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Festival d'Avignon Off 2015 : Rue d'Orchampt, de Harold David, Pittchoun théâtre, à 23h35 du 4 au 25 juillet


Festival d'Avignon Off 2015 : Rue d'Orchampt, de Harold David, Pittchoun théâtre, à 23h35 du 4 au 25 juillet
Personnage : Le p’tit, dit Maria, 36 ans

5 mai 1987. La veille, à 17 heures, le corps d’une célèbre chanteuse, Dalida, a été découvert par sa dame de compagnie. Dans la solitude, elle s’est suicidée avec discrétion. Dans l’ombre, quelqu’un a assisté à cette mort, sans pouvoir rien faire : c’est le P’tit.

Ce soir-là, le p’tit, trouve la force, de s’adresser à celle dont il a observé quotidiennement les faits et gestes. Enfin seul, il laisse entendre son récit halluciné, entre fiction et réalité :

Venu de nulle part, une bourgade de la province, le P’tit est arrivé dans la capitale avec pour tout bagage l’espoir infini que la vie, sa vie, commencerait ici. Il a dix-huit ans, n’attend rien, ni du monde, ni des autres. Il marche, erre sans but, jusqu’à s’arrêter au pied du Sacré-Cœur. Saisi par la vision qui s’offre à lui, il y demande l’asile pour la nuit. On le lui refuse. Il erre encore et se retrouve Rue d’Orchampt, devant une belle maison bourgeoise.

Par un coup du sort comme il n’en arrive qu’une fois, son regard s’arrête sur la silhouette d’une femme aux longs cheveux blonds. On décharge sa voiture. Elle revient de voyage. Il ne sait qui elle est. Elle ne lui adressera pas la parole. Ebloui et sonné par cette rencontre inattendue dont il ne mesure pas encore l’impact, le P’tit s’assoit sur un banc.

Là, un homme l’aborde. C’est Pepe, l’argentin. Il lui apprend qui est l’inconnue qui l’a tant bouleversé : une vedette de la chanson, la célèbre Dalida. Troublé par cet homme qui d’emblée exerce sur lui une fascination mêlée de peur, le P’tit le suit jusque chez lui. Il habite l’immeuble attenant à la propriété de la diva. L’une de ses fenêtres donne sur son jardin. Sans bien mesurer ce qui l’attend, le p’tit s’abandonne aux caresses de Pepe.

Puis, au petit jour, le rêve se dilue : les coups succèdent aux baisers ; si le P’tit veut rester chez lui, il va devoir travailler et vendre son corps. Et désormais, il s’appellera Maria. Le P’tit n’a pas d’endroit où aller, pas de destin en perspective, il accepte. Commence alors une longue descente aux enfers dont on saura peu de chose sinon qu’elle ancrera dans le cœur du P’tit devenu Maria la certitude amère que pour certains la vie est plus juste que pour d’autres. Heureusement, dans sa vie, il y a la chanteuse ; pendant dix-huit années, Maria, travesti, s’abîme dans cette image qu’il entr’aperçoit de sa fenêtre, mais surtout, qu’il dévore à la télévision, dans les journaux... Pendant dix-huit années, Maria joue et se joue la comédie devant sa glace en rêvant à une autre vie, celle de la femme d’en face.

En attendant, il danse ses nuits d’abandon sous le corps des hommes.

Souvent, le jour venu, il va prier au Sacré-Cœur, pour elle et pour lui, pour leurs malheurs et pour que tout cela cesse. Mais personne n’a jamais entendu la voix de Maria. Qui se soucie d’une pauvre folle qui erre de bureau en bureau et se prend pour quelqu’un d’autre ? Personne.

Alors peu à peu, la haine et le désir d’en finir prennent place en Maria. Et lorsqu’un beau jour, il reçoit une lettre lui apprenant la mort de sa mère qui pendant toutes ces années a refusé de le reconnaître sous la peau de Maria, il décide d’en finir et prend le pistolet de Pepe qu’il cache sous son manteau. Ce soir, le P’tit sera libre. Maria aussi. En attendant l’arrivée de son amant, il se fait beau et regarde par la fenêtre : justement, ce soir la diva sort. Elle prend

sa voiture, puis, quelques minutes plus tard, rentre à nouveau chez elle. Quelque chose d’anormal est en train de se passer. Mais Pepe arrive, il va falloir le tuer.

Simultanément, l’histoire du P’tit et l’histoire de la chanteuse se rejoignent. Leurs vies en parallèle touchent à leur fin. Tandis que l’une met méthodiquement fin à ses jours, l’autre commet le meurtre qui seul peut le délivrer des chaînes qui le lient à son geôlier. Le P’tit assiste donc impuissant à un suicide qui le lendemain fera la une des journaux. Lorsqu’il veut intervenir, il est trop tard.

Il ne reste plus à Maria redevenue le P’tit qu’à accomplir une dernière fois son office : prier allongé sur l’autel du Sacré-Cœur. En allumant un cierge, les paroles d’une des chansons de son idole lui montent aux lèvres. A Capella, il interprète Pour ne pas vivre seul.*

* (chanson créée par Dalida, paroles de J.Luent/S. Balasko ; musique : D.Faure )


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Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 25 Juin 2015 à 08:33 | Lu 165 fois

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