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Venenum, un monde empoisonné, exposition du 15 avril 2017 au 7 janvier 2018 au musée des Confluences, Lyon

L’exposition est une exploration du thème des poisons dans la nature et dans les sociétés humaines. Moyens de défense ou de pouvoir, armes ciblées ou diffuses, menaces environnementales ou espoirs pour la médecine, les poisons suscitent crainte et fascination


La mort de Socrate de Jean-Baptiste Alizard, (1762) - RMN-Grand Palais / image Beaux- Arts de Paris
La mort de Socrate de Jean-Baptiste Alizard, (1762) - RMN-Grand Palais / image Beaux- Arts de Paris

L’exposition Venenum, un monde empoisonné décrit les rôles joués par le poison dans l’histoire et la culture, la science et les croyances, la médecine et la criminologie. Située à la confluence des disciplines, elle croise des collections issues des sciences de la Vie et de la Terre et des sciences humaines : peintures et sculptures beaux-arts, collections ethnographiques côtoient et dialoguent avec les collections de sciences naturelles et quelques animaux vivants.

L’exposition Venenum a été conçue avec le regard et les contributions d’un comité scientifique pluridisciplinaire de 5 chercheurs réunissant deux historiens, un biologiste cellulaire, un pharmacologue et un anthropologue.

Exposition du 15 avril 2017 au 7 janvier 2018
www.museedesconfluences.fr

Histoire

La première partie de l’exposition se concentre sur les usages et représentations du poison de l’Antiquité au XXe siècle. Celui-ci imprègne une partie des récits de la mythologie grecque, à l’instar de Médée qui tente d’empoisonner son beau-fils Egée, ou lorsqu’Hercule est victime de la tunique empoisonnée par le sang du Centaure. Le poison occupe aussi une place bien réelle dans les sociétés de l’époque : il est alors utilisé pour se donner la mort, comme Socrate, condamné à boire la cigüe, ou Cléopâtre mordue par un serpent. Il est aussi un instrument destiné à éliminer ses proches pour récupérer le pouvoir, un moyen employé par le redouté Néron.

Restituées sur des œuvres, ces scènes inspirent les créations des peintres et des sculpteurs depuis l’Antiquité, jusqu’aux XVIIIe et XIXe siècles.

Au Moyen-Age, le poison est réservé aux « sans armes ». Les ecclésiastiques et les femmes règlent leurs comptes avec cette arme insidieuse. C’est l’époque à laquelle sévit la redoutable Frédégonde. Plusieurs récits retracent les tentatives d’empoisonnement déjouées par Saint-Benoît. Dans les banquets, on traque les mets empoisonnés, avec des objets censés détecter les substances mortelles.

Mais le poison vit son véritable âge d’or à la Renaissance, comme instrument au service des intrigues des puissants. Chez les Médicis et les Borgia, on empoisonne sans modération, en famille ou chez ses rivaux !
Au XVIIe siècle, les affaires des poisons mettent à jour un vaste réseau de mages, sorcières et prêtres sataniques. Le pouvoir sévit alors sur ces pratiques. A l’aube du XXe siècle, à la faveur de quelques grandes empoisonneuses : Hélène Jégado, Violette Nozières, Marie Besnard…

Nature

Après cette plongée dans l’Histoire, le visiteur pénètre dans un « jardin toxique », qui révèle l’omniprésence et la grande variété des poisons dans la nature.

Alors que des planches de sciences naturelles illustrent la diversité des espèces venimeuses et toxiques, certaines sont présentées en vivarium. On approche des spécimens vivants tels que de redoutables mygales, des serpents, des scorpions et des poissons dangereux… Présentés naturalisés, quelques mammifères d’apparence inoffensive se révèlent pourtant venimeux : l’ornithorynque, la musaraigne et certains primates. A leurs côtés, des animaux toxiques plus connus, tels que les grenouilles multicolores d’Amazonie, le poisson fugu ou certains crabes. Le règne végétal n’est pas en reste : un herbier interactif révèle la toxicité de nombreuses espèces de plantes et de champignons à éviter lors des séances de cueillette.

Le poison se retrouve aussi dans les minéraux. Exposés à l’état d’innocentes pierres, l’arsenic, l’antimoine, le plomb, le mercure sont en fait de véritables tueurs, et font écho aux poisons disséminés dans notre environnement.
Synancée ou poisson-pierre (Ile Maurice). Considéré comme le poisson le plus venimeux au monde, sa piqûre peut causer un arrêt cardiaque - Photo Mathias Benguigui, musée des Confluences
Synancée ou poisson-pierre (Ile Maurice). Considéré comme le poisson le plus venimeux au monde, sa piqûre peut causer un arrêt cardiaque - Photo Mathias Benguigui, musée des Confluences

Usages

-Depuis la Préhistoire, l’Homme tire parti des poisons présents dans la nature pour les utiliser ou les transformer à des fins multiples. Armes, produits et objets anciens et contemporains, issus de tous les continents, témoignent de ces différents usages.

Les hommes rivalisent d’ingéniosité pour concevoir des flèches empoisonnés discrètes et fatales, dédiées à la chasse ou à la guerre. Le poison occupe également une place importante dans la vie et les objets du quotidien : le plomb entrait déjà dans la composition du matériel de cuisson et de maquillage chez les Romains. Au début du XXème siècle, la présence de radium dans certains produits de beauté était vantée! L’arsenic, présent dans de nombreux foyers, servait à se débarrasser des nuisibles, dans la maison ou dans les champs.

Les pouvoirs stupéfiants ou hallucinogènes de certains poisons, comme l’opium ou le peyotl, sont sollicités pour atteindre des états de dépassement ou de transe. De nombreux rituels initiatiques incluent la consommation de poisons.
Ce qui nous environne aujourd’hui n’en est pas moins dangereux : amiante, pesticides, particules fines, perturbateurs endocriniens font partie intégrante de nos paysages, urbains et ruraux.

Remèdes

Le parcours de l’exposition s’achève sur un paradoxe : dans le poison se trouve le remède.

Une remontée aux origines de la pharmacopée nous fait découvrir quelques uns des objets supposés « magiques » qui étaient utilisés pour détecter ou contrer le poison, comme le corail ou les pierres à venin.

On comprend progressivement que les substances toxiques, selon leur dosage, détiennent le pouvoir de tuer ou de sauver. Cette histoire continue chaque jour de s’écrire, avec la conception de médicaments toujours plus ciblés. Parallèlement, la connaissance des poisons a permis l’essor de la toxicologie, mise notamment au service de la résolution d’affaires criminelles. Les toxines et les venins ne vont-t-ils pas à l’avenir sauver plus de vies qu’il n’en ôtera ?

Pratique

Musée des Confluences
86 quai Perrache
69002 Lyon
Téléphone
(+33) 04 28 38 12 12
Horaires
du mardi au vendredi de 11h à 19h
samedi et dimanche de 10h à 19h
jeudi nocturne jusqu'à 22h
Fermeture
lundis et jours fériés (1er janvier, 1er mai et 25 décembre)
Tarifs
Adulte tarif plein : 9 euros
Enfants et étudiants de -26 ans :
Gratuit

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 7 Mars 2017 à 12:35 | Lu 341 fois

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