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Fabrizio Plessi à la Fondation François Schneider à Wattwiller du 1er mars au 1er juin 2014

La Fondation François Schneider à Wattwiller présente ce printemps six œuvres majeures de l’artiste italien Fabrizio Plessi, pionnier de la vidéo-installation qui se distingue depuis bientôt cinquante ans par son travail multimédia sur le thème de l’eau.


Fabrizio Plessi est l’un des artistes contemporains les plus connus au monde. De Venise à Berlin, de New York à Madrid, de Paris à Pékin, en passant par New Dehli, Londres, Budapest, Hong Kong ou Moscou, du Centre Pompidou au Guggenheim, les plus grandes villes et les plus grands musées ont célébré les forces de la nature qu’il met en scène, le bouillonnement de ses torrents, le murmure de ses forêts et toujours l’originalité de ses créations. Sur l’autoroute du Brenner, un important musée porte son nom et lui est intégralement dédié. Fabrizio Plessi fait partie des rares artistes qui de leur vivant se voient ainsi consacrés.

L'œuvre de Fabrizio Plessi

Fabrizio Plessi © DR
Fabrizio Plessi © DR
L’eau joue un rôle croissant dans l’œuvre de Plessi depuis son installation à Venise à la fin des années 1960, « cette même eau qui, changeante, charmante et ambiguë, vue de la fenêtre de mon atelier de Venise, pénètre à l’intérieur et dissout toute chose en une lumière liquide et fluorescente, devenant peu à peu mais avec obstination, irrésistiblement, le véritable protagoniste de mon travail »1. Plessi compile peu à peu son Acquabiografico, une somme de 250 projets poétiques et absurdes liés au monde de l’eau : une cage aquatique qui devient sculpture pour la Biennale de Venise en 1972, ou de gigantesques « éponges de secours» pour sauver la ville de la marée haute en 1973. Déjà actif sur la scène internationale, Plessi affiche son affinité avec le mouvement Fluxus par le biais d’actions et performances « à la limite de l’inutile » tel le projet Plessi-sur-Seine, à l’automne 1973 à Paris, où il entreprend de vider la Seine avec un arrosoir.

La vidéo s’impose d’abord à Fabrizio Plessi comme un moyen d’enregistrer ses performances, avant de devenir un élément à part entière de sa création. Il rejoint en cela un nouveau courant d’artistes qui réagissent depuis les années 1960 à l’intrusion massive des médias dans la société. Pour contrer le flux oppressant des films télévisés, il propose ses propres images ralenties à l’extrême. En 1976, Plessi inaugure avec Mare orizzontale une longue série d’installations vidéo. L’osmose qui s’opère entre le bleu de la surface liquide et celui de l’écran inspire l’artiste : « Eau et vidéo sont toutes deux liquides et ont pour fonction de transporter quelque chose [...]. Sur l’écran, quelque chose s’écoule ; tout ne cesse de s’y transformer. Il en va de même pour l’eau. Toutes deux sont intimement liées à la lumière qui leur confère leur beauté »2. En se focalisant ainsi sur l’eau et ses mouvements, Fabrizio Plessi crée une atmosphère apaisée et méditative. La surface liquide qui ondule sur ses écrans lui permet « d’augmenter la température de la vidéo en la chargeant de sens et d’émotions. »

Parallèlement à ces premières installations vidéo, et quelque peu paradoxalement pour un artiste multimédia, le travail de Plessi se rapproche de l’Arte Povera. Il se découvre une prédilection pour les matériaux bruts : acier Corten, pierre, tissu ou troncs d’arbres comme dans l’imposante Foresta sospesa (Forêt suspendue) présentée au centre de l’exposition de la Fondation Schneider. La simplicité des formes rejoint celle des matériaux, et les installations se font de plus en plus monumentales. Le minimalisme est une autre influence manifeste dans une œuvre comme Videoland, également exposée à Wattwiller, et composée selon des principes de répétition et d’alignement.

Le travail de Plessi s’inscrit avant tout dans une dimension spatiale et temporelle. En inscrivant ses œuvres dans un contexte particulier, cet artiste éminemment postmoderne cherche constamment à « se mesurer à un espace, un environnement, une histoire, un contexte socio-politique ». Cette démarche est manifeste dans l’installation monumentale Roma, créée en 1987 pour l’exposition Documenta 8. Plessi poursuit son exploration des contextes urbains avec ses Progetti del Mondo : dans Bronx en 1986 ou Bombay Bombay en 1993, il met en scène des objets ordinaires symbolisant sa perception de zones urbaines contemporaines. Le temps, enfin, composante essentielle de l’art vidéo, est au cœur du travail de Plessi. Dans Tempo liquido (1989)3, il fixe des écrans vidéo à une roue de moulin qui telle une métaphore du passage du temps, déplace des quantités d’eau infinies. L’artiste entame une réflexion sur l’histoire de sa propre création, notamment avec l’installation vidéo Il Flusso della Memoria (Le Flux de la Mémoire), un flot ininterrompu d’eau numérique s’écoulant en ligne droite vers l’obscurité. Cette œuvre, présentée à la Fondation Schneider, est le meilleur exemple de cette tension fascinante dans l’œuvre de Plessi entre l’élément naturel primitif et la technologie.

Informations pratiques

Le Centre d'art contemporain - Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée
68700 Wattwiller
Tél : +33 (0)3 89 82 10 10
info@fondationfrancoisschneider.org
www.fondationfrancoisschneider.org

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 12 Mars 2014 à 12:45 | Lu 285 fois

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