À Paris, la galerie G. Sarti crée l’événement en organisant une exposition de qualité muséale, qui réunit vingt-deux tableaux exceptionnels d’artistes italiens ayant travaillé dans la lignée du Caravage. Du «premier cercle» avec Bartolomeo Manfredi, Giovanni Battista Caracciolo, Cavarozzi, aux différentes écoles (Giuseppe Ribera, Andrea Vaccaro, Luca Giordano, Artemisia Gentileschi, Bernardo Strozzi, Daniele Crespi, Guido Reni), l’accrochage offre au public le plus bel ensemble d’oeuvres caravagesques jamais réuni en galerie..
Maître de Baranello, Saint Jean Baptiste. Vers 1620-1630 - Huile sur toile - 100 x 136,5 cm.
Dans le sillage du Caravage
Peu d’artistes peuvent s’enorgueillir d’avoir eu la postérité du Caravage. Dès sa mort à Rome en 1610, et au cours des années qui suivent, son style bouleverse totalement le paysage artistique. Les peintres réinterprètent les principes qui ont fait la force et l’originalité du maître, le clair-obscur, les personnages empruntés à la vie réelle, l’expression exacerbée des visages, le mélange audacieux du sacré et du profane, avec un goût affirmé pour la dramatisation. Caravage n’a eu de son vivant ni école, ni atelier, ni élèves, et la plupart des peintres que l’histoire de l’art a réuni sous l’appellation de « caravagesques » ne l’ont jamais côtoyé, et même jamais vu. L’influence de son art sur leurs créations n’en est pas moins certaine, mais à des degrés différents. Certains peintres appartiennent au « premier cercle » et produisent des oeuvres proches de celles du maître, comme Giovanni Battista Caracciolo, sans doute le plus caravagesque de tous, et Bartolomeo Manfredi - qui avec l’accord tacite du maître va élaborer des modèles qui seront repris par les artistes. D’autres, avec parfois plusieurs décennies d’écart, empruntent des principes de construction ou de lumière mis au point par le Caravage, et s’inscrivent dans son sillage par l’expressivité d’un visage (les bourreaux de La Flagellation de Daniele Crespi), une ambiance crépusculaire, une nature morte (dans le Saint Jean-Baptiste du Maître de Baranello), tout en s’inspirant également d’autres courants.
Dans certains cas il serait plus juste de parler de Naturalisme que de Caravagisme, face à une peinture de la réalité assagie, moins tendue, moins violente, moins dramatique (le Saint Laurent d’Andrea Vaccaro, l’Allégorie de l’Astronomie d’Artemisia Gentileschi, deux tableaux peints vers 1635).
Dans certains cas il serait plus juste de parler de Naturalisme que de Caravagisme, face à une peinture de la réalité assagie, moins tendue, moins violente, moins dramatique (le Saint Laurent d’Andrea Vaccaro, l’Allégorie de l’Astronomie d’Artemisia Gentileschi, deux tableaux peints vers 1635).
Une réunion de grands chefs-d’œuvre
Signés de grands artistes des écoles romaine, napolitaine, toscane, génoise, lombarde et bolonaise, tous les tableaux présentés dans cette exposition ont été réunis par Giovanni Sarti au cours des dix dernières années. L’accrochage rassemble en majorité des peintres très célèbres, mais aussi quelques autres qui méritent d’être redécouverts, à l’instar d’Agostino Melissi (la galerie G. Sarti a d’ailleurs publié un ouvrage consacré à sa remarquable Pietà) ou de ce peintre anonyme toscan auteur d’un saisissant Enlèvement de Ganymède montrant l’enfant abandonné contre l’aigle, sur un fond de ciel nuageux. Parmi les autres grands chefs-d’oeuvre de l’exposition figurent le Saint Sébastien de Bartolomeo Manfredi, puissant et expressif, deux tableaux de Giuseppe Ribera - une œuvre de jeunesse connue et documentée (Saint Philippe), et une vraie découverte, le très mystique Roi David. Sans oublier le Roi Clovis d’Orazio Riminaldi, qui étonne par son sujet typiquement français traité dans un savant mélange de caravagisme et de classicisme.
Pour prolonger cette exposition unique, un important catalogue est publié (une édition française et une édition anglaise ; éd. Galerie G. Sarti) qui, sous la signature de spécialistes, fait le point sur ces vingt-deux œuvres d’exception, dont certaines ont fait l’objet d’attributions ou de réattributions très récentes.
Pour prolonger cette exposition unique, un important catalogue est publié (une édition française et une édition anglaise ; éd. Galerie G. Sarti) qui, sous la signature de spécialistes, fait le point sur ces vingt-deux œuvres d’exception, dont certaines ont fait l’objet d’attributions ou de réattributions très récentes.