arts-spectacles.com
Sortir ici et a
Sortir ici et ailleurs, magazine des arts et des spectacles

Membre du Syndicat de la Presse Culturelle et Scientifique (SPCS) et de la Fédération Nationale de la Presse Spécialisée (FNPS)



CoB#2 (Celebration of the body #2), Le CAP, Saint-Fons, Rhône, du 5 juin au 21 juillet 2012

Remise en forme d’une exposition. Avec les performances de : Ludovic Burel, Stéphane Déplan et Simon Fravega et la Nécessaire dépense à l’entretien


Avec :

Jérôme Bel, Niccolo Boldrini, Ludovic Burel & Ju Hyung Lee, Stéphane Déplan, David Dupont, Simon Fravega, Giorgio Ghisi, Clarisse Hahn, Auguste Hesse, David Lachapelle, Fabrice Lauterjung, Edouard Levé, Emilie Parendeau, Noëlle Pujol, Vincent Sabatier, Franck Scurti, Hito Steyerl, Jean-Luc Verna, Artur Zmijewski
Clarisse Hahn, Notre corps est une arme - Los Desnudos (Mexique), 2011, 12’17’’, film.
Clarisse Hahn, Notre corps est une arme - Los Desnudos (Mexique), 2011, 12’17’’, film.

Le programme CoB#2 (Celebration of the Body #2) réactive et réactualise une exposition oubliée de l’histoire de l’art contemporain :

Celebration of the Body (CoB#1) fut réalisée par un pionnier de l’art conceptuel canadien, Iain Baxter, artiste essentiellement connu pour avoir fondé dès le milieu des années soixante, la première entreprise artistique, la N.E. Thing Company, co-dirigée avec sa femme pendant 12 ans.

Cette exposition s’accompagnait d’une série d’événements sportifs et artistiques, et avait pour objectif de montrer la place que tenait le corps dans la culture athlétique, ainsi que dans les arts visuels. Elle faisait partie du programme culturel des Jeux Olympiques d’été de Montréal en 1976. Artiste peu sensible à l’idéologie dominante des J. O., Iain Baxter organisa une exposition décomplexée et pleine d’humour. CoB#1 avait pour ambition de donner un aperçu visuel et sensible de la perception du corps dans les pratiques sportives, les médias, l’histoire de l’art et le Body-Art en particulier, la danse contemporaine, les images érotiques, les sciences, les arts premiers, le cinéma burlesque, les tests de forme physique, etc. Dans le prolongement du principe de non-hiérarchisation guidant depuis toujours son travail, il juxtaposa reproductions d’oeuvres classiques et modernes de toutes les époques, informations et documents très hétérogènes, et brouilla toutes les frontières, celles séparant l’objet d’art de l’objet scientifique, la culture « savante » de la culture populaire, l’original de la copie, les vidéos d’artistes des vidéos documentaires. Le programme d’événements proposait des performances, des tests physiques, des projections de films en salle, des vidéos d’artistes et une retransmission des J. O. sur un moniteur. «Art is all over», répétait-il à cette époque, une formule qu’il avait imprimée sur un badge et qui faisait bien sûr référence à Pollock tout en dépassant largement le champ de la peinture. L’art était partout, vraiment.

Au moment même où se préparent de nouveaux Jeux Olympiques à Londres, le programme CoB#2 tente de remettre en vigueur une exposition dont il ne reste presque rien, hormis quelques lignes dans un livre, une vingtaine de vues de l’exposition et un catalogue. Des deux plates-formes expérimentales de CoB#2 se déroulant à Lyon, la première – celle montée en mai 2012 au Musée des Moulages de l’Université Lyon 2 Lumière - est la plus analytique : l’histoire de l’art à l’ère… rejoue l’esprit facétieux, anti-autoritaire de Iain Baxter et son utilisation de la copie, du plagiat, d’une libre réappropriation et du commentaire des oeuvres de ses aînés. L’histoire de l’art est donc au coeur de l’exposition grâce à des propositions d’artistes, de commissaires et de chercheurs pour qui la copie, la reprise, le double, la reproduction sont le moteur du travail.

Alors que L’histoire de l’art à l’ère… ne suggére le corps qu’à travers la présence des moulages du Musée et non à travers les oeuvres rapportées, CoB#2 : remise en forme d’une exposition, présentée au CAP de Saint-Fons, recentre son propos sur le corps lui-même. Cette « remise en forme » est autant plastique que dynamique. Plastiquement parlant, cette réactivation interroge la manière de rejouer, en 2012 et à une moindre échelle, les contenus, les supports et la mise en espace d’une exposition de 1976. La forme hétéroclite de l’exposition originale est donc conservée, de même que la diversité des approches et des médiums, certains des artistes faisant d’ailleurs preuve d’une approche transdisciplinaire. Les préoccupations des artistes invités relèvent donc de la littérature, de la danse, de la vidéo, de la performance ou de la photographie. Les médias, la science et l’art de la Renaissance sont également présents.

Ayant lieu trente-six ans plus tard, cette remise en forme se doit également d’être dynamique : les enjeux pesant aujourd’hui sur les corps sont en effet bien différents de ceux que Iain Baxter a connus en 1976. Les notions de «biopouvoir» et «d’administration des corps» autour desquelles s’articule l’exposition, sont entretemps apparues, nées de la pensée de Michel Foucault et de son Histoire de la sexualité, en 1976 – l’année même de CoB#1. Les artistes questionnent de nouvelles perceptions du corps, modelées aussi bien par de nouvelles pratiques physiques et des performances toujours dépassées, que par la médecine et le regard des médias. Si Iain Baxter& revendiquait ouvertement l’influence de McLuhan, d’autres cadres théoriques peuvent aujourd’hui relayer ceux du milieu des années 70 : le cadre biopolitique et biomédical dans lequel le sport se pratique, ainsi que celui de l’histoire, de la sociologie ou de la psychologie du sport qui sont en pleine expansion.

Les expositions, les programmes de films et de performances de CoB#2 tentent de faire dialoguer sur le mode mineur le sport, le corps, l’art contemporain et la transmission des savoirs et des oeuvres en convoquant un corps qui relèverait plutôt, selon l’expression de Richard Shusterman*, d’une « soma-esthétique pragmatique et performative » constituant un champ d’étude interdisciplinaire. CoB#2, juste une tentative, un essai...

Pratique

Centre d’arts plastiques
Centre Léon Blum
Rue de la Rochette - BP 100
69195 Saint-Fons cedex
tél. 04 72 09 20 27 fax. 04 26 22 49 07
centre.arts.plastiques@saint-fons.fr
www.saint-fons.fr
www.adele-lyon.com

Du mardi au samedi de 14h à 18h
Entrée libre

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 28 Avril 2012 à 23:13 | Lu 1225 fois

Nouveau commentaire :


Dans la même rubrique :
1 2 3 4 5 » ... 396

Festivals | Expositions | Opéra | Musique classique | théâtre | Danse | Humour | Jazz | Livres | Cinéma | Vu pour vous, critiques | Musiques du monde, chanson | Tourisme & restaurants | Evénements | Téléchargements