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Jacques Monory, Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence, du 1er juillet au 22 novembre 2020

Du 1er juillet au 22 novembre, la Fondation Maeght propose la première exposition monographique de Jacques Monory depuis sa disparition en 2018 et lui rend ainsi hommage. Intitulée simplement « Jacques Monory », l’exposition présente soixante ans de carrière et revisite l’œuvre de cette figure majeure de la Figuration Narrative, constamment tendu par la modernité et par la singularité de ce bleu qui l’a rendu célèbre.


Les premiers numéros du catalogue mondial des images incurables n°26. 3000 bombes, 1973. Huile sur toile, 114 x 162 cm.
Les premiers numéros du catalogue mondial des images incurables n°26. 3000 bombes, 1973. Huile sur toile, 114 x 162 cm.

Organisée par Laurence d’Ist, commissaire de l’exposition, cette traversée se fait le long d’un parcours non chronologique, mais qui tente de faire jouer à plein, d’une salle à une autre, les échos et les écarts de cette œuvre singulière qu’il est temps de revisiter.

De tous les peintres dits de la Figuration Narrative, Monory aura sans doute été le seul à être pleinement narratif. Parfois hyperréalistes, les scènes énigmatiques qu’il peint et qu’il juxtapose forment comme le journal de bord hanté d’un peintre qui chaque jour s’interroge sur la réalité du monde. Le bleu qui l’a rendu célèbre, qu’il soit monochrome, ou qu’il accueille d’autres couleurs du spectre, est la couleur de ce doute. Il agit comme un voile onirique et comme une mise à distance.

Empruntant au cinéma – et notamment aux thrillers des années cinquante – comme à la photographie et à l’imagerie, les peintures de Monory, fréquemment de grand format et qui incluent aussi souvent des objets, forment comme une sorte de manège accéléré, avec parfois des stases presque extatiques : y alternent ou s’y combinent des paysages urbains et de grandes étendues de nature, des visions romantiques et des images dramatiques venant de l’actualité ou de l’Histoire contemporaine. Un pessimisme fondamental, teinté d’humour grinçant, y coexiste avec une fascination pour le vide.

Monory ne donne pas de leçon, il s’interroge et nous interroge : comment vivre dans un monde violent, déraisonnable, illogique, surprenant et souvent faux ? Sa peinture, qui se fait l’écho d’une modernité dont il conjure la violence en lui donnant libre cours nous revient aujourd’hui en pleine face, comme un très long métrage dont on aimerait pouvoir isoler chaque plan tout en se laissant emporter par la puissance d’un montage impitoyable.

Jacques Monory

Né à Paris, Jacques Monory entre à l’école des Arts appliqués de Paris, puis travaille pendant dix ans avec son ami Robert Delpire, éditeur. Il apporte son regard artistique aux premières éditions de photographies d’auteurs comme William Klein, Robert Frank ou Henri Cartier-Bresson. Il ne cesse de peindre et expose à Paris à partir de 1955. Au début des années 1960, au moment où se développe le Pop art aux États-Unis, Jacques Monory remet l’histoire humaine et sa propre vie au centre de ses tableaux. Il ne travaille pas d’après nature, mais puise dans la littérature, le cinéma, l’actualité pour composer des tableaux, souvent de grandes dimensions, qui renvoient à son époque comme des miroirs brisés.
Invité à participer au musée d’art moderne de la ville de Paris à l’exposition « Mythologies quotidiennes » en 1964, préfiguration du mouvement de la Figuration Narrative, Jacques Monory entre dans l’histoire de l’art. La série des Meurtres en 1968 reste une série majeure et l’inscrit comme le plus narratif de tous, avec ses atmosphères inquiétantes et l’utilisation de ce bleu romantique - expression selon lui « du désir impossible » et de la « mise à distance du monde ». Son œuvre témoigne de sa passion pour le cinéma et particulièrement pour le climat des films noirs, où se jouent par arrêt sur images, des « faits divers symboliques » nourris d’une iconographie inspirée de ses voyages aux Etats-Unis et composée de voitures, de revolvers, de femmes…
En 1975, Il entre à la galerie Maeght de Paris, y expose les Opéras Glacés en 1976, puis Technicolor et Ciels, avant d’être invité à la Biennale de Venise, en 1986. En 1992, il participe à l’Exposition universelle de Séville dans le Pavillon français. En 2004, il expose à la Fondation Claudine et Jean-Marc Salomon à Alex près d’Annecy. En 2005, le MAC VAL de Vitry-sur-Seine lui consacre son exposition inaugurale. En 2009, la Fondation Maeght le met à l’honneur avec l’exposition Tigre, puis en 2014, le Fonds Hélène et Edouard Leclerc pour la culture à Landerneau lui consacre également une rétrospective importante. Des expositions personnelles sont également présentées ailleurs en France mais aussi en Belgique, Autriche, Grande-Bretagne, Suisse, Espagne et aux États-Unis jusqu’en 2018. En 2019, il est présent dans d’importantes expositions collectives au Mac Val de Vitry-sur-Seine, au Musée d’Art moderne de la ville de Paris et au CAPC de Bordeaux. La Fondation Maeght rend hommage en cette année 2020 à ce grand artiste avec la première exposition personnelle depuis sa disparition le 17 octobre 2018.

Informations pratiques

Fondation Maeght
623 Chemin des Gardettes
06570 Saint-Paul-de-Vence

La Fondation Maeght est ouverte tous les jours en juillet et août de 10h à 19h.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 14 Janvier 2020 à 04:27 | Lu 274 fois

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