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Clemenceau, le Tigre et l’Asie, exposition au musée national des arts asiatiques-Guimet, Paris, du 12 mars au 16 juin 2014

Surnommé « le Tigre » ou « le Tombeur de Ministère », statufié en Père la Victoire, Georges Clemenceau s’inscrit dans l’histoire et la mémoire nationale comme l’une des figures politiques les plus importantes de son temps.


Georges Clemenceau. Saint-Vincent-sur-Jard avec ses koinobori Photographie. Collection musée Clemenceau, Paris
Georges Clemenceau. Saint-Vincent-sur-Jard avec ses koinobori Photographie. Collection musée Clemenceau, Paris
Celui qui ne fut pas seulement homme d’État et chef de guerre nourrissait une véritable passion pour l’Asie, ses arts, ses civilisations, ses religions. L’exposition présentée au musée national des arts asiatiques-Guimet sera consacrée à cet aspect méconnu de l’homme illustre, grand collectionneur d’objets asiatiques.

Axée sur sa découverte de l’Inde et du bouddhisme, son japonisme et son intérêt géopolitique pour l’Asie, la collection de Clemenceau sera rassemblée au musée ; soit quelque 800 objets dont une partie fut dispersée en 1894 lorsque, battu aux élections législatives, Clemenceau dut se résoudre à vendre sa collection aux enchères. Estampes, peintures, kôgô ou boîtes à encens japonais, masques, céramiques, mais aussi photographies sont les témoins de cette passion pour les arts de l’Extrême-Orient.

Écrivain, critique d’art, collectionneur, ou commanditaire, Clemenceau fut fondamentalement un esthète. Homme politique de premier plan, il avait en outre accès à des canaux diplomatiques pour sa collection.

Loin d’accumuler les objets dans un seul but esthétique, Clemenceau voulait comprendre leur signification profonde, s’imprégner du sens et de la pensée dont ils étaient issus. Clemenceau, le Tigre et l’Asie, révélera comment cet homme, orientaliste, promoteur du dialogue des cultures, contribua à diffuser la connaissance de l’art et des civilisations de l’Asie auprès du public français.

La scénographie retenue évoque le périple du « Tigre » en Asie en 1920 et offre l’image d’un voyage d’un genre inédit. Son intérêt pour l’étude des religions, de la philosophie orientale et des concepts philosophiques qui imprègnent la cérémonie du thé, sont soulignés par les nombreux ouvrages et objets de collection que possédait Clemenceau. Le musée national des arts asiatiques-Guimet bénéficie pour cette exposition exceptionnelle, du concours scientifique de deux institutions partenaires : le musée de arts asiatiques de Nice et l’Historial de la Vendée qui accueilleront chacun l’exposition Clemenceau.

L'exposition

L’exposition Clemenceau, le Tigre et l’Asie fera découvrir un aspect méconnu et pourtant fondamental de la personnalité de l’un des plus grands hommes de l’histoire de France. On connaît bien Georges Clemenceau, le républicain, le radical, le « Père la victoire ».
On sait moins qu’il fût profondément anticolonialiste ; son discours prononcé devant la Chambre des Députés le 31 juillet 1885, pour s’opposer à la politique du gouvernement Ferry au Tonkin et en Chine, le démontre, Clemenceau nourrissait une véritable passion pour l’Asie, ses arts, ses civilisations ses religions. 

Cette exposition, transversale, axée sur sa découverte de l’Inde et du bouddhisme, sur l’orientalisme et son intérêt pour l’Asie, de Ceylan au Japon, se basera à la fois sur les collections du musée national des arts asiatiques-Guimet, mais aussi sur la collection dispersée de Clemenceau. Une partie fut dispersée en 1894 lorsque, privé de son mandat de député par le scandale de Panama, il dut se résoudre à la vendre aux enchères. Les autres objets sont aujourd’hui conservés notamment dans sa maison de Saint-Vincent-sur-Jard en Vendée, au musée Clemenceau, rue Benjamin Franklin à Paris, et au musée des Beaux-Arts de Montréal.

Discours du 31 juillet 1885 devant la Chambre des Députés :

« Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation. Voilà, en propres termes, la thèse de M. Ferry et l’on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C’est bientôt dit. Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! Race inférieure, les Hindous ! Avec cette grande civilisation raffinée qui se perd dans la nuit des temps ! Avec cette grande religion bouddhiste qui a quitté l’Inde pour la Chine, avec cette grande efflorescence d’art dont nous voyons encore aujourd’hui les magnifiques vestiges ! Race inférieure, les Chinois ! Avec cette civilisation dont les origines sont inconnues. Inférieur Confucius ? […] »

Si l’opposition de Clemenceau à l’idéologie coloniale concerne tous les Empires, les méfaits de la domination de « l’homme blanc » qu’il dénonce portent sur l’Indochine française et l’Extrême-Orient. Pour Clemenceau, le prétendu « péril jaune » est d’abord un péril blanc.
En 1900-1901, la Révolte des Boxers et les conséquences de l’expédition internationale lui donnent l’occasion de mener une campagne de presse pour le peuple chinois et son indépendance. Tant en politique que dans le journalisme, l’universalisme des principes défendus par Clemenceau s’enrichit d’un « asiatisme » original, notion entendue comme une idéologie favorable à l’Extrême-Orient.

Sa passion pour l’Asie s’exprime de manière singulière si on la compare à celle de ses contemporains « japonisants », le marchand Bing, les Goncourt ou encore Clémence d’Ennery, dont il fut l’exécuteur testamentaire. Clemenceau en était fort différent. Passionné par l’art et la civilisation du Japon – il rassembla une remarquable collection de boîtes à encens (kôgô), d’estampes et de céramiques –, il n’en négligea pas pour autant l’étude de la Chine ou de l’Inde. Il se découvrit avec ces pays des affinités philosophiques et spirituelles, dont témoigne notamment son dernier ouvrage, Au soir de la pensée.

Son intérêt pour les arts asiatiques ne se limita pas, de même, à leur aspect décoratif. Loin d’accumuler, de faire des objets une quête uniquement esthétique, Clemenceau voulait en comprendre la signification profonde et s’imprégner du sens et de la pensée dont ils étaient issus. Son réseau diplomatique lui donnait accès d’ailleurs à des œuvres dépassant les catégories habituellement présentes dans les collections de ses contemporains.

Informations pratiques

Musée national des arts asiatiques-Guimet
6, place d’Iéna
75116 Paris
tél : 01 56 52 53 00
Expositions, tarifs, informations pratiques et horaires : www.guimet.fr

Musée Clemenceau
8 rue Benjamin Franklin 75116 Paris
www.musee.clemenceau.fr

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 1 Mars 2014 à 10:56 | Lu 287 fois

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