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Interview : Florian Laconi sera Vincent dans Mireille de Gounod aux Chorégies d'Orange

Chanter à Orange, c’est toujours comme une prise de rôle : on a l’impression de chanter pour la première fois, même s’il s’agit d’une partition que l’on connaît très bien. Cela n’a absolument rien à voir de se produire dans une salle fermée devant mille deux cents spectateurs et dans un amphithéâtre de près de neuf mille places, qui est de plus un des lieux historiques et mythiques de l’histoire de l’art lyrique.


Florian Laconi © DR
Florian Laconi © DR
Florian Laconi, comment êtes-vous devenu chanteur d’opéra ?
Le pur hasard. Je me destinais à être comédien et j’aimais aussi beaucoup chanter. Chez moi, on n’écoutait pas d’opéra et j’étais totalement inculte en matière de musique vocale. Un jour, mon professeur d’art dramatique m’a suggéré de me présenter à l’Opéra de Metz ou l’on cherchait des figurants pour Carmen. J’y suis allé sans grand enthousiasme car ce qui m’intéressait c’était de dire des textes. Je suis tombé complètement amoureux de cette musique et j’ai compris que l’opéra permettait de concilier le chant et l’art dramatique. Pour acquérir une technique vocale je n’ai pas choisi le conservatoire : je suis allé chez Gabriel Bacquier et Michèle Command.

Quel a été votre premier engagement professionnel et comment votre carrière a-t-elle évolué ?
Faust, en version concertante dans la région de Metz, et je suis monté sur scène pour la première fois à Clermont-Ferrand où j’avais remporté le premier prix du Concours International qui se déroule dans cette ville. Je chantais Fritz dans La Grande Duchesse de Gerolstein.
Deux ans plus tard, en 2002, j’ai été lauréat du Concours Voix Nouvelles. Les directeurs d’opéras qui faisaient partie du jury ont commencé à me faire travailler, en particulier Danièle Ory à l’Opéra de Metz, Raymond Duffaut, bien sûr, à l’Opéra d’Avignon, Jean-Louis Grinda et Jean-Louis Pichon qui était alors à Saint-Etienne. Les engagements se sont multipliés et mon premier grand rôle a été Ferrando dans Cosi fan tutte à l’Opéra de Metz.
Le cours de ma carrière a été progressif et régulier. Il n’y a pas un rôle qui m’ait fait connaître plus qu’un autre, sauf peut-être Des Grieux qui me poursuit puisque je vais même l’interpréter à Hong-Kong, mais ce n’est pas mon rôle préféré bien que je m’y sente à l’aise. J’aborde maintenant le grand répertoire d’opéra français, je sais que c’est dans cette direction qu’il me faut aller et j’aime tout particulièrement Roméo.

Avez-vous déjà chanté Vincent avant votre engagement aux Chorégies ?
J’ai chanté Vincent à Toulon, en 2006, sous la baguette d’Alain Guingal. Mireille est pour moi l’un des plus beaux opéras français, même si certains le considèrent comme un opéra « régional », un opéra à l’ancienne. Mais je continue à défendre cette musique, certainement l’une des plus belles que Gounod ait écrite. C’est un ouvrage dont il était fier. D’ailleurs, l’anecdote rapporte que lorsque quelqu’un l’abordait en lui disant : « vous êtes le compositeur de Faust ? », il répondait : « non, je suis le compositeur de Mireille ». C’est un opéra dans lequel il a mis beaucoup de cœur et de sentiment, un ouvrage qui émeut même s’il y a des passages plus légers.

Est-ce que Vincent est un rôle lourd et difficile ?
Gounod a concentré toute la difficulté de l’opéra sur Mireille. Vincent n’est pas pour autant un rôle facile, écrit dans le haut médium de la voix, sur les notes de passage fragiles. Il faut veiller à conserver un style, une ligne de chant à la française, à rendre le texte - qui est très beau - compréhensible par une excellente diction. Mireille est vraiment l’opéra français par excellence, qui nécessite une vigilance de tous les instants.

Avez-vous déjà travaillé avec Alain Altinoglu et Robert Fortune ?
Non, avec aucun des deux. Je n’entends dire que du bien d’Alain Altinoglu et je suis impatient de commencer le travail avec lui. Quant à Robert Fortune, il est venu à l’Opéra de Massy où Nathalie Manfrino et moi chantions Manon. Il a pu voir comment nous évoluions ensemble sur un plateau. Nathalie, aussi, a fait du théâtre avant de chanter et nous aimons tous deux donner des suggestions pour faire avancer l’action. Nous essayons d’aller de l’avant, en synergie bien entendu avec le metteur en scène qui prend les décisions.

Quels sont les rôles que vous aimeriez chanter dans l’avenir ?
J’ai la chance d’avoir déjà interprété beaucoup des rôles que j’aime. Mais j’attends avec impatience mon premier Hoffmann, l’an prochain : je suis conscient de la gageure à relever car ce n’est pas un rôle léger. J’ai aussi envie d’aborder l’opéra italien, les grands rôles du répertoire comme Il Trovatore ou La Fanciulla del West, ou des rôles plus « théâtraux ». A la fin de sa vie, Verdi écrivait d’une façon théâtrale : les meilleurs exemples en sont Falstaff que je viens de chanter, à Monte-Carlo, aux côtés de Bryn Terfel, et Otello qui me tente beaucoup, mais dans un futur plus lointain. Et il y a Puccini : c’est toujours un bonheur de chanter Puccini. J’ai déjà interprété La Boheme et La Rondine. Je rêve d’aborder Tosca, Madama Butterfly. Mais la concurrence est forte dans ce répertoire, beaucoup de ténors le défendent brillamment à travers le monde et je suis plutôt reconnu, sur un plan national et international, comme un spécialiste du répertoire français.

Mireille ne sera pas votre premier rendez-vous orangeois ?
Non, mais ce sera mon premier grand rôle. Me retrouver au premier plan, quand on connaît le nom de tous les grands artistes qui ont chanté devant le mur, les Vanzo, Carreras, Aragall, Domingo, Pavarotti, m’inspire une grande humilité. Je ne peux m’empêcher de penser que, cette année, deux ténors français défendront les opéras présentés aux Chorégies, le « grand » Roberto Alagna et le « petit » Florian Laconi. J’en éprouve beaucoup de fierté et je veux tout faire pour mériter la grande chance qui m’est donnée.

Chanter à Orange, c’est toujours comme une prise de rôle : on a l’impression de chanter pour la première fois, même s’il s’agit d’une partition que l’on connaît très bien. Cela n’a absolument rien à voir de se produire dans une salle fermée devant mille deux cents spectateurs et dans un amphithéâtre de près de neuf mille places, qui est de plus un des lieux historiques et mythiques de l’histoire de l’art lyrique.

Florian Laconi en quelques notes

Florian Laconi est né à Metz en 1977. Il chante aussi bien l’opéra que l’opérette, la musique sacrée que l’oratorio. Il se produit sur les principales scènes françaises et son répertoire comprend des œuvres aussi variées qu’Il Viaggio a Reims, La Cenerentola, Il Barbiere di Siviglia, Cosi fan tutte, Fidelio, Dialogues des Carmélites, Lucia di Lammermoor, La Boheme, Pagliacci, Turandot, Roméo et Juliette (pour ses débuts à l’Opéra de Los Angeles), Orfeo ed Euridice, Le Jongleur de Notre-Dame, Le Roi d’Ys, Mireille, La Rondine…
On a pu récemment l’entendre dans Die Fledermaus à Monte-Carlo, L’Elisir d’amore, La Belle Hélène et Manon à Avignon et Reims, Thaïs, Rigoletto, Les Pêcheurs de Perles et Orphée aux Enfers à Metz. En 2009/2010, il chante La Boheme à Metz, Turandot et Falstaff à Monte-Carlo, La Vie Parisienne à Toulouse, Manon à Massy.

Projets : La Vie Parisienne, Eugène Onéguine, Thaïs et Faust à Avignon, Matteo Falcone et Fastaff à Metz, et, en 2012, Pagliacci à l’Opéra National de Paris et Turandot aux Chorégies d’Orange.

Participation aux Chorégies d’Orange : Les Contes d’Hoffmann 2005, Lucia di Lammermoor 2006, Carmen 2008, Pagliacci 2009.

Théâtre Antique - mercredi 4 et samedi 7 août 2010 à 21h30

Sur la scène mythique du Théâtre Antique, après un demi-siècle d’absence, un des fleurons de l’opéra français, la Mireille de Gounod, qu’on peut légitimement et fièrement considérer comme l’opéra national de la Provence. Un poème musical entièrement dédié à la Provence, à ses paysages, à ses habitants, à ses coutumes.
La qualité de cette œuvre tient à l’entente profonde et à l’amitié qui ont immédiatement lié le musicien - Gounod - au poète - Mistral - : Mireille, œuvre à la fois poétique et fantastique, chante une région et met en scène les amours contrariés de deux jeunes gens, Mireille et Vincent.
Autant dire que ces représentations de Mireille s’annoncent comme un événement exceptionnel dans la longue histoire des Chorégies.

- Au Bureau des Chorégies- Place Silvain-ouvert du lundi au vendredi de 10h30 à 12h30 et de 14h à 17h.
- Par télécopie : 04 90 11 04 04
- Par internet : www.choregies.com
- réservation en ligne
- Par correspondance :
Chorégies d’Orange
BP 205
84107 Orange cedex.
Renseignements par téléphone : 04 90 34 24 24

pierre aimar
Mis en ligne le Lundi 3 Mai 2010 à 18:25 | Lu 2187 fois

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