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Exposition Luc Tuymans, Retrospective, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, du 18 février au 8 mai 2011

Luc Tuymans: Retrospective
Après une grande tournée des Etats-Unis en 2009 et 2010, l’exposition Retrospective, présentant l’œuvre de l’artiste belge Luc Tuymans, ne fera qu’un seul arrêt en Europe : au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles du 18 février au 8 mai 2011.


Luc Tuymans, The Nose, 2002; oil on canvas; 11 ? x 9 * in (29.9 x 24.1 cm); Collection of Jill and Dennis Roach, © Luc Tuymans
Luc Tuymans, The Nose, 2002; oil on canvas; 11 ? x 9 * in (29.9 x 24.1 cm); Collection of Jill and Dennis Roach, © Luc Tuymans
Luc Tuymans (°1958, Mortsel) est considéré comme un des peintres les plus importants et les plus influents de notre époque. En 2004, il fut le premier belge ayant fait de son vivant une exposition en solo à la Tate Modern de Londres. Depuis lors, son nom n’a plus quitté la scène artistique internationale. Après sa tournée américaine à Colombus, Ohio (Wexner Center for the Arts), San Francisco (Museum of Modern Art), Dallas (Museum of Art) et Chicago (Museum of Contemporary Art), l’exposition se pose à Bruxelles. Elle sera la première grande rétrospective de l’artiste en Belgique. Retrospective est une coproduction de SFMOMA et Wexner Center for the Arts. L’exposition comprend 73 œuvres (datant de 1978 à 2008), provenant essentiellement de quelques séries majeures du peintre : At Random, Der Architekt, Mwana Kitoko : Beautiful White Man, Proper et Der diagnostische Blick.

Les œuvres de l’exposition proviennent d’un peu partout dans le monde: beaucoup des Etats-Unis, mais également d’Allemagne, de Suisse, de Suède, de Belgique, des Pays-Bas, et même du Japon; tant de musées mondialement reconnus (MoMA – NY, Guggenheim Museum – NY, Carnegie Museum of Art – Pittsburg, Friedrich Christian Flick Collection – Berlin, Museum fur Moderne Kunst, Frankfurt, National Museum of Art – Osaka,…) que de collections privées. Beaucoup de ces œuvres seront pour la première fois exposées en Belgique.

Des compilations d’images super 8 réalisées par Tuymans dans les 1980 et 1981 seront projetées en exclusivité lors de l’exposition à Bruxelles. En 1980, Luc Tuymans arrêta la peinture pour se lancer dans la réalisation de films. Pendant cette période, il expérimenta avec des formats de films super 8, super 16 et 35mm, jusqu’en 1985, lorsqu’il renoua avec son premier amour, la peinture. Ces fragments montrent déjà un avant-goût de l’imagerie qu’on retrouvera plus tard dans les peintures de l’artiste.

Cette exposition représente la troisième collaboration de Luc Tuymans avec le Palais des Beaux-Arts. Il fut déjà co-commissaire des expositions L’Empire Interdit en 2007 et The State of Things. Brussels/Beijing en 2009. La nouvelle exposition Retrospective montre pour la première fois l’œuvre du peintre au Palais des Beaux-Arts.

Thèmes dans l’œuvre de Luc Tuymans

Les thèmes les plus importants dans l’œuvre de Luc Tuymans sont l’histoire, la mémoire et les médias. L’artiste puise son inspiration dans les sujets les plus divers. Il travaille notamment sur d’importants événements historiques, comme les conséquences de la Deuxième Guerre mondiale, les retombées dramatiques que les évènements du 11 Septembre ont eues sur le monde et l’histoire postcoloniale de la République Démocratique du Congo. Tuymans s’intéresse aux retombées de ces événements et à la façon dont ils sont relayés par les médias de masse. Il puise son inspiration dans la tradition picturale nord-européenne, mais aussi dans la photographie, le cinéma et la télévision. Il s’approprie des images de diverses provenances qu’il recadre, encadre, agrandit et conjugue pour jeter un nouvel éclairage sur la peinture et la culture en général.

Ses peintures apparaissent à première vue comme des scènes relativement banales de la vie de tous les jours. Mais derrière ses intérieurs, paysages ou personnages aux allures plutôt innocentes, se cache presque toujours une autre signification. Les idées et évènements présents dans l’œuvre de Tuymans sont rarement explicites, mais plutôt suggérés par des allusions subtiles. Comme autant de souvenirs voilés, ces œuvres oscillent sans cesse entre cohérence et illisibilité, poussant ainsi le spectateur à remettre en question non seulement ce qu’il voit, mais aussi sa façon de regarder. Dans toutes ces œuvres, Tuymans s’attache à montrer « l’inmontrable » pour rendre les gens conscients de leur rôle de spectateurs et parfois, involontairement, de complices de l’histoire.

Tuymans réalise des natures mortes, des paysages et des portraits dont le format et la gravité n’ont rien à envier à ceux qui étaient autrefois l’apanage des tableaux historiques. Il a ainsi réinventé la peinture historique pour mettre en évidence la nature fragile des événements à la lumière de faits appartenant à un passé récent. En déclinant des scénarios contemporains dans ce genre pictural traditionnel, il explore également le désengagement de la réalité et la façon dont les vécus actuels sont souvent dramatisés à la fois par des moyens technologiques et des récits culturels de longue date.

Les séries dans l’exposition

L’exposition reconstruit la genèse du cheminement singulier de l’artiste, mettant en évidence la façon dont il passe d’une œuvre à l’autre. Ayant débuté comme cinéaste, sa stratégie se nourrit des théories du montage filmique : il réunit ses images en des séquences qui leur donnent une signification supplémentaire. Cette rétrospective recrée les installations originales de trois séries : At Random, Der Architekt et Mwana Kitoko : Beautiful White Man. L’exposition comprend également des œuvres provenant des séries Proper et Der diagnostische Blick. Le parcours, construit chronologiquement, parcourt une période allant de 1978 à 2008.

Dans sa série At Random, Tuymans questionne les mécanismes de la perception et la labilité de l’appréhension visuelle. Dans ces tableaux, les formes et contours émergent lentement d’un décor flou. Le titre de l’œuvre aide parfois à attirer l’attention sur un objet reconnaissable. C’est notamment le cas dans The Doll (1994) qui, de prime abord, n’est autre qu’un paysage nordique plongé dans la brume. Ce n’est qu’après avoir lu le titre et s’être attardé devant la toile que le spectateur découvre qu’il y a plus. Tous les sujets d’At Random sont arbitraires et empruntés au flot d’images qui déferle en permanence sur nous. Une jambe de femme (dans The Leg [1994]), un coin de paysage vu à travers une fenêtre (dans Self-Portrait [1994])... Ces images peuvent paraître insignifiantes et pourraient être oubliées aussitôt, si ce n’était qu’elles contiennent peut-être un secret.

Dans sa série Der Architekt dédiée à l’Holocauste, l’artiste traite le sujet récurrent dans son œuvre d’une façon moins cryptique, mais ce n’est pas sûr que chez le spectateur, ce langage plus clair contribue à une meilleure intelligence des atrocités qui se perpètrent dans le monde. Ceci montre que les œuvres de Tuymans portent en outre sur le fait que certains événements se soustraient à toute tentative de rendu. Ces toiles, pour la plupart monochromes, établissent une corrélation visuelle entre l’idéal nazi de la pureté aryenne et la dépravation de leurs actes. Himmler (1998) s’inspire d’une photo officielle de l’officier SS Heinrich Himmler, chargé de la mise en œuvre de la « solution finale ». Son visage est cependant noirci et donc réduit à une tache sombre, impénétrable. Le titre de K.Z. (1998) est l’abréviation du mot allemand pour camp de concentration. Mais cette œuvre est tout aussi trompeuse, car elle ne montre qu’une partie du camp spécialement conçue pour cacher aux yeux des inspecteurs étrangers les véritables conditions dans lesquelles vivaient les prisonniers.

Dans la série Mwana Kitoko : Beautiful White Man, Tuymans montre l’héritage de violence que son pays natal, la Belgique, a laissé derrière elle en 1960, après 52 ans de colonisation. Ces œuvres portent sur la situation postcoloniale dans la République Démocratique du Congo et les obscurs réseaux de pouvoir liés à l’assassinat de Patrice Lumumba, le premier Premier ministre démocratiquement élu du pays. The Mission (2000) représente l’endroit où aussi bien Lumumba que son rival politique Joseph-Désiré Mobutu ont reçu leur éducation. Chalk (2000) se réfère à une histoire que Tuymans a entendue à propos d’un officier de police qui aurait arraché deux dents à Lumumba après sa mort. Dans Sculpture (2000), l’artiste transpose cette page d’histoire au présent, en représentant une sculpture en bois polychrome grandeur nature, une relique de l’ère coloniale, qu’il a découverte un jour par hasard dans un restaurant anversois.

Aux cimaises de cette exposition rétrospective figurent également des œuvres « post-9/11 » faisant partie de sa série Proper, dont son fameux portrait de la Secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice (2005). En faisant un gros plan sur la société américaine et l’administration Bush, Proper montre le regard que l’artiste porte sur un pays qui a du mal à se redresser et en même temps s’accroche au décorum pour donner au monde une image de puissance et de normalité. Ballroom Dancing (2005) illustre le nouvel engouement pour la danse de salon en déclinant les charmes d’une parade et d’une romance à l’ancienne dans une toile s’inspirant d’une photo du Bal du gouverneur du Texas. Peint sous un angle qui fait penser à celui d’une caméra de surveillance, The Parc (2005) montre comment les instruments de surveillance ont fait intrusion dans notre vie de tous les jours.
Et enfin, l’exposition comprend également des œuvres de la série Der diagnostische Blick qui s’inspire de planches que Tuymans a trouvées dans un guide médical allemand des symptômes physiques de diverses maladies et affections. À travers ces œuvres, l’artiste attire l’attention sur la peinture en tant que média en exacerbant le champ de tension entre le côté artisanal de celle-ci et l’œil mécanique de l’appareil photo.

Brève biographie de Luc Tuymans

Luc Tuymans est l’un des artistes les plus influents de notre époque. Pour beaucoup, son style figuratif, à la fois fascinant et complexe, a contribué au renouveau pictural des années 1990. S’il utilise des quantités minimales de peinture, Tuymans couvre en revanche un large éventail de sujets : personnalités politiques et célébrités, paysages déserts, maisons des plus quelconques, abat-jours, plantes en pot, taies d’oreiller… D’aucuns y voient ainsi un maître de l'ordinaire. Cependant, ses peintures tout en délicatesse recèlent ça et là des indices témoignant de traits plus sinistres, avec de fréquentes et subtiles références à des atrocités historiques, à des traumatismes collectifs et aux stratégies de manipulation déployées par les médias de masse. Peignant à partir d’une imagerie préexistante – photographies, plans fixes de film, coupures de presse – Tuymans s’intéresse, dans son œuvre, à l'espace insaisissable entre la mémoire et la réalité, l’espace personnel et l’espace public.

Né en 1958, à Mortsel, près d’Anvers en Belgique, Tuymans étudie les beaux-arts à Bruxelles et Anvers entre 1976 et 1982, avant d’obtenir un diplôme en histoire de l’art à la Vrije Universiteit Brussel, en 1986. En 1992, il participe à la prestigieuse Documenta IX à Cassel, en Allemagne et à partir de cette date, il exposera un peu partout en Europe et en Amérique du Nord. Après avoir représenté la Belgique à la Biennale de Venise, en 2001, Tuymans participe à sa deuxième Documenta en 2002. Il expose également en solo, notamment à la Tate Modern à Londres en 2004, au Műcsarnok Kunsthalle à Budapest (2007), au Haus der Kunst (Munich) et au Zachęta National Gallery of Art (Varsovie). Ensuite, sa première rétrospective américaine fait le tour des Etats-Unis, faisant étape au Wexner Center for the Arts à Columbus, Ohio (2009), au San Francisco Museum of Modern Art (2010), au Dallas Museum of Art (2010), au Museum of Contemporary Art de Chicago (2010-2011) avant de finir sa tournée au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles (2011). Ses tableaux font partie des collections permanentes d’institutions de premier plan comme l'Art Institute of Chicago ; le Centre Georges Pompidou, Paris ; le Los Angeles County Museum of Art ; The Museum of Modern Art, New York ; la Pinakothek der Moderne, Munich ; le Solomon R. Guggenheim Museum, New York et la Tate Gallery, à Londres. Tuymans vit et travaille à Anvers.

Informations pratiques

Luc Tuymans
Retrospective

BOZAR – Palais des Beaux-Arts
Rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles

Heures d’ouverture
De mardi à dimanche, 10:00 > 18:00
Jeudi, 10:00 > 21:00
Fermé le lundi

Prix
€ 10,00 : prix plein
€ 8,00 : +60 ans / groupes / -26 ans
€ 5,00 : demandeurs d'emploi / écoles
€ 9,00 : MYBOZA

pierre aimar
Mis en ligne le Jeudi 16 Décembre 2010 à 23:52 | Lu 1370 fois

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