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Lyon, en novembre aux Grands Concerts, salle de la Trinité : Jordi Savall, Requiem et Cantique de Jean Racine, Maurice Ravel, Gli Incogniti, Amandine Beyer, Kyle Eastwood Quintet, Le Concert des Nations



Dimanche 18 novembre | 16h | Chapelle de la Trinité

Requiem et Cantique de Jean Racine – Gabriel Fauré
Pavane pour une Infante Défunte – Maurice Ravel
Maîtrise des Hauts de Seine - Ensemble Matheus - Jean-Christophe Spinosi, direction

Jean-Christophe Spinosi est un chef aux multiples talents, star de la musique baroque il est aussi reconnu comme un fervent défenseur de la musique du 19e siècle, notamment aux côtés de la soprano Cecilia Bartoli dont il est un des chefs attitrés.
Ce programme, composé de trois pièces emblématiques de la musique française, trois joyaux d’une élégante simplicité, à la fois tendres et graves, nous transporte dans un univers onirique. De la noble et mélancolique Pavane pour une Infante défunte de Maurice Ravel, au limpide Cantique de Jean Racine et au célèbre Requiem de Gabriel Fauré règne un climat fait de splendeurs apaisantes propres à accompagner l’âme vers l’éternité.

Dimanche 25 novembre | 17h | Chapelle de la Trinité

Il Teatro Alla Moda - Antonio Vivaldi
Gli Incogniti - Amandine Beyer, violon et direction

- Sinfonia en ut majeur de L'Olimpiade RV 725 Allegro • Andante • Allegro
- Concerto pour violon en sol mineur “La Mandinetta” RV 322 Allegro molto • Larghetto • Allegro
- Concerto pour violoncelle en re majeur RV 403 Allegro • Andante e spiritoso • Allegro
- Concerto pour “violino in tromba” RV 313 [Allegro] • Andante • Allegro
- Concerto pour violon en Fa majeur RV 282 Allegro • Adagio • Allegro
- Concerto pour violoncelle en la mineur RV 420 Andante • Adagio • Allegro
- Concerto pour violon en re majeur RV 228 Allegro non troppo ma vigoroso • Largo • Allegro

Le violon masqué. Par Amandine Beyer
Pour une musicienne dont la vie est en permanence accompagnée, bercée, modelée, innervée et rythmée par les concertos incroyables qu’Antonio Vivaldi a écrits pour le violon, il est difficile d’imaginer le “prete rosso” autrement qu’en maître de cet instrument. Mais Vivaldi lui-même se considérait-il comme un violoniste ? Son extrême facilité pour exécuter les pirouettes époustouflantes de ses pièces et sa maîtrise de l’instrument ont bien sûr nourri une part importante de sa vie : son poste d’enseignant à la Pietà, la reconnaissance mondiale due à la publication de ses œuvres, cette réputation de virtuose qui a fait affluer les commandes de toute la noblesse européenne, tout cela tient presque à quatre cordes... Mais nous connaissons aussi les efforts qu’il a déployés pour réussir dans le domaine de l’opéra, non seulement comme compositeur mais encore comme “impresario”. Se pourrait-il que Vivaldi se soit considéré tout d’abord comme un entrepreneur musical, le violon étant seulement un des moyens dont il disposerait pour arriver au succès ?
L’homme de théâtre ou le violoniste surdoué ? Ce sont en fait les deux facettes de Vivaldi que nous nous sommes efforcés de conjuguer dans ce disque en forme d’opéra imaginaire... et instrumental. Un opéra qui, dès le lever de rideau, commencerait avec un coup de théâtre tonitruant : l’ouverture de L’Olimpiade enchaîne une entrée torrentielle (où la puissance des grondements des basses superposée à des harmonies en cluster crée une atmosphère saisissante) avec un mouvement central tout en volutes et ribambelles de notes-fleurs, et une très courte et simple pirouette finale. Cette puissance originelle est omniprésente dans le concerto “explosif ” RV 323, qui, au lieu d’exposer le tutti habituel, débute par un solo enchainant des arpèges électrisants. Dans cette histoire, vous trouverez aussi plusieurs lieux communs inhérents au théâtre musical du xviiie siècle : l’air “pathétique” (RV 314) d’un profond lyrisme et l’air de “bravoure” (RV 228), qui répondent assez bien à la définition qu’en fait Goldoni. Ils sont cousins des airs de “bagaglio” qui voyageait dans les valises de toute “prima donna” qui se respecte. Et pour introduire l’ingrédient chorégraphique indispensable, nous avons utilisé “il ballo d’Arsilda”, jeu de “reconstruction” orchestré par Olivier Fourés. Le théâtre, c’est aussi le plaisir du déguisement, et souvent un personnage disparaît un instant pour se travestir dans un autre rôle : dans le concerto “per violino in tromba”, après quelques modifications effectuées sur le chevalet de l’instrument, le violon prend des airs de trompette ! Les personnages de notre opéra ne pouvant porter toujours les mêmes habits de scène, nous avons utilisé deux violons différents pour obtenir des textures, des couleurs et des ambiances variées... Dans ce tourbillon d’effets, de surprises et de ruptures, la narration dramatique de l’opéra reprend parfois ses droits, comme c’est notamment le cas dans le chef-d’œuvre en Fa majeur RV 282. Nous y trouvons tous les ingrédients nécessaires au bon déroulement de l’action : les entrées et sorties des divers personnages, leurs dialogues, leurs récits, la poésie qui les entoure, le suspense qu’ils savent créer, tout ceci dans une atmosphère qui, à certains moments, nous fait penser à un Mozart caché entre les rideaux... Une des caractéristiques typiques de l’opéra au xviiie siècle était le “pasticcio”, où chaque acte pouvait être composé par un compositeur différent ; le concerto RV 322 représente cette pratique à sa manière. Étant donné que la partie du violon solo n’a pas été conservée, il a fallu la reconstruire. Ce travail a été, pour la personne qui écrit ces lignes, d’une grande intensité. En compagnie du musicologue vivaldien, violoniste et danseur Olivier Fourés, ce fut un plaisir et en même temps un défi que de se glisser à travers la plume du compositeur, de plonger dans les arcanes de ses bassetti, et de le poursuivre dans les chiffres des basses. Une expérience que je ne suis pas près d’oublier, et qui me rend ce concerto encore plus proche que les autres, me poussant ainsi à imaginer à mon humble niveau ce que pouvait ressentir Vivaldi en jouant ses œuvres...
Que serait un opéra sans le Deus ex machina, le personnage surnaturel qui apparaît dans les moments de trouble pour arranger les affaires des simples mortels ? Écoutez le premier mouvement du concerto en si mineur (RV 391) : déjà, la scordatura (le violon soliste accordé si-ré-la-ré au lieu de l’accord traditionnel sol-ré-la-mi) modifie de façon très spéciale la sonorité du violon et produit un effet troublant, presque inquiétant. Mais quand le troisième solo du mouvement commence avec une série d’arpèges erratiques, nous voyons descendre, soutenu par une de ces machineries si chères à la scénographie baroque, un dieu sauveur (nos remerciements à Alba Roca pour l’incarnation de ce superbe rôle !) qui, depuis la place du premier violon du tutti, nous fait don d’une mélodie venant d’un autre monde. Ce n’est pas seulement un sentiment, une action, un drame, une histoire créée par Vivaldi. C’est lui-même qui tout à coup se tient là sur scène, pour faire appel, par son talent, sa bienveillance et sa sagesse, à ce que nous avons en nous de plus profond.
Et pour finir la représentation, en guise de rappel, nous nous sommes souvenus de nos “origines” : au xviie siècle, moment où l’Accademia degli Incogniti était très active, on pouvait entendre à Venise le chef- d’œuvre de la naissance de l’opéra, L’incoronazione di Poppea ; nous avons donc choisi, en hommage au monde théâtral, un ostinato sur la base duquel le violon solo déploie une myriade de notes, chacune d’entre elles contenant une déclaration d’amour.
Le scénario que nous avons imaginé, basé sur la fantaisie et l’énergie, mais plus encore sur l’inconnu et le vertige, n’est comme toujours qu’un seul parmi des milliers possibles. À vous de faire vivre d’autres histoires, de rêver aux compositions de Vivaldi et de les remplir de nouvelles aventures. Faites votre théâtre !

Vendredi 30 novembre | 20h | Chapelle de la Trinité

Kyle Eastwood Quintet
« In Transit »
Kyle Eastwood, contrebasse, basses, Andrew McCormack, piano, Chris Higginbottom, batterie, Quentin Collins, trompette, bugle, Brandon Allen, saxophones

Depuis son apparition sur la scène jazz internationale au milieu des années 90, c’est avec un mélange bien à lui d’indépendance, d’élégance, de ténacité et d’humilité que Kyle Eastwood, ne se fiant finalement qu’à ses intuitions et son goût très sûr, a entrepris de tracer son propre chemin dans le foisonnement des genres et des styles constituant
désormais cette musique… Après avoir fait paraître en 1998 un tout premier disque en leader, “From There to Here”, où s’affirmait avec éclat et sans la moindre distanciation maniériste son amour et sa connaissance intime de l’âge d’or du jazz orchestral des années 50, le contrebassiste, alors tout juste âgé de 30 ans, a ressenti le besoin de se détourner un temps de ces références si magistralement posées dans ce disque aux allures de manifeste, en aventurant son univers tout au long de la décennie suivante dans des projets hybrides et subtilement trans-genres, flirtant, au gré d’albums aussi éclectiques que raffinés, avec l’électro-jazz cool et sophistiqué (“Paris Blues”), le smooth jazz aux accents « seventies » et résolument groovy (“Now”), voire le manifeste “arty”, chic, urbain et métissé (“Métropolitain”).

C’est riche de cette traversée intime de nouvelles formes et de sons plus contemporains, qu’en 2011, le contrebassiste, à la tête d’un tout nouveau quintet composé de jeunes musiciens anglais talentueux, alors à peu près inconnus mais parfaitement en phase avec ses parti-pris musicaux, commencera avec l’enregistrement de “Songs from the Château”, à véritablement trouver sa voie en posant les jalons d’une musique gorgée de swing, renouant sans détour, tant dans la forme que dans l’esprit, avec un jazz plus direct, lyrique et mélodique — en quête d’une relation à “la tradition” à la fois réaffirmée et renouvelée. Enregistrés peu ou prou avec la même équipe de musiciens, les deux disques suivants, “The View From Here” puis “Timepieces”, parus respectivement en 2013 et 2015 sur le label Jazz Village, ont depuis confirmé et approfondi avec brio cette nouvelle orientation esthétique aux allures de “retour aux sources” — Eastwood y re- visitant/réactualisant quelques une des formes les plus archétypales du hard bop flamboyant du tournant des années 60, en donnant à entendre une musique spontanée et pleine d‘allégresse, fondée sur le pur plaisir du jeu, le risque toujours renouvelé de l’improvisation et la magie de l’interaction collective.

Samedi 15 décembre | 20h | Chapelle de la Trinité

Jordi Savall © Lavaux
Jordi Savall © Lavaux
Les Nations – François Couperin
Le Concert des Nations - Jordi Savall, viole de gambe et direction

Marc Hantaï, flûte traversière,
Paolo Grazzi (à confirmer), hautbois
Josep Borràs, basson
Manfredo Kraemer, violon I
David Plantier, violon II
Rolf Lislevand, théorbe & guitare
Marco Vitale, clavecin




Le grand maître du baroque Jordi Savall dirige l’Ensemble qu’il a lui même créé pour interpréter une oeuvre emblématique, Les Nations de François Couperin. Ces sonates et suites mêlent les esthétiques italiennes et françaises et sont une belle célébration de l’Europe musicale du XVIIIe siècle.

« Le projet d’interprétation des quatre « ordres » comprenant les « sonades » et les suites correspondantes, – avec les instruments anciens – nait au début des années quatre-vingt. C’est l’époque ou je enseignais la Viole de gambe et la musique de chambre à la Schola Cantorum Basiliensis de Bâle et je collaborais avec des différents ensembles pionniers de la redécouverte du patrimoine ancien ; l’Ensemble Ricercare de Michel Piguet à Zurich, l’English Concert de Trevor Pinnock à Londres, La Petite Bande avec Gustav Leonhardt, ainsi que le noyaux d’amis musiciens avec lesquels je faisais, depuis 1975, les enregistrements pour EMI Electrola et Astrée ; Hopkinson Smith et Ton Koopman, auxquels se joignent Monica Huggett et Chiara Banchini, deux violonistes baroques merveilleuses, et un exceptionnel équipe d’instruments à vent ; Stephen Preston (traverso), Michel Henry et Ku Ebbinge (hautbois), et Claude Wassmer (basson). C’est grâce à cette véritable « Réunion des Goûts » que nous pouvons réunir l’équipe idéal pour la réalisation de notre projet ; suivront alors les intenses répétitions, les concerts et finalement l’enregistrement réalisé à la Salle des États de Lorraine au Château de Fléville à Fléville-devant-Nancy, pour le Label Astrée de Michel Bernstein en mai 1983. C’est la semence qui donnera naissance six années plus tard à la création de l’ensemble Le Concert des Nations à l’occasion de la préparation des concerts et de l’enregistrement du programme Canticum Beate Virgine de Marc-Antoine Charpentier. »
Jordi Savall


Mercredi 19 décembre | 20h | Chapelle de la Trinité

English Songs – Henry Purcell
Tim Mead, contre-ténor - Les Musiciens de Saint-Julien - François Lazarevitch, direction

Augustin Lusson, violon 1
Anaëlle Blanc-Verdin, violon 2
Sophie Iwamura, violon, alto
Sophie Rebreyend, flûte à bec, hautbois
Lucile Boulanger, viole de gambe
Romain Falik, théorbe, guitare baroque
Justin Taylor, clavecin

Les Musiciens de Saint-Julien, déjà guidés par la flûte virtuose de François Lazarevitch sous les cieux d’Irlande et d’Écosse, chantent ici avec le contre-ténor Tim Mead la terre d’Angleterre. Un programme essentiellement profane, dédié à Henry Purcell, variant les climats dans l’alternance de danses instrumentales et d’airs chantés.

« O Solitude », « What power Art Thou »… Si Les Musiciens de Saint-Julien ont choisi ces titres si célèbres avant tout pour le plaisir, ils posent également avec ce programme anglais une nouvelle pièce du puzzle de leur carte du Royaume-Uni. Ils montrent par la même occasion - et les couleurs atypiques du petit effectif de cordes complété de deux flûtes, d’une harpe et d’un continuo clavecin / luth sont là aussi pour le souligner - la porosité musicale de l’Irlande, de l’Écosse et de l’Angleterre. Le fil conducteur, cher aux Musiciens de Saint-
Julien, est celui d’une musique populaire inscrite au cœur de musiques savantes, d’un brassage d’origines, de pratiques, de répertoires. On reconnaîtra aisément les Scotch et Irish tunes que Purcell (1659-1695) intègre à ses ouvertures, jigs, hornpipes ou chaconnes.

Purcell est l’unique compositeur de ce programme mais la variété de climats qui s’enchaînent ou se heurtent, se déclinent d’une douce mélancolie jusqu’à des songs plus légers, révèle à la fois l’immense richesse du compositeur anglais et la diversité des éclairages que l’ensemble sans cesse renouvelle. Le contre-ténor Tim Mead ponctue quant à lui les danses d’airs conçus pour la scène d’opéra et de théâtre, ou pour la chambre.

Infos et réservations

www.lesgrandsconcerts.com
et 04 78 38 09 09

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 18 Octobre 2018 à 14:52 | Lu 272 fois

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