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Festival du Vigan à Saint-Martial (Gard) : Miroslav Kultishev, un piano et la passion. Par Jacqueline Aimar

N’avoir qu’un clavier pour s’exprimer… c’est déjà beaucoup me direz-vous, quand c’est avec la fougue et la flamme qui animent le jeune interprète russe, Miroslav Kultishev, né à Leningrad. (Concert du 7 août 2015)


Miroslav Kultishev détendu après l'hyper concentration de son concert  © Pierre Aimar
Miroslav Kultishev détendu après l'hyper concentration de son concert © Pierre Aimar
Il faut aller à Saint-Martial ce village perché et enfoui en même temps dans ces immenses vallonnements qui font le charme sauvage des Cévennes, pour avoir le rare plaisir d'écouter Miroslav Kultishev.
L’artiste, né en 1985, fête cette année ses trente ans avec une maturité et une intensité qui ne se démentent jamais devant son clavier, un immense piano à queue, devenu pour cette soirée du 7 août, le centre de l‘église de schiste gris d’une acoustique exceptionnelle. Nef et absides bâties selon les règles de la perfection et de l’équilibre dans l’ajustement délicat de petites briques de schistes dont les gris varient à peine.
Il arrive, grand, mince, à peine voûté et alors qu’il n’a pas encore atteint son tabouret, il pose avec force les premières notes de l’étude n°1 opus 10 de Chopin : les arpèges impressionnants affirmés avec puissance enflamment l’air surchauffé et figent l’attention et l’écoute de l’assemblée dans un silence prenant. L’interprète a ainsi cueilli son auditoire et tout au long de ces Etudes, il va tour à tour l’envoûter avec La Tristesse, étude 5, ou l’exalter avec l’étude Révolutionnaire.
Facile direz-vous de s’exalter avec Chopin qui était lui-même en état de passion dans son siècle romantique et en accord avec les amours à la George Sand qui lui firent la vie à la fois douce, familiale et violente aussi.

Après Chopin, Ravel et Les valses nobles et sentimentales, composées en 1911 et orchestrées en 1912 pour le ballet Adélaïde ou le langage des fleurs, elles révèlent un tout autre aspect de l’art du piano. Rappelons qu’elles avaient été écrites en hommage à Schubert qui avait composé en 1823 des Valses tristes et peu après des Valses sentimentales. Elles portent en dédicace une pensée d’Henri de Regnier « Le plaisir délicieux est toujours une occupation inutile » et sont en accord avec les mœurs de ce temps et de son besoin de découverte : autres sensations et autres plaisirs, la septième valse étant considérée comme l’apogée de la valse. Miroslav Kultishev révèle là un autre aspect de son art, mettant sensualité et allégresse parfois dans ces rythmes qui échappent ainsi à la danse.
Avec les Quatre ballades qui viennent ensuite, on retrouve Chopin et la grande fougue de son interprète qui, entre envolées et méditation, poésie et passion, traduit au mieux cette musique venue du cœur et de l’âme par le chemin d’une virtuosité sensible et ardente tout à la fois. Les quatre ballades vont clore ce moment d’exception grâce à Chopin, celui qui trouve le mieux sa place au cœur de ce bâtiment à la fois si intime et si immobile dans sa perfection, à la manière d’un temple, dans ces régions de luttes protestantes.
Miroslav, quel plaisir vous nous avez donné, vous qui jouez comme animé d’une passion intérieure située bien au-delà de ces lieux où vous êtes !
Jacqueline Aimar

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 14 Août 2015 à 09:28 | Lu 224 fois

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