« Mais quel cirque ! » disait Chagall quand Léger proposait « Allez au cirque. Vous quittez vos rectangles, vos fenêtres géométriques et vous allez au pays des cercles en action ».
De Degas à Picasso en passant par Toulouse-Lautrec, Renoir, Rouault, Matisse ou Calder, l'univers du cirque a exercé une influence majeure sur l’avant-garde artistique depuis l'Impressionnisme. L'analogie entre la forme ronde de la piste et celle de la terre illustre la métaphore du regard posé par les artistes sur notre monde moderne. Précurseur des loisirs de masse, le cirque devient une attraction pour tous, petits et grands, ouvriers et aristocrates. « Le cirque a été l’événement de mon enfance et voilà qu’il est revenu dans ma peinture », confiait ainsi Fernand Léger à la fin de sa vie. « J’ai imaginé mon cirque dans les heures nocturnes. Il est au milieu de ma chambre. On entend les rires et les cris » écrivait Marc Chagall.
Malgré des démarches distinctes, Chagall et Léger ont en commun d'avoir puisé de nombreuses figures dans l’univers du cirque. Dès sa série des Contrastes de formes avant la Grande Guerre, Léger élabore ainsi une écriture plastique apte à traduire le tourbillon de la vie moderne grâce aux effets contrastés des lignes et des couleurs. A la fin de sa vie, il se souvient de l'émotion populaire suscitée par l'arrivée du cirque de son enfance normande à Argentan. Accompagné de ses amis poètes, écrivains, peintres et musiciens tels que Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire, Darius Milhaud, Max Jacob ou Robert Delaunay, il fréquente assidûment le cirque Medrano et le trio de clowns Fratellini. De son côté, Marc Chagall est attiré par l'univers du cirque ambulant et des musiciens qui lui rappelle son enfance juive à Vitebsk, en Russie.
La magie des couleurs et des sons constitue un support de création poétique. Pour lui, le saltimbanque est une allégorie de l’artiste et il cultive ce thème comme une métaphore de la vie. Autour des livres d'artistes édités par Tériade aux éditions Verve en 1950 pour Léger et en 1967 pour Chagall, l'exposition rassemble une sélection d'études, de gouaches préparatoires, de pages manuscrites ou imprimées. Grâce aux exemplaires originaux du livre Cirque offerts en 1969 par Nadia Léger et Georges Bauquier et en 1995 par Alice Tériade, veuve de l'éditeur, le musée national Fernand Léger présente l'ouvrage intégralement déployé. Cet événement offre l’occasion rare d’admirer un chef-d’oeuvre de la bibliophilie d’art du XXe siècle. Il est accompagné d'un florilège de peintures, de dessins et de céramiques sur le thème du cirque provenant de la collection et de prêts. Au musée national Marc Chagall sont présentées 38 gouaches d’une collection particulière. Peintes par l’artiste en 1955, elles illustrent 10 ans plus tard le recueil de ses textes sur le cirque édité par Tériade. Enfin, des prêts de la collection Alain Frère permettent d'évoquer par des costumes, des photographies et des affiches l'univers fascinant de la piste, source de divertissement pour le public et d'inspiration pour nos artistes.
Le cirque, source d'inspiration pour l'art moderne
Pour la plupart d'entre nous, le cirque évoque les foires médiévales, ses bateleurs, ses dresseurs d'animaux et autres manifestations festives historiques. Celui qui inspire Léger et Chagall relève toutefois d'une histoire récente qui remonte à la seconde moitié du XVIIIe siècle et triomphe à partir de la fin du siècle suivant. S'inspirant de la tradition militaire de l'art équestre qui définit son architecture circulaire, le premier cirque moderne est d'influence anglo-saxonne et a été imaginé par Philip Astley, ancien sergent-major au 15e régiment des chevaux légers. Cette nouvelle forme de spectacle est apparue à Londres en 1768. Dans la capitale française, elle y fut édifiée en 1792 par le même Astley avant d'être reprise par Antonio Franconie et ses descendants. Le point de vue frontal qui caractérise le théâtre disparaît au profit d'une vision circulaire et multifocale où deux typologies d'acteurs exercent sur la piste : les numéros traditionnels et ceux spécifiquement conçus pour le chapiteau.
L'innovation technologique au XIXe siècle permet à l'architecture métallique de créer un grand espace vide dans lequel évoluent des numéros acrobatiques et parfois à haut risque. Le spectateur est désormais placé au centre de l'action et perçoit ainsi de près les corps en mouvement.
Avant la Première Guerre mondiale, l'avant-garde se réunit régulièrement autour de la piste des cirques permanents de Paris dont le Cirque d'Hiver et Medrano. Ce dernier, que Léger appelle le « pays des cercles en action », est installé à Pigalle depuis 1875. Sédentaire, ledit spectacle est spécialisé dans les numéros hippiques, la tradition clownesque et les ménageries exotiques.
Dans la continuité de leurs aînés Seurat ou Toulouse-Lautrec, des peintres tels que Picasso, Rouault, Léger et Chagall, des écrivains et poètes tels qu'Apollinaire et Max Jacob sont à leur tour fascinés par le monde forain, le renouvellement du regard induit par l'absence d'unicité de point de vue et de hiérarchie entre son, lumière, espace, mouvement. « Etre un peintre et devant ce spectacle, se sentir impuissant à résoudre cela sur la toile » écrit Léger. Avec l'avènement de la civilisation industrielle, des loisirs et de la reproduction mécanique (photographie, cinéma), certains artistes tentent de traduire les enjeux d'une mutation du regard et du rapport au corps.
Pour d’autres, dont Chagall, le cirque est affaire d’abandon de la gravitation, souligné par l’envolée des corps, et de représentation d’un autre monde où la réalité est transfigurée volontairement.
Malgré des démarches distinctes, Chagall et Léger ont en commun d'avoir puisé de nombreuses figures dans l’univers du cirque. Dès sa série des Contrastes de formes avant la Grande Guerre, Léger élabore ainsi une écriture plastique apte à traduire le tourbillon de la vie moderne grâce aux effets contrastés des lignes et des couleurs. A la fin de sa vie, il se souvient de l'émotion populaire suscitée par l'arrivée du cirque de son enfance normande à Argentan. Accompagné de ses amis poètes, écrivains, peintres et musiciens tels que Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire, Darius Milhaud, Max Jacob ou Robert Delaunay, il fréquente assidûment le cirque Medrano et le trio de clowns Fratellini. De son côté, Marc Chagall est attiré par l'univers du cirque ambulant et des musiciens qui lui rappelle son enfance juive à Vitebsk, en Russie.
La magie des couleurs et des sons constitue un support de création poétique. Pour lui, le saltimbanque est une allégorie de l’artiste et il cultive ce thème comme une métaphore de la vie. Autour des livres d'artistes édités par Tériade aux éditions Verve en 1950 pour Léger et en 1967 pour Chagall, l'exposition rassemble une sélection d'études, de gouaches préparatoires, de pages manuscrites ou imprimées. Grâce aux exemplaires originaux du livre Cirque offerts en 1969 par Nadia Léger et Georges Bauquier et en 1995 par Alice Tériade, veuve de l'éditeur, le musée national Fernand Léger présente l'ouvrage intégralement déployé. Cet événement offre l’occasion rare d’admirer un chef-d’oeuvre de la bibliophilie d’art du XXe siècle. Il est accompagné d'un florilège de peintures, de dessins et de céramiques sur le thème du cirque provenant de la collection et de prêts. Au musée national Marc Chagall sont présentées 38 gouaches d’une collection particulière. Peintes par l’artiste en 1955, elles illustrent 10 ans plus tard le recueil de ses textes sur le cirque édité par Tériade. Enfin, des prêts de la collection Alain Frère permettent d'évoquer par des costumes, des photographies et des affiches l'univers fascinant de la piste, source de divertissement pour le public et d'inspiration pour nos artistes.
Le cirque, source d'inspiration pour l'art moderne
Pour la plupart d'entre nous, le cirque évoque les foires médiévales, ses bateleurs, ses dresseurs d'animaux et autres manifestations festives historiques. Celui qui inspire Léger et Chagall relève toutefois d'une histoire récente qui remonte à la seconde moitié du XVIIIe siècle et triomphe à partir de la fin du siècle suivant. S'inspirant de la tradition militaire de l'art équestre qui définit son architecture circulaire, le premier cirque moderne est d'influence anglo-saxonne et a été imaginé par Philip Astley, ancien sergent-major au 15e régiment des chevaux légers. Cette nouvelle forme de spectacle est apparue à Londres en 1768. Dans la capitale française, elle y fut édifiée en 1792 par le même Astley avant d'être reprise par Antonio Franconie et ses descendants. Le point de vue frontal qui caractérise le théâtre disparaît au profit d'une vision circulaire et multifocale où deux typologies d'acteurs exercent sur la piste : les numéros traditionnels et ceux spécifiquement conçus pour le chapiteau.
L'innovation technologique au XIXe siècle permet à l'architecture métallique de créer un grand espace vide dans lequel évoluent des numéros acrobatiques et parfois à haut risque. Le spectateur est désormais placé au centre de l'action et perçoit ainsi de près les corps en mouvement.
Avant la Première Guerre mondiale, l'avant-garde se réunit régulièrement autour de la piste des cirques permanents de Paris dont le Cirque d'Hiver et Medrano. Ce dernier, que Léger appelle le « pays des cercles en action », est installé à Pigalle depuis 1875. Sédentaire, ledit spectacle est spécialisé dans les numéros hippiques, la tradition clownesque et les ménageries exotiques.
Dans la continuité de leurs aînés Seurat ou Toulouse-Lautrec, des peintres tels que Picasso, Rouault, Léger et Chagall, des écrivains et poètes tels qu'Apollinaire et Max Jacob sont à leur tour fascinés par le monde forain, le renouvellement du regard induit par l'absence d'unicité de point de vue et de hiérarchie entre son, lumière, espace, mouvement. « Etre un peintre et devant ce spectacle, se sentir impuissant à résoudre cela sur la toile » écrit Léger. Avec l'avènement de la civilisation industrielle, des loisirs et de la reproduction mécanique (photographie, cinéma), certains artistes tentent de traduire les enjeux d'une mutation du regard et du rapport au corps.
Pour d’autres, dont Chagall, le cirque est affaire d’abandon de la gravitation, souligné par l’envolée des corps, et de représentation d’un autre monde où la réalité est transfigurée volontairement.
Fernand Léger (1881-1955). Planche lithographique pages 52 et 53 de l'Album CIRQUE, 1950© Adagp Paris 2011 - RMN / © Gérard Blot
Pratique
Musée National Marc Chagall
Avenue Docteur Ménard, 06000 Nice
19 novembre 2011 – 30 janvier 2012
Vernissage samedi 19 novembre à 11h
T + 33(0) 4 93 53 87 20
F + 33(0) 4 93 53 87 39
Horaires d’ouverture
Ouvert tous les jours de 10h à 17h sauf le mardi,
le 25 décembre et le 1er janvier
Musée National Fernand Léger
Chemin du Val de Pome, 06410 Biot
3 décembre 2011 – 5 mars 2012
Vernissage samedi 3 décembre à 11h
T +33 (0)4 92 91 50 30
F + 33 (0)4 92 91 50 31
Horaires d’ouverture
Ouvert tous les jours de 10h à 17h sauf le mardi,
le 25 décembre et le 1er janvier
Avenue Docteur Ménard, 06000 Nice
19 novembre 2011 – 30 janvier 2012
Vernissage samedi 19 novembre à 11h
T + 33(0) 4 93 53 87 20
F + 33(0) 4 93 53 87 39
Horaires d’ouverture
Ouvert tous les jours de 10h à 17h sauf le mardi,
le 25 décembre et le 1er janvier
Musée National Fernand Léger
Chemin du Val de Pome, 06410 Biot
3 décembre 2011 – 5 mars 2012
Vernissage samedi 3 décembre à 11h
T +33 (0)4 92 91 50 30
F + 33 (0)4 92 91 50 31
Horaires d’ouverture
Ouvert tous les jours de 10h à 17h sauf le mardi,
le 25 décembre et le 1er janvier