Erich Heckel Baigneuses dans la baie (L’Été à la mer Baltique) 1912, huile sur toile 95 x 119 cm Kunstmuseen Krefeld © photo : Achim Kukulies, Düsseldorf © Adagp, Paris 2011
L’expressionnisme s’est principalement structuré autour de deux courants – deux Écoles –, opposés en tout point mais qui ne sont jamais entrés en conflit. Par analogie, il pourrait s’agir de la mer et de la montagne comme le Pr Dr Ralph Melcher, l’un des auteurs de notre catalogue, le décrit dans son article.
Der Blaue Reiter, « Le Cavalier Bleu », était un mouvement intellectuel, composé principalement de penseurs et de philosophes. Ils avaient une approche extrêmement théorisée de ce que devait être leur oeuvre. Héritier de la culture germanique et romantique du Gesamtkunstwerk, « oeuvre d’art totale », – où littérature, musique, poésie et dessin devaient s’harmoniser de manière équilibrée –, ce mouvement compta également dans ses fondateurs des artistes étrangers, tel Kandinsky, qui apportèrent une vision non germanique à ce que devait être la création artistique idéale. Cette association déboucha rapidement sur l’un des plus importants bouleversements de l’histoire de l’art du XXe siècle : la naissance de l’abstraction.
Parallèlement à ce mouvement purement intellectuel, Brücke, « Pont », se développa autour d’artistes qui privilégièrent une création sensible, sensitive et émotionnelle, où n’avaient pas place les références purement intellectuelles de Der Blaue Reiter. Ces artistes allaient exprimer de façon instinctive leur rapport à un climat, une époque, un contexte et une période de décadence pangermanique.
Les artistes considérés comme « dégénérés » par le régime national-socialiste allaient en être les témoins impuissants et malheureux.
Ces deux mouvements opposés sont si éloignés dans leur vision qu’ils devraient n’avoir aucun point en commun. Pourtant, ils vont se répondre et s’imbriquer au point, parfois, de fusionner pour ne plus être perçus que comme un seul et unique mouvement, appelé par la suite l’expressionnisme allemand.
Cette exposition se conçoit donc comme un jeu de convergences et de divergences entre deux courants que tout oppose et confronte. Cependant, exposer des oeuvres intellectuellement aussi divergentes côte à côte, et renoncer ainsi à une classification encyclopédique « artiste par artiste » – éviter le côté « dictionnaire » –, permet de souligner les convergences et de clarifier les différences. L’étrange facilité avec laquelle ces oeuvres communient et se répondent est déconcertante, eu égard à leurs différences sur le plan intellectuel. Preuve sans doute que l’idée de conclure à la naissance d’un mouvement commun est finalement évidente.
Parmi les grandes convergences, citons la reprise par les deux courants de l’esthétique du « bestiaire », disparue depuis le Moyen Âge. Ces représentations d’animaux vont caractériser aussi bien Der Blaue Reiter (nom du mouvement qui, en soi, rappelle ce motif) et Brücke. Cela peut être considéré comme une caractéristique de l’expressionnisme, au même titre que leur palette, référence au fauvisme et au primitivisme, qui est omniprésente dans les deux courants esthétiques, quelles que soient leurs oppositions.
Cela nous permet de matérialiser une esthétique commune reposant sur le contexte parisien. Ils vont également donner naissance à d’autres mouvements, d’autres Écoles ou émanations : une myriade de courants, tous intégrés dans l’expressionnisme, bien que parfois fondés sur des philosophies très différentes.
L’exposition présentée à la Pinacothèque de Paris s’intéresse uniquement aux deux courants fondateurs de l’expressionnisme allemand : deux groupes très distincts, très opposés, mais aussi très représentatifs de ce mouvement.
Une telle étude n’a jamais été présentée lors des nombreuses expositions réalisées sur le sujet même en Allemagne. Toujours dans son esprit de dialogue et de confrontation entre les arts, la Pinacothèque de Paris invite à découvrir les points communs et les divergences entre Der Blaue Reiter et Brücke – importantes ou diamétralement opposées – grâce à une mise en regard des artistes et de leurs oeuvres, au lieu de les présenter, comme ce fut jusqu’à présent le cas, artiste par artiste.
Cette exposition passionnante a été rendue possible grâce à la participation d’institutions importantes qui nous ont fait des prêts de premier ordre, comme le Wilhelm Lehmbruck Museum de Duisburg, le Osthaus Museum de Hagen, le Museum de Wiesbaden, le Kunstmuseum de Gelsenkirchen, le Leopold-Hoesch-Museum & Papiermuseum de Düren ou la Marianne Werefkin Foundation, Museo comunale d’arte moderna d’Ascona.
Der Blaue Reiter, « Le Cavalier Bleu », était un mouvement intellectuel, composé principalement de penseurs et de philosophes. Ils avaient une approche extrêmement théorisée de ce que devait être leur oeuvre. Héritier de la culture germanique et romantique du Gesamtkunstwerk, « oeuvre d’art totale », – où littérature, musique, poésie et dessin devaient s’harmoniser de manière équilibrée –, ce mouvement compta également dans ses fondateurs des artistes étrangers, tel Kandinsky, qui apportèrent une vision non germanique à ce que devait être la création artistique idéale. Cette association déboucha rapidement sur l’un des plus importants bouleversements de l’histoire de l’art du XXe siècle : la naissance de l’abstraction.
Parallèlement à ce mouvement purement intellectuel, Brücke, « Pont », se développa autour d’artistes qui privilégièrent une création sensible, sensitive et émotionnelle, où n’avaient pas place les références purement intellectuelles de Der Blaue Reiter. Ces artistes allaient exprimer de façon instinctive leur rapport à un climat, une époque, un contexte et une période de décadence pangermanique.
Les artistes considérés comme « dégénérés » par le régime national-socialiste allaient en être les témoins impuissants et malheureux.
Ces deux mouvements opposés sont si éloignés dans leur vision qu’ils devraient n’avoir aucun point en commun. Pourtant, ils vont se répondre et s’imbriquer au point, parfois, de fusionner pour ne plus être perçus que comme un seul et unique mouvement, appelé par la suite l’expressionnisme allemand.
Cette exposition se conçoit donc comme un jeu de convergences et de divergences entre deux courants que tout oppose et confronte. Cependant, exposer des oeuvres intellectuellement aussi divergentes côte à côte, et renoncer ainsi à une classification encyclopédique « artiste par artiste » – éviter le côté « dictionnaire » –, permet de souligner les convergences et de clarifier les différences. L’étrange facilité avec laquelle ces oeuvres communient et se répondent est déconcertante, eu égard à leurs différences sur le plan intellectuel. Preuve sans doute que l’idée de conclure à la naissance d’un mouvement commun est finalement évidente.
Parmi les grandes convergences, citons la reprise par les deux courants de l’esthétique du « bestiaire », disparue depuis le Moyen Âge. Ces représentations d’animaux vont caractériser aussi bien Der Blaue Reiter (nom du mouvement qui, en soi, rappelle ce motif) et Brücke. Cela peut être considéré comme une caractéristique de l’expressionnisme, au même titre que leur palette, référence au fauvisme et au primitivisme, qui est omniprésente dans les deux courants esthétiques, quelles que soient leurs oppositions.
Cela nous permet de matérialiser une esthétique commune reposant sur le contexte parisien. Ils vont également donner naissance à d’autres mouvements, d’autres Écoles ou émanations : une myriade de courants, tous intégrés dans l’expressionnisme, bien que parfois fondés sur des philosophies très différentes.
L’exposition présentée à la Pinacothèque de Paris s’intéresse uniquement aux deux courants fondateurs de l’expressionnisme allemand : deux groupes très distincts, très opposés, mais aussi très représentatifs de ce mouvement.
Une telle étude n’a jamais été présentée lors des nombreuses expositions réalisées sur le sujet même en Allemagne. Toujours dans son esprit de dialogue et de confrontation entre les arts, la Pinacothèque de Paris invite à découvrir les points communs et les divergences entre Der Blaue Reiter et Brücke – importantes ou diamétralement opposées – grâce à une mise en regard des artistes et de leurs oeuvres, au lieu de les présenter, comme ce fut jusqu’à présent le cas, artiste par artiste.
Cette exposition passionnante a été rendue possible grâce à la participation d’institutions importantes qui nous ont fait des prêts de premier ordre, comme le Wilhelm Lehmbruck Museum de Duisburg, le Osthaus Museum de Hagen, le Museum de Wiesbaden, le Kunstmuseum de Gelsenkirchen, le Leopold-Hoesch-Museum & Papiermuseum de Düren ou la Marianne Werefkin Foundation, Museo comunale d’arte moderna d’Ascona.