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Entre les Rencontres d’Arles et le festival d’Avignon, un véritable chemin de choix. Par Pierre Aimar

Deux choix de vie s’offrent à nous à chaque début d’été : la vie en noir et blanc sur les cimaises des Rencontres d’Arles ou les arlequinades du festival d’Avignon.


En Arles, comme il convient d’écrire pour éviter un fâcheux « ha ha », les images fixes sont accrochées aux murs et les visiteurs défilent cérémonieusement en silence devant les icônes des deux derniers siècles.
En Avignon, comme il convient, bis repetitam, les images fixes sont accrochées aux murs et la foule souvent joyeuse parcourt les rues à pas vifs (cliché !) en privilégiant le côté ombre en cette fin de canicule.
D’un cliché à l’autre, l’instantané est de mise.

« Press conference » comme m’expliquait Maître Capelo ...

Press conference in the corner © Pierre Aimar
Press conference in the corner © Pierre Aimar
... lors d’un cocktail en l’hôtel de Lassay, « est un non sens absolu ». Je n’ai jamais compris ce que ce distingué linguiste avait voulu longuement m’exposer. Aujourd’hui, dans le coin le plus sombre du cloître de l’abbaye de Montmajour, se déroule « a press conference » en anglais devant les journalistes français. Les félibriges du coin, au fond de leur tombeau, en ont les os agités. Il eut été si simple de demander à BMW, mécène des Rencontres d’Arles, de mettre à disposition de l’assemblée les écouteurs utilisés lors des présentations à la presse de ses nouveaux modèles avec traduction simultanée réalisée par d’excellents traducteurs.
Nonobstant ce handicap, une centaine de personnes tenta d’étouffer les orateurs anglophones en les coinçant dans un angle du cloître. La pression fut immense mais les orateurs résistèrent vaillamment et seule l’heure du cocktail annoncée sonna leur délivrance.
Alors, ce petit monde se perdit dans l’immense abbatiale Notre-Dame pour croquer Crakers et autres gâteries provençales.

A l’autre bout de la terre (cliché), le festival d’Avignon ....

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.... cherche ses marques dans une canicule inattendue. L’homo hodiernus offre une résistance très faible aux agressions de la nature. Vivant entre air conditionné et réalité digitale, l’homme contemporain est quasiment anéanti dès lors qu’un souffle d’air, un élément allergène, une lumière trop forte, une pizza contenant du gluten, survient dans son biotope.
Bref, les murs sont couverts d’affiches, joli patchwork s’agitant sous les assauts des courants d’air, mais en ce 8 juillet ce n’est pas encore la grande foule. Il est vrai que les résultats du bac sont connus aujourd’hui, que 78 % des candidats sont follement heureux et que 22 % ne sont pas à la fête.

Horreur ! les platanes du bout de la rue des Teinturiers ont été abbatus ! Le cagnard règne là où l’ombre “fraîche” abritait les frasques des bonimenteurs, acteurs, et autres artistes vantant leur œuvre. “Z’étaient malades, les z’arbres”. Ite abbata est. Ce que l’on traduit à peu près par la messe est dite.
Heureusement, une grande partie de la rue est encore protégée par ses immenses platanes. Encore mieux, dans le jardin de la chapelle des Pénitents Gris un restaurant ombragé – le Jardin des Gourmets - permet de se restaurer à l’écart du flux des festivaliers qui battent à longueur de jour le pavé – et quels pavés – de la ruelle.
Cela permet aussi des rencontres improbables. Comme celle de Stéphane Baquet, créateur de lumières – avec un s, un vrai programme -, rejeton d’un fameux Maurice Baquet, acteur, musicien et co-créateur de Sophie Baquet, Anne Baquet, Grégori Baquet et Dimitri Baquet, tous artistes de talents.
Ledit Stéphane gère quatre lieux de spectacles en Avignon et … quelque 45 spectacles chaque jour ! Nous y reviendrons cet été.

Récréation au Rouge-Gorge avec Paradis d’enfer de et avec Alain Chapuis et Marie Blanche. 1h20 de quiproquos et rebondissements que Feydeau n’aurait point reniés.

Entre Arles et Avignon, échappée monastique à St-Michel de Frigolet

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L’hôtel Cæsar à Arles ? La Mirande à Avignon ? Difficile de choisir.
Tranchons, ce sera l’abbaye Saint-Michel de Frigolet, à deux portées de fifre provençal de Tarascon.
Après la marée iconographique des Rencontres d’Arles, avant le délire théâtral d’Avignon, la halte de quelques heures dans la quiétude et la sérénité de cette abbaye entourée de pinèdes participe du ... divin.
Mécréants, s’abstenir.
Arles glosera toute la nuit.
Avignon déclamera jusqu’à l’aphonie du petit matin.
St-Michel du Frigolet emporte les “pélerins” d’un soir dans un sommeil troublé seulement par d’invisibles pulsions telluriques.
Dans un sublime silence.
Pierre Aimar

Commentaire d'un lecteur

A lire le "chemin de croix" dans le texte lu ce matin dans ton article sur Avignon, je ne peux pas ne pas revenir en arrière, c'est à dire en 54 et 55, l'ère du TNP.
Descendu ( en solex ) de Chaumont à Avignon pour revoir la troupe de Vilar, (premiers spectacles de mon adolescence vus à Paris), suite à mon embauche forcée sur place par les employés municipaux, j'ai passé un grand mois avec la troupe, et devenu le " le petit chouchou " de Maria Casares.
" René, préparez-moi le bain de pied " ;
" René, faites-moi une Boldoflorine " ;
" René, la serviette..."
La troupe sortait sur la place après le spectacle : poignées de mains, quelques photos, et hop dans le camion !

Souvenirs heureux, donc nostalgiques, devenus depuis quelques années mon gilet de sauvetage contre beaucoup d'absurdités et d'incohérences du in et du off, bordel organisé par les dieux du fric et du stade pour des compagnies qui crèvent de faim en hiver et crèvent de chaud en été pour tenter une reconnaissance forcée par un public souvent inculte, au porte-monnaie gonflé...
Mais pas tout ceux du off.
Sous le regard bienveillant des loueurs de chambres, quelle aubaine, et qui voteront sans vergogne à 45 pour cent parfois pour une extrême droite régionale sans complexe.
Ca s'appelle le Nouveau Front National du Théâtre Populaire.
Mon p'tit René ne me dessine pas une croix gammée.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 9 Juillet 2015 à 22:57 | Lu 374 fois

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