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Exposition « Peintures à cuve » de Jean von Roesgen, galerie Deneulin à Barraux (38) jusqu'au 22 octobre 2011

« Les peintures à cuve, d'un point de vue technique, ne sont pas des peintures proprement dites (traces de matière colorées laissées sur une surface plane par un outil plus ou moins pointu ou en brosse, pinceau, plume, crayon, pastel, sanguin, fusain, ni par un jet (aérobrushing) ou un rouleau). Elles s'apparentent bien plus à des procédés de gravure ou d'impression: Traces d'une surface plane (rigide en général: plaque de métal) sur une autre surface plane (plus souple en général: feuille de papier).


Exposition « Peintures à cuve » de Jean von Roesgen, galerie Deneulin à Barraux (38) jusqu'au 22 octobre 2011
Seulement, dans le cas des peintures à cuve, la surface sur laquelle se prépare la matière colorée à attraper par un papier, (ou une toile*) est un liquide, de l'eau en général, et de même, la peinture est liquide, flottante, car plus légère que l'eau: elle se répand sur l'eau avant de se faire attraper par le papier.

En fait, vu qu'il n'y a en général qu'une seule impression possible, les peintures à cuve feraient presque partie de la famille des monotypes qui récupèrent la peinture d'une surface plane en un seul tirage, avec, ici, une certaine mobilité de la matière colorée sur un support non moins mobile ou mobilisant...

D'où les trainées, les expansions, les vagues, les ondulés des peintures à cuve classiques, celles qui servent à décorer l'intérieur des couvertures des livres en reliure. Les allemands en parlent presque comme de faux marbres : « Marmorierungen ». N'empêche que des marbr(u)res évoquent plutôt une stabilité ferme... dure comme du roc.

Après avoir travaillé sur des petits formats classiques pour ce genre de « peinture », je m'étais confectionné un grand bac rectangulaire (en bois étanché au goudron (bitume)). Au grand damne de mes poumons, je travaillais surtout au bitume (goudron chauffé et liquide). Le bitume a cette particularité de se répandre sur une surface d'eau comme du pétrole ou du gaz-oil, jusqu'à saturation de la surface, ou, et s'il prend froid sur une surface d'eau froide, de se figer...

Ces peintures à cuve se demandent un peu si après tout, une peinture peut pousser organiquement, comme une plante, un champ, une fleur ou un parterre, ou si on ne peut pas concentrer les traces de matière colorée dont se constitue toute peinture en un seul impacte (plat et plan), comme une trace d'accident... arrêt par une trace prise sur un vif en pleine expansion...

En même temps, ces années là, (1994-98) je me posais des questions plastiques sur les grillages, les repères, et je confrontais volontiers, sur un même papier, des repères rigides (tracés à la bouteille à bec, remplie de ...bitume, ou coulées de gouttes d'eau créant des réserves, les endroits mouillés du papier ne prenant pas le bitume flottant de la cuve) à des grillages flottants qui se répandent organiquement... ou je jouais sur l'idée d'un quadrillage organique... en soi, formes géométriques et/ou organiques... Souvent, tracés géométriques à l'origine (tracés linéaires et rectangulaires, carrés, à l'origine, sur la surface d'eau), abandonnés à leur expansion (vie propre) organique... en tripes ondulées...

Une fois que le bac était devenu trop petit pour de plus grands formats, j'allais polluer au bitume (pas plus de six fois, en tout) les abords des fleuves de Lyon, d'où les travaux qui portent leur nom : Rhône et Saône (formats carrés rouge et orange). (Le grand format carré jaune cuvé au confluent de Lyon se trouve en collection particulière...)

Je pense que ma nausée en matières goudronnées a largement contribué à finir par me dégouter assez définitivement de toute peinture à l'huile, ses dérivés et diluants.
Jean von Roesgen

(*Si j'utilisais des feuilles de papier comme support, volontiers, je les marouflais par la suite sur des toiles...) »

Pratique

Exposition / Exhibition
22/09 – 22/10/2011

entrée libre / free admission
plus d'information / more information
www.seconde-peau.eu

Galerie Deneulin
200, Grande Rue - 38 530 Barraux / FRANCE
Øisteinsgate 16, 5007 Bergen / NORWAY

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 22 Septembre 2011 à 12:57 | Lu 499 fois

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