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Bacchanales modernes ! Le nu, l'ivresse et la danse dans l'art français du XIXe siècle, Galerie des Beaux-Arts de Bordeaux,12 février au 23 mai 2016

Tour à tour danseuse antique, nymphe cambrée ou ménade fatale, la bacchante ne cesse d’apparaître dans les créations des artistes du XIXe siècle.


André Lhote, Bacchante, 1912, huile sur toile © Bordeaux, musée des Beaux-Arts/Frédéric Deval
André Lhote, Bacchante, 1912, huile sur toile © Bordeaux, musée des Beaux-Arts/Frédéric Deval
L’exposition Bacchanales modernes ! permet de mettre à l’honneur la figure fascinante et polymorphe de la bacchante et de s’interroger plus généralement sur la représentation de la femme dans les arts du XIXe siècle. De Pradier à Rodin, de Berlioz aux Ballets russes, les artistes les plus divers exploitent ce motif qui fait de l’ivresse la compagne d’Éros et de Thanatos. La prêtresse mythique du cortège de Bacchus est régulièrement revisitée jusqu’à se transformer en muse sensuelle des temps modernes.

L’exposition Bacchanales modernes ! Le nu, l’ivresse et la danse dans l’art français du XIXe siècle est coproduite par le musée des Beaux-Arts de Bordeaux et le Palais Fesch d’Ajaccio.
Forte du soutien exceptionnel du musée d’Orsay, l’exposition se propose de réunir plus de 130 œuvres issues pour l’essentiel de collections publiques françaises (musée du Louvre, musée Rodin, Petit Palais, Bibliothèque nationale de France, musées des Beaux-Arts de Lille, Rouen, Strasbourg, Nantes, Toulouse….).
Abordant toutes les techniques et toutes les disciplines des arts visuels peintures, sculptures, arts graphiques – mais aussi la danse, le théâtre, l’opéra, le cinéma, cette exposition souhaite porter un nouveau regard sur les arts du XIXe siècle et du début du XXe siècle en plongeant le visiteur dans l’univers visuel mais aussi musical de cette époque foisonnante.

Un propos scientifique inédit

Une nouvelle vision de l’art du XIXe siècle
L’univers de Bacchus, dieu du vin, de l’extase et de l’inspiration créatrice est mis à l’honneur par cette manifestation pluridisciplinaire qui dévoile la dimension « enivrée » de la création artistique de l’époque romantique jusqu’au début du XXe siècle. L’imaginaire bachique, si présent chez les artistes du XIXe siècle, n’avait pourtant jamais été l’objet d’une véritable étude.
Symptomatique des aspirations, des troubles et des fantasmes de la société de la deuxième moitié du XIXe siècle, la figure de la bacchante permet plus particulièrement de reconsidérer l’assimilation de l’héritage classique et d’en suivre les résurgences au fil du temps. Elle pose aussi le problème de la construction de l'image de la femme dans la société et du regard pulsionnel porté par les artistes sur la nudité féminine, sur le corps cambré et manipulé.
De Pradier à Rodin, de Gleyre à Rops, de Wagner à Ravel, le spectateur découvre les facettes cachées d’une époque tiraillée entre norme et transgression, entre raison et imagination, là où le mythe antique se transforme en fantaisie moderne. Abordant toutes les techniques et faisant côtoyer des chefs-d’œuvre incontournables et des œuvres moins connues, cette exposition souhaite renouveler le regard porté sur les arts du XIXe siècle, au prisme d’un sujet aussi riche qu’inédit.
En résonance avec l’héritage artistique et la culture vinicole de la cité bordelaise, l’exposition du musée des Beaux-Arts se veut au cœur d’une synergie de l’ensemble des établissements et des acteurs culturels locaux. Propice à de nombreuses actions de médiation, festives et culturelles, ce projet constitue aussi un atout dans la poursuite des partenariats avec les professionnels du tourisme et de la filière vitivinicole. L’exposition Bacchanales modernes ! confirme la place inédite de Bordeaux au croisement des arts et du divin breuvage.

L’héritage du passé

Les Dieux en exil
« Versé comme vous l’êtes dans l’antiquité classique, vous ne seriez pas trop effrayé, si à minuit, au milieu de la solitude d’une forêt, la magnifique et fantasque apparition d’une marche triomphale de Bacchus se présentait tout à coup à vos regards, et que vous entendissiez le vacarme de cette cohue de spectres en goguettes. Tout au plus éprouveriez-vous une espèce de saisissement voluptueux, un frisson esthétique, à l’aspect de ces gracieux fantômes sortis de leurs sarcophages séculaires et de dessous les ruines de leurs temples pour célébrer encore une fois les saints mystères du culte des plaisirs ! » Heinrich Heine, Les Dieux en exil, Bruxelles, Lebègue, 1853

L’art de l’Antiquité et de la Renaissance est pour les artistes du XIXe siècle une source inépuisable d’idées, de formes et de motifs à étudier et exploiter. Les bacchanales, les fêtes de Bacchus animées par le thiase, ce cortège mythique composé de bacchantes dansantes, de faunes et de satyres, de tigres et de panthères, suscitent un attrait considérable dans l’imaginaire de l’époque et dans la formation académique des artistes. De Géricault à Moreau, de Carpeaux à Rodin, les peintres et les sculpteurs les plus célèbres du XIXe siècle copient les images observées sur les vases et les bas-reliefs antiques, sur les fresques des maisons de Pompéi et d’Herculanum, ou bien au musée national de Naples, à l’occasion du traditionnel voyage initiatique en Italie. Les recueils illustrés d’après les plus célèbres monuments et peintures de l’Antiquité connaissent également une diffusion importante à partir du début du siècle et la copie d’après les sujets bachiques reproduits dans ces ouvrages est une pratique académique courante.
Le souvenir des chefs-d’œuvre de la Renaissance, mettant en scène les triomphes de Bacchus ou les mésaventures d’Ariane, côtoie celui des antiquités grecques et romaines. Les nombreuses copies réalisées par Gustave Moreau confirment, qu’à côté des faunes et des ménades dansantes de Pompéi, les tableaux de Bellini, de Tintoret ou de Titien constituent une référence tout aussi déterminante. Cet héritage incontournable est le point de départ pour l’élaboration de créations originales, où la référence à la tradition cède la place à une imagination plus libre et personnelle, comme dans la Bacchanale de Gustave Moreau. Au cours de l’exposition, la présence ponctuelle d’œuvres antiques rappellera au spectateur que le souvenir des motifs anciens n’est jamais effacé. La formule de l’extase, de la cambrure du corps ou du tournoiement des figures dansantes puise toujours son énergie expressive dans le remploi, explicite ou dissimulé, des formes du passé. Toutefois, les artistes réinventent la tradition et l’enrichissent de nouvelles implications symboliques.
La figure de la bacchante devient notamment la protagoniste absolue de la bacchanale à partir du milieu du XIXe siècle. Dans sa représentation volupteuse ou fatale se résument désormais les composantes essentielles du mythe de Bacchus, tel qu’il est compris par l’esprit de l’époque : l’ivresse, la sensualité, la fête frénétique. C’est la bacchanale moderne !

Bacchanales et cortèges dionysiaques
Filtrés par le souvenir de l’art antique, les motifs de la bacchanale, du cortège dionysiaque, ou bien les élans érotiques de bacchantes et satyres, de nymphes et de faunes, connaissent une très grande fortune à partir du milieu du XIXe siècle. Les artistes, s’affranchissant de la tradition, traitent ces sujets avec une liberté grandissante.
La reconstruction archéologique des scènes antiques, qui préoccupe les peintres néo-grecs, se transforme peu à peu en fantaisie hellénisante, imprégnée d’un souffle novateur. Chez Corot, la bacchanale offre la vision d’un âge d’or bucolique, plus proche de la pastorale joyeuse et de la ronde des nymphes ; ailleurs, on privilégie le thème de l’étreinte amoureuse et les ébats voluptueux des couples dionysiaques. Couramment représenté dans l’Antiquité et à la Renaissance, il est réinterprété par des œuvres à la modernité audacieuse. En 1834, c’est au groupe en marbre Satyre et Bacchante de James Pradier d’ouvrir la voie à une exploitation plus libre du potentiel érotique du monde de Bacchus en déclenchant une puissante polémique. Le sculpteur, qui provoque le scandale au Salon, ose traduire dans un groupe de grandes dimensions un sujet à la sensualité explicite, où le corps charnu de la bacchante suggère l’ivresse qui coule sous la pierre, et rompt avec l’image d’une Antiquité idéalisée. Le spectre du viol et de la lutte des sexes, évoqué par Nymphe attaquée par un satyre de Théodore Géricault, est également délaissé au profit d’un abandon joyeux et consentant, d’un élan sensualiste dont on trouve un écho dans plusieurs dessins consacrés aux motifs de l’orgie, de la volupté et des pouvoirs enivrants du vin.

Pratique

Galerie des Beaux-Arts
Place du Colonel Raynal
33 000 Bordeaux
Tél. : 05 56 96 51 60
musbxa@mairie-bordeaux.fr
www.musba-bordeaux.fr
Horaires
Ouvert tous les jours, sauf mardis et jours fériés, de 11h à 18h.


Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 10 Décembre 2015 à 00:43 | Lu 590 fois

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