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31 mars au 4 avril, Caligula d'Albert Camus, mise en scène Laurent Ziveri, théâtre Gyptis à Marseille

Empereur romain du Ier siècle, Caligula fut très populaire du fait de sa politique libérale. Mais il sombra dans une folie cruelle qui ensanglanta les dernières années de son règne. Camus a voulu le présenter comme «un tyran d’une espèce relativement rare, je veux dire un tyran intelligent, dont les mobiles semblent être à la fois singuliers et profonds. » (Camus, 1958). Il s’inspire très librement de la «Vie des douze Césars » de Suétone.


© François Mouren-Provensal
© François Mouren-Provensal
Caligula – L’oeuvre. Théâtre - 1944
Caligula : « (…) Mais je ne suis pas fou et même je n’ai jamais été aussi raisonnable. Simplement je me suis senti tout d’un coup un besoin d’impossible. Les choses, telles qu’elles sont, ne me semblent pas satisfaisantes. » Acte 1, Scène 4

Voici ce qu'en écrit Camus dans l'édition américaine du Théâtre (1957) : « La première, Caligula, a été composée en 1938, après une lecture des Douze Césars, de Suétone. Je destinais cette pièce au petit théâtre que j'avais créé à Alger et mon intention, en toute simplicité, était de créer le rôle de Caligula. Les acteurs débutants ont de ces ingénuités. Et puis j'avais 25 ans, âge où l'on doute de tout, sauf de soi. La guerre m'a forcé à la modestie et Caligula a été créé en 1946, au Théâtre Hébertot, à Paris.
Caligula est donc une pièce d'acteur et de metteur en scène. Mais, bien entendu, elle s'inspire des préoccupations qui étaient les miennes à cette époque. La critique française, qui a très bien accueilli la pièce, a souvent parlé, à mon grand étonnement, de pièce philosophique. Qu'en est-il exactement ? Caligula, prince relativement aimable jusque là, s'aperçoit à la mort de Drusilla, sa soeur et sa maîtresse, que le monde tel qu'il va n'est pas satisfaisant. Dès lors, obsédé d'impossible, empoisonné de mépris et d'horreur, il tente d'exercer, par le meurtre et la perversion systématique de toutes les valeurs, une liberté dont il découvrira pour finir qu'elle n'est pas la bonne. Il récuse l'amitié et l'amour, la simple solidarité
humaine, le bien et le mal. Il prend au mot ceux qui l'entourent, il les force à la logique, il nivelle tout autour de lui par la force de son refus et par la rage de destruction où l'entraine sa passion de vivre.
Mais, si sa vérité est de se révolter contre le destin, son erreur est de nier les hommes. On ne peut tout détruire sans se détruire soi-même. C'est pourquoi Caligula dépeuple le monde autour de lui et, fidèle à sa logique, fait ce qu'il faut pour armer contre lui ceux qui finiront par le tuer. Caligula est l'histoire d'un suicide supérieur. C'est l'histoire de la plus humaine et de la plus tragique des erreurs. Infidèle à l'homme, par fidélité à lui-même, Caligula consent à mourir pour avoir compris qu'aucun être ne peut se sauver tout seul et qu'on ne peut être libre contre les autres hommes.
Il s'agit donc d'une tragédie de l'intelligence. D'où l'on a conclu tout naturellement que ce drame était intellectuel. Personnellement, je crois bien connaître les défauts de cette oeuvre. Mais je cherche en vain la philosophie dans ces quatre actes. Ou, si elle existe, elle se trouve au niveau de cette affirmation du héros : Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux. Bien modeste idéologie, on le voit, et que j'ai
l'impression de partager avec M. de La Palice et l'humanité entière. Non, mon ambition était autre. La passion de l'impossible est, pour le dramaturge, un objet d'études aussi valable que la cupidité ou l'adultère. La montrer dans sa fureur, en illustrer les ravages, en faire éclater l'échec, voilà quel était mon projet. Et c'est sur lui qu'il faut juger cette oeuvre.
Un mot encore. Certains ont trouvé ma pièce provocante qui trouvent pourtant naturel qu'OEdipe tue son père et épouse sa mère et qui admettent le ménage à trois, dans les limites, il est vrai, des beaux quartiers. J'ai peu d'estime, cependant, pour un certain art qui choisit de choquer, faute de savoir convaincre. Et si je me trouvais être, par malheur, scandaleux, ce serait seulement à cause de ce goût démesuré de la vérité qu'un artiste ne saurait répudier sans renoncer à son art luimême. »

Caligula – L’homme

Fils de Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, Caligula est l'arrière-petit-fils de l'empereur Auguste et le petit-neveu de l'empereur Tibère à qui il succède à la tête du Sénat. Camus s'est inspiré de l'oeuvre de l'historien latin Suétone, Vie des douze Césars, qui décrit un Caligula devenu soudain tyrannique et lunatique après seulement six mois de règne juste, mais cette version de l'« empereur fou » semble être infirmée par de récentes découvertes archéologiques.

Biographie de Caligula
Dynastie julio-claudienne. Fils de Germanicus (neveu d'Auguste) et d'Agrippine l'Aînée. Les premières années de son règne se passent sans encombres. Il mène une politique respectueuse des institutions. Les historiens pensent qu'il est alors frappé de maladie mentale. Certains contemporains rapportent qu'il aurait désigné son cheval comme héritier au trône et d'autres qu'il se prenait pour un dieu à l'instar des pharaons. L'empereur périt au fil de l'épée des soldats de sa garde. Agrippa Ier, petit-fils du grand Hérode, reconstitue avec l'aval de Caligula le royaume d'Israël dans les frontières qui étaient les siennes lorsque ce pays était gouverné par son grand-père. Les juifs placent alors une statue de l'empereur romain dans le Saint des Saints du Temple de Jérusalem malgré l'hostilité des autorités religieuses qui ne
parviennent pas à empêcher un tel sacrilège. L'indépendance du royaume d'Israël prend fin à la mort d'Agrippa Ier, trois ans après celle de Caligula.

Pratique

Au Théâtre GYPTIS à MARSEILLE
du 31 MARS au 4 AVRIL 2009
CALIGULA d’Albert Camus
mise en scène : Laurent Ziveri
Décor : Jean-Paul Sanchez et Vincent Lefevre
Lumières et musique : Pierre Vigna
Costumes : Catherine Ingrassia
Avec :
Fabien Baïardi, Jean-François Bony, Patrick Denjean, Maud Jacquier, Vincent Lefevre, Laurent Moreau, Erica Rivolier, Jean-Jacques Rouvière, Christian Termis

RÉSERVATIONS 04 91 11 00 91
Théâtre Gyptis
136, rue Loubon
13003 Marseille
Trouver le théâtre sur le plan de Marseille
www.theatregyptis.com

pierre aimar
Mis en ligne le Vendredi 20 Mars 2009 à 03:57 | Lu 3552 fois

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