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En Rouge et Noir Il Trovatore enflamme l’Opéra de Marseille pour la clôture de son centenaire

Maurice Xiberras ne pouvait mieux choisir. Avec une production incandescente d‘Il Trovatore’de Verdi, l’Opéra de Marseille a mis le feu aux planches, marquant en apothéose la fin des célébrations de son centenaire. L’œuvre, véritable pilier du répertoire lyrique italien, a transporté le public dans un tourbillon de passions, de vengeance et de sacrifice, grâce à une distribution vocale exceptionnelle, une mise en scène et des décors audacieux


© photo Christian Dresse 2025
© photo Christian Dresse 2025
Un dynamisme artistique affirmé
Œuvre parmi les plus célèbres du répertoire lyrique, Il Trovatore, de Giuseppe Verdi, composé en 1853, fait partie de la trilogie populaire de Verdi avec Rigoletto et La Traviata. L’histoire, basée sur un drame espagnol, est complexe et pleine de passions avec des thèmes comme l’amour, la jalousie et la fatalité.
L’attente était palpable dans la salle comble, montrant s’il le fallait, une fois encore, l’attachement du public à son théâtre. Le choix d’Il Trovatore pour clore ce cycle anniversaire témoigne de la volonté de l’Opéra de Marseille de célébrer son héritage tout en affirmant son dynamisme artistique. Cette œuvre, réputée pour sa complexité vocale et la richesse de ses mélodies, est un défi pour tout théâtre lyrique. L’Opéra de Marseille l’a relevé avec brio, offrant une production qui restera gravée dans les mémoires.

Une distribution et une production éclatantes
La qualité d’une représentation d’Il Trovatore dépend surtout des interprètes. Les rôles principaux comme Manrico, Leonore, le Comte di Luna et Azucena exigent des chanteurs capables de maitriser les exigences techniques et dramatiques de Verdi.
Angélique Bouteille a incarné Leonora avec une intensité dramatique exceptionnelle révélant la profondeur de son interprétation. La transformation de Leonora, de jeune femme éprise à amante sacrifiée a été rendue avec une justesse remarquable, faisant d’Angélique Bouteille le véritable cœur de la production. Musicalité précise, projection claire, aigus cristallins et voix somptueuse, présence scénique élégante, Angélique Bouteille a offert une prestation pleine de sensibilité. L’intensité dramatique de la partition a pu s’équilibrer grâce à la finesse de la voix de cette grande soprano.
Teodor LLincài a campé un Manrico à la fois impétueux et vulnérable. Sa voix, puissante et chaleureuse, a parfaitement rendu les accents guerriers et amoureux du troubadour. Son interprétation de Di quella pira, l’un des airs les plus célèbres du répertoire ténor, a soulevé l’enthousiasme du public. Au-delà de la performance vocale, l’artiste a su traduire la complexité du personnage, partagé entre son amour pour Leonora et sa loyauté envers sa mère, Azucena.
Aude Extrémo a incarné Azucena, la gitane consumée par la vengeance et l’un des personnages les plus fascinants d’Il Trovatore. Son rôle, d’une exigence vocale extrême, requiert une interprète capable de rendre la folie et la souffrance qui la rongent. Azucena est le moteur de l’histoire. Ses actions passées et présentes déterminent le destin des autres personnages. Sa quête de vengeance et ses révélations finales sont essentielles au dénouement tragique de l’opéra. Aude Extrémo a relevé le défi avec brio, offrant une performance à la voix terrifiante et touchante. Sa voix, sombre et puissante, a traduit la haine et le désespoir qui l’animent. Son récit de l’infanticide, d’une grande intensité dramatique et son air Stride la vampa, l’un des plus connus de l’opéra dans lequel Azucena décrit la scène horrible de sa mère brûlée vive, ont bouleversé le public.
Serban Vasile a interprété le Comte di Luna, un rôle clé qui demande une expressivité intense et un registre vocal riche. Son interprétation a été saluée pour sa puissance vocale et sa maturité artistique, apportant une grande profondeur au personnage.
Patrick Bolleire était Ferrando. Sa voix de basse profonde, sa diction impeccable et sa présence scénique ont renforcé la gravité et la solennité du rôle, contribuant à l’atmosphère dramatique de l’œuvre. Sa performance a ancré la scène, incarnant la gravité, la sagesse et la menace du personnage.
Marc Larcher (Ruiz), Arnaud Hervé (Il messaggero) et Norbert Dol (un vieux gitan) complètent avec brio cette magnifique distribution.

Un orchestre et un chef d’orchestre inspirés
La musique, autre facteur essentiel, avec des airs célèbres comme Di quella pira ou Stride la vampa nécessite un orchestre et un chef d’orchestre de talent pour restituer toute sa puissance et sa subtilité. Le chœur joue un rôle crucial dans Il Trovatore. La direction de Michele Spotti a enchanté le public. Sa lecture d’Il Trovatore, son sens du rythme, son travail précis sur les nuances et la tension dramatique, a permis de maintenir l’élan dramatique tout en valorisant la richesse orchestrale. L’Italien Michele Spotti a dû ressentir Verdi dans ses veines. Tout en laissant l’espace aux chanteurs pour s’exprimer pleinement, le chef d’orchestre a su faire ressortir la complexité musicale de l’œuvre. Sa direction a été saluée pour sa vivacité, sa sensibilité et sa capacité à faire vibrer l’orchestre.

Une mise en scène et des décors audacieux
La mise en scène très fluide de Louis Désiré a mêlé tradition et modernité en utilisant des éléments visuels inattendus pour renforcer la tension dramatique et faire vivre la narration du récit. En blanc et noir, avec un long voile rouge que ne quitte jamais Azucena, les costumes sont d’époque et intemporels.
Diego Méndez-Casariego a joué rôle crucial dans la création des ambiances visuelles en concevant des décors qui ont enrichi la narration et l’expérience émotionnelle de l’opéra. Ici, il a traduit les idées abstraites du livret et de la musique en une réalité visuelle sur scène, combinant innovation artistique et tradition et permis de donner vie à des œuvres classiques d’une manière qui résonne auprès du public contemporain.
Quant au Chœur de l’Opéra de Marseille, qui joue un rôle important dans Il Trovatore, notamment dans des scènes comme le chœur des gitans dont la performance est essentielle pour l’atmosphère de l’opéra, un seul mot, toujours le même : brillantissime !

De plain-pied dans son deuxième siècle
Avec cette production flamboyante, l’Opéra de Marseille a clos en beauté les festivités de son centenaire. L’engagement de la direction, le talent des artistes et la passion du public on fait de ces soirées des moments inoubliables. L’Opéra de Marseille entre dans son deuxième siècle avec une énergie renouvelée, prête à relever de nouveaux défis et à continuer d’enchanter le public.
Danielle Dufour-Verna

© photo Christian Dresse 2025
© photo Christian Dresse 2025

© photo Christian Dresse 2025
© photo Christian Dresse 2025

Danielle Dufour-Verna
Mis en ligne le Lundi 23 Juin 2025 à 14:19 | Lu 85 fois

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