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« Jules Verne: des abysses aux étoiles », expositions au Muséum départemental du Var et la Maison départementale de la Nature des 4 Frères, jusqu'au 9 février 2020

L’exposition « Jules Verne: des abysses aux étoiles », présentée conjointement dans deux structures du département du Var, le Muséum départemental du Var et la Maison départementale de la Nature des 4 Frères, a pour objectif de plonger le visiteur au cœur d’un fabuleux univers imaginaire.


Propulsé à travers l’espace et le système solaire ou immergé au plus profond des abysses sous-marines, il découvrira, en compagnie des héros de Jules Verne, des mondes encore largement méconnus au XIXe siècle. L’écrivain n’hésite pourtant pas à les imaginer et décrire à partir des connaissances de son temps, faisant rêver ses contemporains. L’exposition propose un véritable voyage à la découverte d’un auteur hors normes, à la fois ancré dans les connaissances de son temps et visionnaire, admirateur de la révolution industrielle et des progrès scientifiques mais inquiet quant aux dérives possibles de la science, grand admirateur des milieux naturels et soucieux de leur préservation à long terme. Une occasion de (re)découvrir des facettes méconnues de ce génie que fut Jules Verne 150 ans après la publication de son ouvrage le plus célèbre, Vingt
mille lieues sous les mers !

Avec ses « Voyages extraordinaires », Jules Verne (1828-1905) demeure dans l’imaginaire collectif comme l’écrivain de la quête de nouveaux horizons. À partir de la publication de Cinq semaines en ballon en 1862, ses récits emmènent les lecteurs occidentaux aux quatre coins du globe, à la découverte de continents encore peu explorés au XIXe siècle. Mais l’écrivain n’hésite pas à les mener encore plus loin, en proposant des voyages au plus profond des océans (Vingt mille lieues sous les mers), sur la Lune (De la Terre à la Lune /
Autour de la Lune) ou à travers le système solaire (Hector Servadac). Son goût des voyages, qu’il ne peut concrétiser en devenant navigateur de profession, Jules Verne le satisfait ainsi à travers une œuvre de grande ampleur : 62 romans et 18 nouvelles.

Conçus dans un but éducatif et récréatif défini par l’éditeur Pierre-Jules Hetzel, les Voyages extraordinaires tentent de « résumer toutes les connaissances géographiques, géologiques, physiques, astronomiques, amassées par la science moderne, et refaire, sous la forme attrayante et pittoresque qui lui est propre, l’histoire de l’Univers ». Jules Verne devient ainsi l’un des premiers écrivains à évoquer les préoccupations des savants, naturalistes et explorateurs dans une œuvre romanesque destinée au grand public.

De formation juridique et littéraire, n’ayant lui-même jamais fait d’études scientifiques, Jules Verne s’appuie principalement sur des ouvrages et revues de vulgarisation scientifique, et n’hésite pas à demander conseils et relecture à différents spécialistes selon les sujets traités afin de rendre ses ouvrages vraisemblables. Il se fait aussi l’écho de théories parfois dépassées aujourd’hui et de controverses qui agitent le milieu savant de son temps, comme les questions de l’origine de la vie, de la vie dans les grandes profondeurs, du fonctionnement du système solaire… Si ses ouvrages ne sont pas exempts d’erreurs scientifiques, ces dernières sont le plus souvent à imputer aux sources utilisées par l’écrivain, lui-même ne faisant que reprendre scrupuleusement les informations qu’il amasse au fil de ses lectures.

Jules Verne témoigne ainsi à sa manière romanesque des enjeux scientifiques de son siècle. Son intérêt pour les mondes célestes par exemple se manifeste à travers une douzaine de romans dans lesquels il met en scène astronomes, spationautes et marins familiers des observations astronomiques ; il décrit le système solaire en se basant sur les connaissances scientifiques les plus récentes dont il dispose.

Sans faire ce qu’on appelle de la « science-fiction », l’écrivain est donc plutôt à rapprocher de l’anticipation : il extrapole dans son œuvre à partir de la réalité scientifique et technique de son temps. C’est ainsi qu’il imagine, à partir des avancées et des réflexions du XIXe siècle, de fabuleuses machines telles le sous-marin Nautilus du capitaine Nemo ou le wagon- projectile qui emporte Barbicane, Nicholl et Michel Ardan vers la Lune. Les quelques 4 000 gravures qui illustrent les Voyages extraordinaires contribuent à la création d’un monde imaginaire singulier empreint d’une grande poésie. Qui n’a jamais rêvé de contempler les
fonds sous-marins depuis le hublot du Nautilus ou notre planète bleue depuis le wagon- projectile fusant à travers l’espace ?

Si de nombreux aspects de ces machines extraordinaires demeurent fantaisistes d’un point de vue scientifique, Jules Verne fait parfois preuve d’étonnantes intuitions ; ses descriptions sous-marines ne sont pas si éloignées de la réalité, son wagon-projectile s’arrache de l’attraction terrestre depuis la Floride, le Nautilus constitue un croisement perfectionné de bathyscaphe et de sous-marin nucléaire, le scaphandre du capitaine Nemo lui permet de se mouvoir en milieu sous-marin en toute autonomie…

Pourtant, s’il admire les prouesses techniques et les progrès scientifiques (dans le domaine de la médecine, de la physique, des sciences naturelles ou de l’astronomie notamment), Jules Verne raconte l'évolution rapide du monde avec une grande lucidité et se montre sans complaisance pour les hommes qui utilisent la science à mauvais escient. Vingt ans après ses romans lunaires De la Terre à la Lune et Autour de la Lune, l’écrivain dénonce par exemple l’appât du gain qui anime les membres du Gun-Club lorsqu’ils souhaitent dévier l’axe de rotation de la Terre afin de pouvoir exploiter les houillères du Pôle nord, au risque de noyer une bonne partie de la population mondiale.

D’autre part, alors que l’idée que la mer est pillée par les hommes au-delà du raisonnable commence à émerger au XIXe siècle, Jules Verne consacre un roman entier à cette question, Vingt mille lieues sous les mers, qui met en avant à la fois la beauté et la fragilité de l’écosystème marin. Et l’écrivain ne s’arrête pas là, dénonçant de manière régulière dans plusieurs romans (Le pays des fourrures, Le Village aérien, Un capitaine de quinze ans…) les hommes qui n’hésitent pas à exploiter à outrance la nature et certaines espèces animales, comme les baleines, les phoques ou les éléphants. Il apparaît ainsi comme l’un des auteurs
qui a le plus et le mieux traité la question écologique à travers une œuvre romanesque au XIXe siècle.

Cent cinquante ans plus tard, nous découvrons que l'imaginaire peut parfois devenir réalité !

Commissariat de l’exposition : Céline Giton


Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 21 Septembre 2019 à 22:32 | Lu 326 fois

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