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Exposition L'épopée du Canal de Suez, des pharaons au XXIe siècle à l'Institut du monde Arabe, Paris, du 28 mars au 5 août 2018

Après « Osiris, mystères engloutis d’Égypte », voici encore une fois l’Égypte à l’Institut du monde arabe ; mais cette fois-ci non seulement pour son antiquité mais aussi pour la modernité que représente le Canal de Suez. Je devrais dire pour la modernité quatre fois millénairede cette merveille du monde qui réunit les mers et les continents, puisque le premier Canal a été creusé dix-huit siècles avant notre ère. Jack Lang


Le dernier coup de pioche donné par Ismaïl Pacha le jour de la jonction des eaux, le 15 août 1869 (huile sur toile, XIXe s. artiste inconnu) © Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez / Lebas Photographie Paris
Le dernier coup de pioche donné par Ismaïl Pacha le jour de la jonction des eaux, le 15 août 1869 (huile sur toile, XIXe s. artiste inconnu) © Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez / Lebas Photographie Paris

À partir du 26 mars 2018, l’Institut du monde arabe retrace l’une des plus passionnantes entreprises humaines : L’Épopée du Canal de Suez. Des Pharaons à Ferdinand de Lesseps, du projet de Bonaparte à la nationalisation sous Nasser, cette saga extraordinaire de plus de 4000 ans est mise en scène dans une exposition-événement réunissant les personnalités puissantes, les défis surhumains, les anecdotes, les temps forts qui ont ponctué l’histoire singulière de ce lieu symbolique, jonction entre trois continents : l’Asie, l’Afrique et l’Europe.

Raconter cette histoire, c’est montrer l’Histoire du monde et des grandes civilisations qui se sont alliées et confrontées sur ce point névralgique du commerce entre les hommes, entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest. C’est aussi faire voir la renaissance à la fois politique, économique et culturelle du plus vieil État du monde.

Suivant un principe cinématographique, l’exposition propose une entrée en matière directe et immersive au visiteur en le plongeant au coeur de l’inauguration de 1869, puis lui fait remonter le temps en reprenant le développement historique de cette épopée.
Objets archéologiques, maquettes, photographies, films d’époques… ponctuent le parcours qui déroule l’Histoire de l’Égypte et celle du monde dans cette exposition fleuve qui part des Pharaons pour entrainer les visiteurs jusqu’aux aux tous derniers travaux contemporains d’extension et de dédoublement.

Déjà les Pharaons… (1850 av. J.-C.)

Le Chantier n°6 : l’eau de la Méditerranée arrivant dans le lac Tinsah le 18 novembre 1862, de François Pierre Bernard Barry © Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez / Lebas Photographie Paris
Le Chantier n°6 : l’eau de la Méditerranée arrivant dans le lac Tinsah le 18 novembre 1862, de François Pierre Bernard Barry © Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez / Lebas Photographie Paris
C’est le Pharaon Sésostris III qui, en reliant le Nil à la Mer Rouge, va le premier, 18 siècles avant notre ère, rendre la navigation possible entre la Méditerranée et les mers du Sud. Ce Canal antique, ensablé parfois, régulièrement remis en état, va continuer à exister pendant plus de 20 siècles. Après qu’il soit devenu inutilisable, de nouveaux projets apparaissent à Constantinople ou à Venise, sans parvenir à voir le jour.

L’exposition présente les oeuvres antiques qui montrent l’importance du Canal pour l’Égypte : une histoire qui n’a cessé de façonner ce bout de Canal. Grâce à de nombreuses maquettes, le visiteur découvre ce que fut l’audace de ce chantier pharaonique pour lequel des machines sont inventées et mises pour la première fois à l’essai.
La percée dans le désert que fut le Canal à ses débuts est représentée par un plan-relief créé pour l’exposition universelle de 1878, mais aussi par des modèles réduits des machines et des bateaux de l’époque, des gravures et des photographies, en même temps que des films qui reflètent la vision contrastée que les Égyptiens et les Européens se feront beaucoup plus tard de cette réalisation.

Vers l’Égypte moderne, ou quand le rêve se fait réalité (1797-1849)

Inauguration du Canal de Suez. Tribune des Souverains © Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez / Lebas Photographie Paris
Inauguration du Canal de Suez. Tribune des Souverains © Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez / Lebas Photographie Paris
Le Canal de Suez est un projet égyptien parce qu’il prend place dans une Égypte en renaissance.
Après avoir été confrontée à la modernité européenne par Bonaparte, l’Égypte reprend vie à partir de 1806 sous le règne de Méhémet Ali et de ses descendants.
La nouvelle dynastie, de plus en plus indépendante de l’empire ottoman, modernise le pays à tour de bras en faisant venir des experts français. Parmi ces experts, Ferdinand de Lesseps, un personnage inclassable, diplomate,
aventurier de génie, va porter à bout de bras un projet déjà étudié par les ingénieurs de Bonaparte, sur des plans dessinés par l’ingénieur italien Luigi Negrelli (1799-1858), puis par les Saint-Simoniens, mais face auquel Méhémet Ali était resté très méfiant : celui d’un Canal de pleine mer traversant l’isthme de Suez. Ferdinand de Lesseps et Saïd Pacha, souverain moderniste d’Égypte et petit-fils de Méhémet Ali qui a hérité des pouvoirs de son grand père,
se lancent seuls dans l’aventure qui se poursuivra jusqu’en 1869 sous l’impulsion du Khédive Ismaïl Pacha, son neveu, qui lui succède en 1863. L’Égypte est en marche vers le progrès.
Le creusement du Canal est évoqué dans l’exposition par les nombreuses archives de l’Association du souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez : sculptures, photographies, plans, gravures, peintures, dessins…

Le Canal au coeur des convoitises (1854-1882)

Nasser nationalise le Canal de Suez en 1956. D.R
Nasser nationalise le Canal de Suez en 1956. D.R
À l’époque d’optimisme où Ismaïl Pacha croit pouvoir dire que son pays « n’est plus en Afrique mais en Europe » va succéder une période plus noire. Banqueroute, mainmise étrangère, occupation militaire anglaise à partir de 1882. Le Canal devenu une oeuvre mythique pour les Européens, devint pour les Égyptiens un symbole de servitude où pourtant la vie continue, les villes se construisent, la campagne reverdit. Cette mémoire contrastée est montrée à travers des images, des films, des tableaux. La zone du Canal de Suez devient, en Égypte un monde à part, extraterritorial, avec son mode de vie propre, son cosmopolitisme différent de celui du Caire et d’Alexandrie. Le visiteur peut sur un très beau panorama mobile traverser le Canal comme on le faisait encore en 1920 sur la route des Indes ou de l’Extrême Orient et rêver au charme des voyages au long cours.

Les aspirations de l’Égypte à l’Indépendance (1914-1945)
Après la première guerre mondiale les égyptiens se révoltent en 1919, contre la présence de la Grande Bretagne qui proclame en 1920 une indépendance partielle, ainsi qu’une constitution parlementaire. En 1936, lors du traité de Londres, le royaume d’Égypte accède à une indépendance internationalement reconnue : la protection du Canal de Suez reste sous monopole britannique pour vingt ans seulement.

Le Canal aux Égyptiens (1956)
« Soyez les bienvenus; nous sommes une partie de la nation arabe. Nous irons de l’avant, unis, formant un seul bloc, un seul coeur, une seule main pour la pose des bases et des principes de la liberté, de la gloire et de la dignité, et pour réaliser l’indépendance politique et l’indépendance économique en même temps. »
Discours de Gamal Abdel Nasser (Alexandrie, 26 juillet 1956)

1956 : après la seconde guerre mondiale, sous la sérénité apparente, le monde arabe aspire à son indépendance, la révolte gronde. Après avoir été accueilli dans l’exposition par le faste théâtralisé de l’inauguration de 1869, le visiteur se retrouve désormais en immersion au coeur de la grande scène populaire de 1956 : celle du discours où Nasser annonce le jour de la fête nationale à une foule emportée par l’enthousiasme que le Canal de Suez est nationalisé.

L’exposition consacre un vaste espace à ce moment clef, à la mise en pratique de cette décision, aux souvenirs qu’elle suscite chez ceux qui en ont été témoins et enfin à l’opération militaire engagée par les Français, les Britanniques et les Israéliens, et le fiasco qui a suivi.

Pratique

IMA
1 rue des Fossés Saint-Bernard
75005 Paris

Horaires :
Mardi – vendredi : 10h – 18h
Samedi, dimanche et jours fériés : 10h – 19h
Fermé le lundi et le 1er mai
Tarifs :
Plein tarif : 12 €, tarif réduit : 10 €, - de 26 ans : 6 €
Visite guidée : + 4 €

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 6 Mars 2018 à 12:07 | Lu 384 fois

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