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Les peintres du paysage Provençal - 1850-1920, Atelier Grognard, Rueil-Malmaison, du 14 décembre 2013 au 17 mars 2014

Après Reflets de la Seine impressionniste, l‘école de Rouen et les peintres de Pont-Aven. Autour de Paul Gauguin, la ville de Rueil-Malmaison poursuit sa programmation artistique autour des grands courants picturaux, en s'intéressant cette fois au midi de la France.


André Lhote Le déjeuner du marin, 1929 Huile sur toile, 72 x 91 cm Collection Fondation Regards de Provence © Adagp, Paris 2013
André Lhote Le déjeuner du marin, 1929 Huile sur toile, 72 x 91 cm Collection Fondation Regards de Provence © Adagp, Paris 2013
L’atelier Grognard, présente un magnifique ensemble d’oeuvres des principaux artistes de l‘école de Marseille, originaires de Provence ou d’autres régions, attirés par la lumière et la chaleur du midi : Félix Ziem, Adolphe Monticelli mais aussi Charles Camoin, Auguste Chabaud ou encore Paul Signac, Henri Manguin et Raoul Dufy... Seront exposées près d’une centaine de pièces provenant principalement du musée Regards de Provence à Marseille et du musée de l’Annonciade à Saint-Tropez.

Le paysage a pris une part capitale dans la révolution plastique du XIXe siècle. Nul ne peut nier l’importance de la nature provençale comme facteur stimulant de ces peintres. Si leur création jouit d’une reconnaissance universelle, l’oeuvre des artistes qui les ont précédés en Provence est singulièrement méconnue.
Par cette exposition, l’atelier Grognard souhaite mettre en évidence les expériences et les innovations de l’école de Marseille et analyser son influence prépondérante sur la représentation du paysage au milieu du XIXe siècle.
En effet, ce naturalisme provençal se manifeste par le goût d’une peinture en plein air, claire et lumineuse, souvent spontanée, libérée des conventions du cadrage et du souci de bien composer. Loin d’être des peintres banals du terroir, enfermés dans un régionalisme un peu folklorique, ces artistes se révèlent aujourd’hui dans toute leur audace. Intégrant des phénomènes aussi importants que la planéité, l’influence de la photographie et du japonisme. L’exposition s’attachera également à une jeune génération qui bouleversa les données établies et que l’on a coutume d’appeler les fauves provençaux.
Enfin, sera étudié l’attrait du Midi sur des artistes étrangers à la Provence, parisiens pour la plupart, pour qui la découverte du Midi fut essentielle à leur parcours plastique.

L’école de Marseille 1850-1870

Emile Loubon Le retour du marché aux bestiaux, 1851 Huile sur toile, 65,5 x 100 cm Collection Fondation Regards de Provence
Emile Loubon Le retour du marché aux bestiaux, 1851 Huile sur toile, 65,5 x 100 cm Collection Fondation Regards de Provence
Bien avant Cézanne, Van Gogh ou Gauguin, les véritables initiateurs du paysage provençal ont été les peintres de Marseille. Cette image de plein soleil se forge en effet sous le Second Empire grâce aux peintres provençaux et aux contacts qu’ils établissent avec les artistes parisiens.

C’est sous l’impulsion d’Emile Loubon (1809-1863) que va se développer l’école naturaliste à Marseille. Ayant partagé son travail avec les Maîtres de Barbizon, en chef de file, il donne le ton, confronte les oeuvres de ses élèves avec celles des paysagistes parisiens et déclenche ainsi la passion commune d’approcher au plus près cette peinture baignée de chaleur, d’éclats de lumière et de poussière. Loubon, en tant que directeur de l’Ecole des Beaux Arts de Marseille et précurseur du renouveau provençal, stimule une première génération de peintres.

Pour ne citer qu’eux, Paul Guigou (1834-1871), exalté par la beauté du paysage natal, choisit une lumière encore plus crue, plus franche, réellement adaptée à la verticalité du soleil.

Félix Ziem (1821-1911), grand voyageur, qui fréquente tous les peintres de Barbizon et participe pleinement à la vie parisienne. Sur les traces de Turner, attaché aux variations du temps, en touches vibrantes et scintillantes, il décline les lumières du levant et du couchant de Martigues jusqu’à Nice.

Enfin, Raphaël Ponson (1835-1904), également élève de Loubon, excelle à décliner les gammes de la lumière au rythme du temps, des heures et des saisons. Il connait la célébrité en devenant le peintre des criques et des calanques.

Le Naturalisme en Provence 1870-1900

Joseph Garibaldi Effet d’orage au couchant sur le Vieux-Port, 1914 Huile sur toile, 100 x 122 cm Collection Fondation Regards de Provence
Joseph Garibaldi Effet d’orage au couchant sur le Vieux-Port, 1914 Huile sur toile, 100 x 122 cm Collection Fondation Regards de Provence
Dans les décennies 1870-1880, naît une seconde génération d’artistes, héritière de Loubon.

Jean-Baptiste Olive (1848-1936) traduit la nature méridionale sous une lumière encore plus violente que celle diffusée par ses pères. Attaché au littoral méditerranéen et plus précisément à la corniche marseillaise, son pinceau décline avec réalisme les rivages aux bleus dégradés ainsi que la mer découpée de friselis d’écume blanche et agitée par un mistral omniprésent.

La peinture d’Adolphe Monticelli (1824-1886) dotée d’une forme naissante d’expressionisme n’a pas laissé indifférent Van Gogh et l’a peut être même inspiré.

Quant à Joseph Garibaldi (1863-1941), artiste précis sur le motif, presque photographique, il s’attache plus particulièrement à la vie animée des docks.

Les Fauves Provençaux

Charles Camoin Personnage sur le pont de Martigues, 1904 Huile sur toile, 54 x 81 cm Collection Fondation Regards de Provence © Adagp, Paris 2013
Charles Camoin Personnage sur le pont de Martigues, 1904 Huile sur toile, 54 x 81 cm Collection Fondation Regards de Provence © Adagp, Paris 2013
Au tout début du XXe siècle, se pose un « autre » regard provençal, incarné par une dernière vague de jeunes artistes résolument modernes. Considérés comme l’avant-garde provençale, un pied à Paris, l’autre dans le Sud, leur oeil neuf ouvrira les salons marseillais à la fraicheur créative des ateliers parisiens.

Leur formule verra l’éclosion d’un fauvisme méridional treize ans avant Matisse. Par la suite, ils navigueront entre des accents cézaniens et postimpressionistes.

Leurs noms ont marqué l’histoire de ce mouvement : Charles Camoin (1879-1965), Auguste Chabaud (1882-1955), Alfred Lombard (1884-1973), René Seyssaud (1867-1952), Louis Mathieu Verdilhan (1875-1928).

L’attrait du midi

Paul Signac Fort Saint-Jean, 1907 Huile sur toile, 50 x 61 cm Collection Musée de l'Annonciade, Saint-Tropez © P. S. Azema
Paul Signac Fort Saint-Jean, 1907 Huile sur toile, 50 x 61 cm Collection Musée de l'Annonciade, Saint-Tropez © P. S. Azema
Grâce à ces multiples parenthèses artistiques, les ponts entre Paris et le grand Sud sont jetés. Les monstres sacrés de la peinture moderne franchissent le gué, ils descendent dans le Midi en empruntant des chemins de traverse. Tous provençaux de coeur, ils tentent l’expérience méditerranéenne et certains demandent même l’adoption définitive sous le soleil.

Paul Signac (1869-1935) devient un habitué des lieux, en s’installant à Saint-Tropez dès 1892 (deux oeuvres sont présentées dans l'exposition) et alterne avec des escapades à Antibes.

Sous son influence, Louis Valtat (1869-1952), Henri- Charles Manguin (1874-1949) et Albert Marquet (1875-1947) viennent le rejoindre à Saint Tropez dans les années 1903-1905.

Les peintres plus jeunes de la seconde génération néo-impressionniste sont aussi des familiers de Saint-Tropez et du Midi, notamment Charles-Henri Person (1876-1926) qui, délicat émule de Signac, adapte avec souplesse un divisionnisme très personnel. Une douzaine d’oeuvres issues d’une collection privée sont exposées pour la première fois en région parisienne.

Parmi les néo-impressionnistes, Henri Edmond Cross ou Théo Van Rysselberghe (1862-1926), s’évertuent à rendre cette partie de la côte varoise aussi belle qu’une mosaïque byzantine tels des fragments de pierres et d’émaux apposés sur la toile.

André Lhote (1885-1962), en tant que membre de la Section d’Or et de cette fraction du mouvement que l’on qualifie de « française », comprend pleinement la leçon de Cézanne et vient peindre à L’Estaque dès 1909.

Après des escapades entre Marseille, La Ciotat et Martigues dans les années 1903-1908 en pleine période fauve, Raoul Dufy (1877-1953) séjourne à Vence et à Nice à partir de 1919 et surtout en 1945, séjours qui lui révèlent le monde méditerranéen sous des airs de fête permanente (casinos, kiosques à musique, carnavals, terrasses sur la mer, palmiers, marchés, étales de fruits et légumes…). Emile Othon-Friesz (1879-1949), un autre fauve qui succombe aux chants des sirènes de la Méditerranée. Après de nombreux voyages en compagnie de Braque à La Ciotat, Cassis et l’Estaque entre 1906 et 1907, une grande partie de sa période fauve sera produite dans le Midi.

Un des artistes majeurs de l’Ecole de Montparnasse, Moïse Kisling (1891-1953), peintre d’origine polonaise, s’invite également à la fête. Il trouve un point d’ancrage à Sanary-sur- Mer en 1939 pour y finir sa vie en 1953. Même Francis Picabia (1879-1953), tour à tour fauve, dadaïste, surréaliste, passe du temps à Mougins puis à St-Tropez dans les années quarante.
Cette floraison d’artistes de toute origine a su puiser et exprimer sous le soleil du Midi toute la richesse du spectre de cette lumière unique. Acteurs de la scène artistique française durant pratiquement un demi-siècle, ils ont tous convergé vers le Sud de l’hexagone. Un art de vivre et un art de peindre les y attendaient. Sans aucun doute la naissance de la modernité picturale avait fini par trouver son fief.

Informations pratiques

Atelier Grognard
6 avenue du Château de Malmaison
92500 Rueil-Malmaison
01 41 39 06 96 / 01 47 14 11 63
du 14 décembre 2013 au 17 mars 2014
Ouvert tous les jours de 13 h 30 à 19 h
Plein tarif : 5 €
Demi-tarif : 2,5 €
Demandeurs d’emplois, groupes à partir de 11 personnes, les Amis de l’Ecole du Louvre
Gratuité pour les moins de 18 ans et les étudiants


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Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 28 Novembre 2013 à 03:32 | Lu 2594 fois

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