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« Natures de l’être ». Exposition collective de dessins, Galerie Alain Margaron, Paris, du 6 mars au 26 avril 2014

La Galerie Alain Margaron présente une exposition collective consacrée au dessin qui réunit dix artistes de la galerie : Anselme Bois-Vives, Dado, Fred Deux, Aurel Cojan, Clara Fierfort, Robert Groborne, René Laubiès, François Lunven, Michel Macréau et Bernard Réquichot.


Fred Deux, Mur de ma vie, 2006-2007, encre, 65 x 102 cm. Courtesy Galerie Alain Margaron
Fred Deux, Mur de ma vie, 2006-2007, encre, 65 x 102 cm. Courtesy Galerie Alain Margaron
L’artiste Anselme Bois-Vives qui s’est éteint en 1969 – quelques années seulement après avoir commencé à peindre et puis à exposer à l’invitation notamment d’Harald Szeeman (Kunsthalle de Berne en 1964) – a développé un univers où la nature, au sens plein du terme, semble naître et croître sous nos yeux. La flore, la faune mais également l’homme, qui au même titre que les animaux ou les plantes, peuplent cet univers vivant et coloré.

Chez Dado l’univers artistique, bien que très prolifique, se fait plus obscur, ambivalent voir terrifiant. A travers des dessins à l’encre, au crayon ou au feutre, l’artiste dépeint un monde empreint d’une violence primitive palpable, même lorsque les œuvres sont baignées des couleurs les plus délicates. Chez Dado, le genre humain se mue invariablement en créatures organiques, où la vie et la mort se trouvent indifférenciées.

L’importance du corps et de la figure est tout aussi déterminante dans le travail de l’artiste Fred Deux. Son inspiration iconographique est notamment nourrie de sources mystiques dont l’empreinte est particulièrement visible dans son dessin
L’esprit des eaux, cela sans y être réduite. En effet, l’œuvre de Fred Deux trouverait plus précisément sa source dans l’espace entre le sacré et le profane, tout à la fois mystique donc mais aussi liée à une réalité éminemment organique, matérielle, parfois en référence au corps même de l’artiste, comme c’est le cas pour Mes spasmes.

Aurel Cojan a pour sa part, dans les derniers dessins qu’il a réalisé autour des années 2000, touché les limites de la représentation figurative dans l’exploration de la nature et des relations interhumaines. Dans son Nu, de 2003 ainsi que dans ses Dispute et Rencontre on perçoit la rapidité d’exécution du trait, et la violence sous-jacente à cette tentative de description. Les œuvres tendent à dissoudre les formes et les corps dans les couleurs ou les entrelacs de lignes.

L’accrochage présentera également un dessin de Clara Fierfort daté de 2013. Jeune artiste entrée à la galerie à l’âge de 19 ans, elle allie force d’un trait tout à la fois architecturé et proche de la bande dessinée, serein et mouvementé – presque baroque – dans une tentative pour retrouver la vitalité, l’harmonie du monde et de ses formes.

Avec Robert Groborne l’exposition s’éloignera d’une observation de la figure humaine pour approcher plus largement les forces créatrice du chaos, à travers des œuvres réalisées à l’encre de chine, datant du milieu des années 80. Robert Gorborne, dont on a pu voir en 2004 le travail à la Bibliothèque nationale de France, travaille à l’écart du monde. Ses œuvres sont en état permanent de métamorphose, et étudient la valeur transitoire du temps.

Dans le même effort d’abstraction, René Laubiès fait de ses œuvres des retranscriptions d’une expérience méditative de la nature. Ses encres et aquarelles sont baignées par une grande subtilité et intensité qui tendent à suspendre la révolution du monde. Là, les quatre éléments fondateurs (air, feu, eau, terre) sont représentés à travers les nuages ou le ciel ; le soleil ; la mer et les côtes asiatiques: le flux de l’univers en somme. L’inclinaison de René Laubiès pour la question de l’écriture abstraite et la méditation n’est pas sans lien avec les origines chinoises de sa famille.

Sensibles ou mouvement du monde, les œuvres de François Lunven en sondent la course et la frénésie dont l’artiste avait pressenti les développements dès les années 60, comme en témoignent les dessins présentés pour cette exposition. Les formes réalisées par François Lunven se situent ainsi à la croisée des formes organiques, et des formes virtuelles voir robotiques, cristallisant ainsi une vision fulgurante et prospective.

Les deux dessins de Michel Macréau présentés ici ont été découverts récemment et font preuve de la liberté et l’énergie presque inégalée de l’artiste. Michel Macréau y figure des formes obsessionnelles, volontairement naïves, fondées sur le vocabulaire graphique des enfants, des marginaux et des malades mentaux ; auquel il mêle, de manière libre et transgressive, des éléments de l’affichisme évoquant les graffitis urbains. L’artiste dépeint de manière personnelle et singulière ses traumatismes les plus intimes.

Pour Bernard Réquichot, enfin, c’est l'écriture qui accompagne l'acte de dessiner. L’encre présentée ici date du début des années 60 et a été retrouvée dans l’atelier de l’artiste au moment de son suicide. A la croisée du dessin et de l’écriture, l’œuvre de Bernard Réquichot a valeur d’exemple comme le décrit Roland Barthes dans sa préface à “Hommages à Bernard Réquichot” publiée en 1992. Gestualisée, spontanée et parfois abrupte, la représentation du monde que fait Bernard Réquichot n’en est plus que vivante. Ainsi ses araignées, traces de graphite sur papier, sont comme animées du souffle animal, du souffle du monde.

Galerie Alain Margaron
5, rue du Perche – 75003 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h30 à 19h30

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 7 Février 2014 à 12:38 | Lu 454 fois

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