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Renoir. Fondation Pierre Gianadda, Martigny (Suisse) du 20 juin au 23 novembre 2014

Après les différentes rétrospectives historiques sur les maîtres de l’impressionnisme organisées depuis une vingtaine d’années à la Fondation Pierre Gianadda par l’éminent historien de l’art Ronald Pickvance : Degas (1993), Manet (1996), Gauguin (1998), Van Gogh (2000), et celles consacrée à Berthe Morisot (2002) et Monet (2011), il faut aujourd’hui rendre hommage au plus célèbre portraitiste du temps : Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)


L'exposition présentée par Daniel Marchesseau
, Commissaire de l’exposition

Cette exposition propose, par une sélection d’œuvres souvent inconnues provenant de collections publiques et privées européennes, un retour à l’émotion toute proustienne que suscite le souvenir des toiles les plus célèbres que la mémoire collective conserve du plus charnel des impressionnistes, l’amoureux de l’éternel féminin – grâce et volupté. On peut en particulier évoquer l’une des plus célèbres, sinon la plus séduisante, réunions de plein air des années impressionnistes – après le « Déjeuner sur l’herbe » de Manet (1863) et celui de Claude Monet (1865) - le « Déjeuner des canotiers » (1880) que Léonard Gianadda a exposé en majesté (2004) – un prêt international d’exception consenti par la Phillips Collection de Washington. Cette œuvre séminale, au-delà de sa troublante beauté chromatique, est un manifeste de la peinture de figures en plein air, un tour de force pictural alliant la complexité de la composition, la recherche de lumière et l’expression d’un vrai moment de bonheur à l’acmé du génie de Renoir.

Aussi le pari de l’exposition actuelle est-il de réunir un panorama, aussi intimiste sinon plus inédit que possible, après certains ensembles de la plus haute importance de ses peintures qui ont été accrochées sur ces mêmes cimaises depuis un quart de siècle, provenant du musée de São Paulo (1988), du musée Pouchkine de Moscou (  2005), du Metropolitan Museum de New York (2006), ou d’un collectionneur (« De Renoir à Szafran », 2011). Nombre de ces œuvres ont été rarement, sinon jamais, exposées.

Ainsi, une rare paire de sujets de fantaisie « Pierrot et Colombine », brillamment exécutée à l’âge de vingt ans, connue des seuls spécialistes, témoigne de son apprentissage de peintre sur porcelaine et de sa connaissance des sujets galants du XVIIIe siècle. Mais le talentueux élève de Gleyre à l’Ecole de Beaux-Arts où il se lie avec Monet et Bazille cerne bientôt son champ d’inspiration féminine : « Lisa » (1872, exposée) et, sa complice du marché aux modèles de la Place Pigalle, la jeune et voluptueuse «  Suzanne Valadon  » (exposée) qui pose rue Cortot (aujourd’hui musée de Montmartre) pour de nombreuses toiles avant de suivre les conseils de Degas et devenir le peintre reconnu que la Fondation Pierre Gianadda a exposé en 1996.

C’est d’ailleurs rue Cortot que Renoir peint « Le Bal du moulin de la galette » où ce chantre de la beauté féminine - comme Monet l’est des variations les plus éphémères de la lumière – s’impose comme portraitiste (Yvonne et Christine Lerolle, posent pour «  Les jeunes filles au piano  ») et répond à de nombreuses commandes dans la bourgeoisie fortunée.

Sa rencontre avec Aline Charigot, la mère de ses trois fils, Pierre, Jean et Claude (dit « Coco »), qu’il épouse en 1890, est déterminante pour son inspiration qui, au fil des années, se recentre autour d’une voluptueuse évocation de nombreuses maternités.

Renoir, dont on apprécie également les natures mortes, les bouquets et les paysages, maîtrise avec un art consommé tout l’éventail de sa palette au profit de sa technique picturale. Il travaille avec des «  pinceaux de martre et des brosses plates en soie  », et employer surtout «  Blanc d’argent, Jaune de chrôme (sic), Jaune de Naples, Ocre jaune, terre de Sienne naturelle, vermillon, laque de Garance, vert Véronèse, vert Emeraude, Bleu de Cobalt, Bleu Outremer – l’ocre jaune, le jaune de Naples et la terre de Sienne n’étant que des tons intermédiaires, dont on peut se passer puisque vous pouvez les faire avec les autres couleurs  », sans oublier «  le noir, la reine des couleurs »

Paul Durand-Ruel est le premier à le défendre et l’exposer, à Paris, Londres et aux Etats-Unis. Plus de mille œuvres passent par ses galeries. Plus jeune, Ambroise Vollard édite ses gravures et ses bronzes, avant d’acquérir, à sa mort, tout le fond de l’atelier – Renoir en brosse trois célèbres portraits dont celui donné par Vollard au Petit Palais de Paris (exposé).

Avec la consécration, vient la réussite financière au tournant du siècle. Renoir découvre Cagnes sur mer en 1903 et s’installe peu après dans le vaste Domaine des Collettes où il fait construire une haute villa avec deux ateliers. L’un est consacré à la sculpture où, avec l’étroite collaboration du jeune sculpteur et praticien Richard Guino, il élabore un ensemble de plâtres dont « La grande Laveuse accroupie  » - dont un exemplaire en bronze orne depuis longtemps le jardin de la Fondation Pierre Gianadda et une majestueuse « Venus Victrix » (exposées).

Au sommet de la consécration, et malgré certaines critiques acides, des collectionneurs aussi avertis que la baronne Béatrice Ephrussi de Rothschild (2 paysages exposés) ou les américains Leo et Gertrude Stein ne s’y trompent pas et s’entourent de ses œuvres, avant que le Dr Alfred Barnes ne réunisse, sur le conseil du jeune marchand Paul Guillaume, plus de cent quatre-vingts tableaux (aujourd’hui à la Barnes Foundation, récemment installée à Philadelphie). Mais également, il faut le souligner, de jeunes artistes séjournant dans le Midi, comme Aristide Maillol et Maurice Denis, rendent visite au maître dont ils font le portrait. Quelques mois avant sa disparition, il reçoit la visite d’Amedeo Modigliani et d’Henri Matisse, également encouragés par Paul Guillaume... Si Pablo Picasso n’a pas l’occasion de faire sa connaissance, il n’en acquiert pas moins pour sa collection personnelle sept de ses œuvres (aujourd’hui, musée Picasso, Paris) et il exécute, peu après la mort de Renoir le 3 décembre 1919,  deux grands et remarquables dessins d’interprétation au fusain en forme d’hommage au maître défunt  : «  Le ménage Sisley d’après Les Fiancés de Renoir  » et surtout le bouleversant «  Portrait de Renoir, d’après une photographie » (musée Picasso, Paris). C’est dire quelle importance il attachait à l’homme comme à son art dans sa pleine maturité.

Ainsi, par la reconnaissance de son génie par la nouvelle génération, Auguste Renoir est-il bien entré, comme son ami de la première heure et aîné de quelques semaines, Claude Monet, au Panthéon des artistes de la modernité française au XXe siècle.

Pratique

Fondation Pierre Gianadda
Rue du Forum 59, 1920 Martigny, Suisse
Tel : + 41 27 722 39 78
Site : www.gianadda.ch
Ouvert tous les jours de 9 h à 19 h


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Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 31 Mars 2014 à 13:38 | Lu 3652 fois

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