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Le Panorama XXL de Rouen. Un nouveau lieu culturel unique en France avec les panoramas de Yadegar Asisi. Ouverture le 20 décembre 2014

Un Panorama XXL, c’est une vision monumentale signée par l’artiste allemand Yadegar Asisi. Il s’agit d’une œuvre géante, à 360 degrés, dans la grande tradition d’un genre qui a connu un large succès au XIXe siècle au point de devenir, dans les années 1900 quand Paris était la capitale mondiale des panoramas, un grand art populaire apprécié par des dizaines de millions de personnes.



Le panorama, inventé en 1785 par le peintre écossais Robert Barker, est un vaste tableau circulaire exposé dans une rotonde, de sorte que le spectateur qui le découvre depuis une plateforme érigée au centre de l’édifice n’embrasse que l’image qui l’entoure. Suite au succès des premiers panoramas - alors appelés « nature at a glance » ou « la nature en un coup d’œil » - exposés à Edimbourg et présentant des vues à 360 degrés de la capitale de l’Ecosse, ce nouveau type de représentation se répand rapidement en Europe.

Un dispositif complexe
Le panorama repose sur un principe d’illusion visant à créer le sentiment d’être transporté au cœur même de l’action ou du lieu représenté. Pour atteindre la plateforme placée au centre de la rotonde, le spectateur parcourt un couloir et des escaliers assombris qui le désorientent. L’éclairage, naturel, provient de verrières situées au zénith et invisibles depuis la plateforme. La toile peinte est généralement précédée d’un faux-terrain dissimulant son bord inférieur, tandis qu’au dessus de la plate-forme, un vélum, large pièce de tissu, limite l’angle visuel vertical du spectateur et cache le bord supérieur de la toile peinte ainsi que la toiture du bâtiment.

La réalisation d’un panorama représente un investissement humain et financier important : il faut plusieurs mois de travail à une équipe de plusieurs personnes pour produire une toile de quinze mètres de haut et de cent cinquante mètres de circonférence. Une direction artistique forte est nécessaire pour éviter que chacun des peintres ne privilégie une esthétique différente. Un panorama est donc un ouvrage hybride, entre l’art et l’industrie.

Un genre foisonnant
Au XIXe siècle, l’essor des panoramas conduit à une diversification de ce genre pictural en plusieurs sous-catégories dont les techniques varient. Papiers peints panoramiques, Diorama, moving panoramas, Maréorama, Cinéorama ou Cyclorama connaissent un succès variable avant d’être progressivement détrônés par le cinéma. Le Néorama, inventé par Jean-Pierre Alaux pour définir ses vues panoramiques d’intérieurs d’architectures, est le genre le plus proche des panoramas originels.

Des sujets variés
Chronologiquement, les premiers panoramas prennent pour objet la ville même dans laquelle ils sont exposés. Dans un contexte de révolution industrielle transformant le paysage urbain, les panoramas permettent aux visiteurs de se réfugier dans une ville imaginaire et idéalisée.
Au XIXe siècle, le thème de la guerre envahit les représentations picturales qui deviennent alors outils de propagande pour les nations européennes dans lesquels elles sont exposées.
C’est ensuite l’exotisme qui rencontre les faveurs du public : villes patrimoniales et paysages lointains sont une invitation au voyage mais également une promotion de la politique coloniale des pays.

Un âge d’or français
Les premiers panoramas parisiens sont créés aux alentours de 1800 en bordure du boulevard Montmartre par l’armateur américain James Thayer, qui leur consacre deux rotondes séparées par une ruelle couverte, le « Passage des Panoramas ».
Le premier tableau, présenté comme un « tableau sans bornes », est une vue de Paris et de ses environs depuis le haut du palais des Tuileries, tandis que le second illustre l’évacuation de Toulon par les Anglais en 1793. Devant le succès de cette première entreprise, le peintre Pierre Prévost et James Thayer ouvrent un nouveau panorama près de l’Opéra, dont la rotonde de 23 mètres de diamètre sur 16 de hauteur accueille un public nombreux.
Alors que Paris devient la capitale du panorama, les dimensions des toiles sont standardisées en 1850 afin de leur permettre de circuler, si bien qu’entre 1870 et 1900 on estime à 100 millions le nombre de visiteurs de panoramas en Europe.

Les panoramas dans le monde
Malgré cette richesse historique, aucune toile ne demeure aujourd’hui exposée en France. Deux Néoramas de Jean-Pierre Alaux datant de 1827 et 1828 et représentant l’intérieur de l’abbaye de Westminster et de la basilique Saint-Pierre de Rome sont conservés au musée du Louvre depuis 1833.
La plupart des panoramas anciens (antérieurs à 1940) visibles dans le monde sont répartis entre les Etats-Unis, la Belgique, la Suisse et l’Autriche, les plus reconnus - pour leur ancienneté ou leurs qualités artistiques - étant ceux de Thoune, Lucerne et La Haye.
Le genre ayant connu un renouveau après la Seconde Guerre Mondiale, on dénombre aujourd’hui une trentaine de panoramas récents à travers le monde.

Un genre revisité par les artistes contemporains comme Yadegar Asisi
Depuis le début des années 2000, plusieurs artistes contemporains redonnent au genre du panorama ses lettres de noblesse et le modernisent en mêlant techniques traditionnelles et nouveaux média (photographie, images numériques, impressions sur toile…). Le plus renommé de ces artistes est sans conteste Yadegar Asisi, peintre et architecte de formation dont les oeuvres - les plus grandes du monde - d’abord créées pour les Panomètres de Leipzig et Dresde, puis le Pergamon de Berlin attirent plusieurs centaines de milliers de visiteurs par an.

Le Panorama XXL de Rouen

Les quais de Seine de Rouen
Le Panorama XXL prend place sur les quais aménagés de Rouen rive droite, à quelques minutes à pied du centre-ville et de ses monuments emblématiques tels que la cathédrale, le Gros-Horloge ou le futur Historial Jeanne d’Arc. Depuis quelques années, de nombreux projets et aménagements urbains ont permis de développer les quais de Seine et l’ouest de Rouen. Des commerces, restaurants et entreprises se sont installés dans d’anciens hangars portuaires, profitant d’un quartier bien desservi par les transports en commun (notamment grâce à la ligne de bus rapide TEOR). Les quais de Seine deviennent des lieux de vie très dynamiques où l’on travaille, on se promène et on se divertit.
De l’autre côté de la Seine, rive gauche, face au Panorama XXL se trouve le futur éco-quartier Flaubert, un projet d’aménagement très ambitieux, destiné à reconvertir 90 hectares d’espaces portuaires délaissés en logements, zones d’activités économiques et lieux d’animations. Les transports en commun et pistes cyclables y seront privilégies et les terres agricoles et la biodiversité préservées. Phare culturel, le 106 Scène de Musiques Actuelles s’y est installé en 2010.

La rotonde
Lieu d’exposition original et sensationnel, une « rotonde » est créée sur les quais rive droite de Rouen. La construction de cette rotonde de 35 mètres de hauteur pour 34 mètres de diamètre est en effet nécessaire pour exposer les panoramas. La rotonde est une structure métallique légère montée sur une dalle. Cette construction provisoire et unique en France est ensuite recouverte d’un bardage isolant peint. À l’intérieur, la toile est suspendue et tendue grâce à des rails situés en haut et en bas de la rotonde. La toile est composée de plusieurs lais de 32 mètres de longueur, soudés les uns aux autres. Ces lais sont imprimés en Allemagne et installés par l’équipe artistique.

Parcours de visite
Les visiteurs entrent par une salle d’exposition où ils peuvent découvrir une exposition présentant le panorama en cours, la démarche artistique et une vidéo making of de la construction du bâtiment et du travail de l’artiste Yadegar Asisi. Pour accéder à la rotonde, les visiteurs doivent ensuite parcourir des couloirs assombris qui leur font perdre tout repère extérieur. Une fois dans la rotonde, ils peuvent emprunter l’escalier de la tour centrale et admirer l’oeuvre sous différents angles grâce à 3 plateformes d’observation situées à 9, 12 et 15 mètres. Les jeux de lumière jour / nuit et la bande sonore créent une ambiance unique propice à la contemplation de l’oeuvre.

Yadegar Asisi

Né à Vienne, l’artiste Yadegar Asisi a grandi en Saxe et vit à Berlin depuis 1979. En 2003, il a commencé à créer les plus grands panoramas à 360° au monde, qui peuvent atteindre 32 mètres de haut et 110 mètres de circonférence. Les panoramas géants d’Asisi les plus récents peuvent être visités à Leipzig, Dresde et Berlin. Outre Pforzheim dans le Baden-Württemberg et Rouen en Normandie, de nouveaux lieux d’exposition sont à l’étude en Allemagne et à l’étranger.
C’est en 1993, alors qu’il était architecte de l’exposition Aspiration - Le panorama comme divertissement de masse au XIXe siècle à la Bundeskunthalle de Bonn, que Yadegar Asisi découvre le panorama en tant que média. Depuis, il étudie les possibilités qu’offre ce support et perpétue cette forme d’art. Diplômé de peinture de l’Académie des Arts (aujourd’hui Université des Arts) de Berlin, Asisi apprécie et cultive une approche artistique académique, accordant une grande importance à la perspective, aux couleurs et aux pigments. « Ce n’est qu’après avoir dessiné un objet qu’on peut le comprendre », affirme cet admirateur des peintres de la Renaissance, Andrea Mantegna et Léonard de Vinci.

Un processus créatif unique
Faisant dialoguer science et art, Asisi compose ses panoramas à partir de données recueillies lors de projets de recherche. Ces données, fruits d’enquêtes approfondies et d’expéditions photographiques, comprennent environ 50 000 photographies, dessins, esquisses et peintures.
Yadegar Asisi s’est ainsi rendu au Brésil pour Amazonia, dans la chaîne de l’Himalaya pour Everest, en Australie pour La grande barrière de Corail ou en Turquie et dans toute la Méditerranée pour Pergamon. Il a également sillonné l’Allemagne et l’Europe centrale pour réaliser Leipzig 1813 et le baroque Dresde. À l’aide de storyboards, Yadegar Asisi organise des séances photo avec des acteurs amateurs, des figurants et divers éléments de décor afin de donner vie à des scènes qu’il intègre dans la structure architecturale et topographique de ses panoramas.
En accordant une attention toute particulière aux détails scéniques, historiques, architecturaux et topographiques, Asisi réalise ses oeuvres sur ordinateur, et travaille ses images à partir de ses travaux préparatoires et de ceux de son équipe, qui comprend environ 15 assistants. Les images ainsi créées sont ensuite imprimées sur des panneaux de tissu de 3 mètres sur 32, puis ajustées et positionnées dans les rotondes.
À l’apogée de ce processus créatif, au moment du vernissage sur les lieux où l’oeuvre va être exposée, Yadegar Asisi apporte, pinceaux et peinture en main, une dernière touche à ses panoramas géants. Pendant ce temps, le système sonore et l’éclairage sont installés et les différentes séquences de jour et de nuit sont réglées jusqu’à obtenir l’atmosphère désirée.

Chiffres et dates

1 - unique en France
300 000 visiteurs par an aux Panoramas de Dresde et Leipzig
35 mètres de hauteur de la rotonde
31 mètres de hauteur des œuvres
101 mètres : taille de la toile déployée
3,5 millions d’euros : budget d’investissement porté par la Métropole Rouen Normandie avec le soutien important de la Région Haute-Normandie et de la Matmut, pour la construction de la rotonde

Calendrier
Début des travaux : juin 2014
Livraison du bâtiment : début décembre 2014
Ouverture du Panorama XXL au public : 20 décembre 2014
Week-end gratuit : 20 et 21 décembre 2014

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 22 Décembre 2014 à 12:39 | Lu 620 fois

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