Assoiffés © Candice Nguyen
L’auteur libano-québécois Wajdi Mouawad explore, dans assoiffés, véritable récit labyrinthique, le douloureux passage de l’adolescence au monde adulte.
Sur le mode du réalisme fantastique, il mêle passé et présent, personnages quotidiens et figures de fiction. Ce texte incandescent sur les affres de l’adolescence est porté ici avec brio par trois jeunes comédiens qui en signent aussi la mise en scène. Ils nous invitent à nous interroger sur les rêves, leur rôle à travers l’histoire de Boon. Assoiffés relate l’histoire étrange et poétique d’adolescents en marge du monde des adultes.
Sur le plateau nu, un simple cube de bois de deux mètres de côté occupe seul l’espace au début de la pièce. Cet élément de décor singulier se révèle très efficace : de maison il se transforme en tribune pour finir en castelet. Au début du spectacle, il incarne le mystère puis le cube tremble comme ébranlé par un séisme. On songe à une personne enfermée qui essaye de sortir. Cette allégorie de l’enfermement deviendra le fil rouge du spectacle. Du cube surgit un escogriffe volubile Sylvain Murdoch à la langue acérée totalement incarné par le comédien québécois Alexandre Streicher dont le délicieux accent sied parfaitement à la prose déjantée de Mouawad. Il hurle sa colère et révolte tout en apportant une véritable touche comique à son personnage…
Lorsque les fenêtres du cube s’ouvrent, deux masques de commedia dell’arte apparaissent. Père et mère témoignent de leur inquiétude en empruntant leurs gestuelles à l’univers des marionnettes devant le mutisme qui caractérise leur fille. Quelle belle métaphore du monde des adultes réduits à l’univers des marionnettes face aux ados !
Autre personnage fascinant est celui de Boon sous les traits de Vivien Fedele, comédien engagé et juste scéniquement dont le cri de douleur lui permet de comprendre que « la violence d’une vie peut donner la beauté de l’art. ». Personnage éminemment complexe, Boon nous offre ses craintes, ses peurs, ses angoisses, ses regrets, son émotion en rendant compréhensible l’enquête dont il s’est emparé sur deux corps retrouvés enlacés et noyés dans le Saint-Laurent.
Dernier personnage d’assoiffés, Norvège, véritable héroïne de cinéma ou roman épouse les traits de Mélaine Catuagno. Prisonnière d’un voile tissé, elle doit briser cette toile empirique pour exister. Cette adolescente régie par la violence y compris contre elle même est un personnage terriblement inquiétant.
Assoiffés est un objet théâtral rare d’une grande beauté. Empreint d’une grande humanité, assoiffés est un spectacle tendre, puissant au rythme épique et déroutant. Cette compagnie lyonnaise composé de jeunes comédiens aux talents multiples et éprouvés mérite d’être suivie dans l’avenir… Un régal théâtral et poétique qui fait du bien en ses temps de troubles intenses !
Éric Gilles
En janvier je vous recommande vivement le spectacle onirique de Michel Boutet Barbouillot d’ pain sec présenté le 15 janvier à l’Espace Léo Ferré. www.toursky.fr
Sur le mode du réalisme fantastique, il mêle passé et présent, personnages quotidiens et figures de fiction. Ce texte incandescent sur les affres de l’adolescence est porté ici avec brio par trois jeunes comédiens qui en signent aussi la mise en scène. Ils nous invitent à nous interroger sur les rêves, leur rôle à travers l’histoire de Boon. Assoiffés relate l’histoire étrange et poétique d’adolescents en marge du monde des adultes.
Sur le plateau nu, un simple cube de bois de deux mètres de côté occupe seul l’espace au début de la pièce. Cet élément de décor singulier se révèle très efficace : de maison il se transforme en tribune pour finir en castelet. Au début du spectacle, il incarne le mystère puis le cube tremble comme ébranlé par un séisme. On songe à une personne enfermée qui essaye de sortir. Cette allégorie de l’enfermement deviendra le fil rouge du spectacle. Du cube surgit un escogriffe volubile Sylvain Murdoch à la langue acérée totalement incarné par le comédien québécois Alexandre Streicher dont le délicieux accent sied parfaitement à la prose déjantée de Mouawad. Il hurle sa colère et révolte tout en apportant une véritable touche comique à son personnage…
Lorsque les fenêtres du cube s’ouvrent, deux masques de commedia dell’arte apparaissent. Père et mère témoignent de leur inquiétude en empruntant leurs gestuelles à l’univers des marionnettes devant le mutisme qui caractérise leur fille. Quelle belle métaphore du monde des adultes réduits à l’univers des marionnettes face aux ados !
Autre personnage fascinant est celui de Boon sous les traits de Vivien Fedele, comédien engagé et juste scéniquement dont le cri de douleur lui permet de comprendre que « la violence d’une vie peut donner la beauté de l’art. ». Personnage éminemment complexe, Boon nous offre ses craintes, ses peurs, ses angoisses, ses regrets, son émotion en rendant compréhensible l’enquête dont il s’est emparé sur deux corps retrouvés enlacés et noyés dans le Saint-Laurent.
Dernier personnage d’assoiffés, Norvège, véritable héroïne de cinéma ou roman épouse les traits de Mélaine Catuagno. Prisonnière d’un voile tissé, elle doit briser cette toile empirique pour exister. Cette adolescente régie par la violence y compris contre elle même est un personnage terriblement inquiétant.
Assoiffés est un objet théâtral rare d’une grande beauté. Empreint d’une grande humanité, assoiffés est un spectacle tendre, puissant au rythme épique et déroutant. Cette compagnie lyonnaise composé de jeunes comédiens aux talents multiples et éprouvés mérite d’être suivie dans l’avenir… Un régal théâtral et poétique qui fait du bien en ses temps de troubles intenses !
Éric Gilles
En janvier je vous recommande vivement le spectacle onirique de Michel Boutet Barbouillot d’ pain sec présenté le 15 janvier à l’Espace Léo Ferré. www.toursky.fr