre de communes souhaitent accueillir des concerts de jazz durant les mois d’été, mais elles n’ont pas toujours les moyens de s’offrir des musiciens de grande qualité. Parfum de jazz leur offre cette opportunité, en mutualisant les ressources dont il dispose faisant ainsi rayonner le festival sur toute la Drôme provençale ! Cela dit, nous n’irons pas au-delà de ce territoire déjà très vaste. Ainsi, nous créons l’événement et participons au fait que l’été en France, le jazz devient une musique très écoutée.

PDJ : Concernant la programmation, parlez nous des hommages aux Grands du jazz ?

A.B : L’histoire du jazz est de plus en plus méconnue. Nous proposons donc de la revisiter avec des artistes français et étrangers. Cependant, il ne s’agit pas de redonner à écouter en beaucoup moins bien la musique de stars disparues mais, au contraire, de se livrer à un travail de création autour d’un artiste, d’un groupe, d’un courant… Nous aurons ainsi une soirée consacrée à Henri Salvador, dont l’œuvre est largement méconnue, une autre à Marilyn Monroe qui fut aussi, le saviez-vous, une chanteuse de jazz. La dernière soirée fera honneur au chanteur instrumentiste Ray Charles. Voilà quelques-uns des artistes auxquels nous rendons hommage, sans oublier Michel Petrucciani qui vécut son enfance en Drôme et dont la mémoire sera très présente pour les concerts d’ouverture du festival.

PDJ : Grande première cette année, le Big Band de l’INJA (Institut National Des Jeunes Aveugles) extrêmement talentueux jouera sur scène à La Garde-Adhémar en première partie de Florin Niculescu. Comment avez-vous connu ce Big Band ?

A.B : L’idée d’inviter le Big band de l’INJA est née d’une rencontre avec Boris Bertin. Le directeur de l’association ARPEJEH agit avec talent et énergie et aide les handicapés adolescents et adultes à s’insérer sur le marché du travail. Ce chantier immense que conduit Boris Bertin et son équipe mérite un grand respect. Fidèles à l’esprit d’ ARPEJEH, nous avons proposé au Big band de l’INJA de venir en résidence à Saint-Paul-Trois-Châteaux. Au cours de la semaine, ces jeunes musiciennes et musiciens travailleront avec une star du jazz français, Xavier Richardeau. Ils donneront des concerts dans le cadre du festival : scènes gratuites dans les villages en journée et un concert en soirée, le 22 août, en première partie du trio de Florin Niculescu à La Garde Adhémar (Val des Nymphes). Nous participons ainsi modestement à l’intégration des jeunes handicapés dans le monde de la culture vivante.

PDJ : Des personnalités politiques assisteront au festival… Pouvez-vous nous en dire plus ?

A.B : Nous accueillons chaque année des personnalités diverses, à l’image des autres festivals de Provence. Nous serons heureux d’accueillir pour la seconde fois, mercredi 22 août, le président de la Région Rhône-Alpes. Jean-Jack Queyranne est une personnalité politique, mais c’est aussi et surtout un homme de culture et sa venue, comme celle de Didier Guillaume, président du Conseil Général de la Drôme, fidèle de notre festival, nous honore.

PDJ : Votre festival existe depuis 14 ans. Comment vous est venue l’idée de PDJ ?

A.B: Ce festival est né en 1999, après l’élection comme maire de Buis-les-Baronnies de Jean-Pierre Buix, un ancien camarade de classe. Il a aussitôt manifesté beaucoup d’intérêt à l’idée d’un festival de jazz dans sa commune. Avec quelques amis qui avaient en commun l’amour du jazz, nous avons organisé deux soirées, puis trois, puis quatre… Puis une semaine, et depuis deux ans, le festival s’étend sur deux semaines : la première à Buis-les-Baronnies et la seconde, dans des communes situées en Tricastin, à l’ouest de la Drôme provençale. C’est un pari un peu fou car l’organisation du festival repose uniquement sur une équipe de bénévoles, dynamique et soudée.

Pourquoi un festival de jazz ? Parce qu’il n’y en avait pas en Baronnies, mais probablement aussi parce que nous avions, mes amis et moi, gardé quelque nostalgie de notre prime jeunesse. En effet, sur proposition de René Simard, secrétaire général de la Fédération des œuvres laïques de la Drôme, nous avions joué et chanté du jazz dans plusieurs communes des Baronnies au début des années 1970 : à Buis, mais aussi à Montbrun-les-Bains et à Mirabel-aux-Baronnies. C’était, à ma connaissance, la première tentative de décentralisation culturelle drômoise avec le groupe théâtre de la fédération. Je suis très sensible à la nécessité de démocratiser l’accès à la culture : aller à la rencontre du public avec des concerts gratuits en journée, mais aussi offrir des concerts à des prix accessibles ; enfin, si possible apprendre à connaître son public et amener de nouveaux amateurs à la culture. A Buis-les-Baronnies, nous avons un public local bien sûr, mais aussi de nombreux touristes. Enfin, le jazz n’est plus une musique populaire car elle n’est plus diffusée à la télévision. Il y a là un combat culturel d’importance si l’on veut que cette musique ne concerne pas seulement un auditoire de plus en plus âgé.

PDJ : C’est une étape importante dans votre parcours culturel et musical ?

A.B : J’ai consacré la plus grande part de ma vie à la culture et aux questions relatives à la diffusion de la culture. D’abord dans le département de la Drôme, au début de ma carrière en qualité de directeur d’une association de diffusion et d’initiation musicales (ADDIM), puis au sein du cabinet de Jack Lang entre 1989 et 1993, mais aussi à la télévision (la cinquième, devenue France 5 et RFO, devenue France O) et enfin, dans le champ du jazz qui est une forme de culture très vivante, en tant que président de festivals en Drôme provençale et dans les Pyrénées Orientales depuis plus de 10 ans.

[Alain Brunet joue actuellement au festival Jazz à Juhègues (Pyrénées Orientales) et sera présent à Jazz in Marciac avec le collectif Akpé Motion les 4 et 5 août prochains.]

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 11 Juillet 2012 à 11:14 | Lu 1184 fois

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